Efeu de Thomas Hauert © Bart Grietens

Efeu, le souffle de vie de Thomas Hauert 

À l’Atelier de Paris, le Suisse Thomas Hauert et sa compagnie Zoo présentent Efeu, leur dernière création.

Efeu de Thomas Hauert © Bart Grietens

À l’Atelier de Paris, le chorégraphe suisse et sa compagnie zoo présentent leur dernière création, une performance débordante de vie où les corps, toujours en mouvement, défient les lois du monde pour mieux évoquer le temps présent. 

Trois petites notes de musique, très jazzy, très enlevées, s’envolent dans l’air ouaté du Centre chorégraphique, situé au cœur de la Cartoucherie de Vincennes, et un feu sacré s’empare du plateau. Portés par le tube italien remasterisé de Gino Paoli et Ornella VanoniSenza fine, un homme aux cheveux roses et une femme au regard sombre s’élancent sur le tapis blanc et donnent corps à chaque vibration, qu’elle soit joyeuse ou mélancolique. À travers leurs gestes, leurs mouvements, qui les unissent un temps, puis les éloignent pour mieux les rapprocher à nouveau, c’est la vie dans toutes ses dimensions qui semble naître, s’égrener et s’épanouir sur scène. 

Expérience humaine
Efeu de Thomas Hauert © Bart Grietens

Continuant à chercher dans l’écriture chorégraphique, une manière de faire état du monde qui l’entoure, de réagir à l’actualité, à la façon dont le temps présent laisse des traces au plus profond de nos corps, Thomas Hauert et ses danseurs livrent une partition ciselée qui donne à entendre les rapports qui existent entre l’être humain et la nature. Jambes tendues, muscles relâchés, interprètes fusionnant pour ne faire qu’un, le chorégraphe invite à se libérer des règles, des codes, à défier la pesanteur. Construit à la manière d’un tableau vivant dont chaque coup de pinceau est inspiré de l’excellente bande-son concoctée par Eric ThielemansEfeu – lierre en allemand – est une sorte de cri salvateur invitant à refuser l’ordre établi, à écouter son instinct, à exister tout simplement. Comme sous influence d’une musique syncopée, les quatre danseurs semblent comme interdépendants, les gestes de l’un entraînant celui des autres. 

Variations itératives

Composant ses phrases chorégraphiques autour de motifs cousins, Thomas Hauert s’amuse à créer une sorte de boucle perpétuelle, un vertige des sens, qui commence et se termine par un duo aux faux airs jumeaux. Modulant d’un soir à l’autre, solos, duos et danses de groupe, il se détache de tout systématisme pour mieux évoquer la nature changeante de nos rapports à l’autre, à la terre, aux êtres vivants. Grouillante comme la plante grimpante, qui donne son nom au spectacle, l’œuvre du chorégraphe, natif du canton de Soleure en Suisse et basé à Bruxelles depuis 1991, se compose d’impressions fugaces, d’images empruntées au bestiaire de Jérôme Bosch et de gestuelles récursives. 

Concluant son propos par l’entraînant et poignant hymne à l’écologie de Marvin GayeMercy mercy me, Thomas Hauert signe une pièce éclatante qui laisse entrevoir entre les interstices des corps et des gestes que tout espoir n’est pas vain. Une belle ode dansée à la vie ! 

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Efeu de Thomas Hauert
Création octobre 2022
Atelier de Paris / CDCN
Cartoucherie
2 Route du Champ de Manœuvre
75012 Paris

Concept & direction de Thomas Hauert
Recherche & création – Fabian Barba, Thomas Hauert, Liz Kinoshita, Sarah Ludi, Federica Porello, Samantha Van Wissen
avec Thomas Hauert, Liz Kinoshita, Sarah Ludi, Federica Porello
Musique de Eric Thielemans
Lumière de Bert Van Dijck
Son de Bart Celis
Costumes de Chevalier-Masson
Scénographie de Chevalier-Masson, Bert Van Dijck & ZOO

Crédit photos © Bart Grietens

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