La magie lyrique de Johanny Bert

À l’Opéra national du Rhin, pour sa première incursion en terre opératique, Johanny Bert monte La Flûte enchantée de Mozart.

La Flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart. Mise en scène de Johanny Bert. © Klara Beck

À l’Opéra national du Rhin, à la demande d’Alain Perroux, directeur du lieu, le metteur en scène, plasticien et marionnettiste, à la tête de la compagnie Théâtre de Romette présente sa toute première mise en scène opératique. Loin d’avoir choisi la facilité, il s’attaque à La Flûte enchantée, ultime opéra de Mozart. Absente depuis plus de dix ans du répertoire strasbourgeois, l’œuvre, la plus connue du maestro mais aussi la plus référencée tant philosophiquement que maçonniquement parlant, est plus qu’attendue. Le public nombreux, foulant les couloirs dorés de la bâtisse néo-classique, depuis la première le 8 décembre dernier, en est le plus beau témoignage.

Riche de son univers queer et fantasmagorique, Johanny Bert s’empare avec malice et un brin d’irrévérence de ce classique de l’Opéra baroque. Entremêlant au plateau fable d’un autre temps et féérie d’aujourd’hui, il entraîne le prince Tamino dans de bien folles aventures. Tiraillé entre son amour foudroyant pour la belle Pamina, qu’il n‘a vu qu’en peinture, et son sens du devoir, il affronte serpent géant, et épreuves qui n’ont pour but que de montrer à tous son courage, sa valeur, et le courroux d’une reine revancharde enfermée dans un appart miteux, fumant clope sur clope et enchaînant les whiskys. Le tout saupoudré d’arias, de tubes opératiques et de textes parlés. Loin de figer l’ensemble dans une mise en scène poussiéreuse, il préfère contourner les chausse-trappes, jouer des différents niveaux de lecture allant de l’allégorie à la métaphore, en passant par une forme de légèreté apparente, une succession de symboliques cachées. 

Porté par la complicité du chef d’Orchestre allemand, Andreas SperingJohanny bert s’en sort bien, même très bien. Truffant sa mise en scène de belles idées, comme celle de transformer le vieux roi Saratastro en marionnette gigantesque à la peau parcheminée, il rééquilibre la balance des forces entre féminin et masculin. Si les voix de la jeune troupe sont un peu timorées et manque de maturité, celle de la basse danoise Nicolai Elsberg – double humain de Saratastro – résonne, grave, en plein cœur, et celle perchée de la soprano russe Svetlana Moskalenko, quand elle entonne le fameux Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen (La vengeance de l’Enfer bouillonne dans mon cœur) tinte comme du cristal. 

Drôle autant que pétillante, cette Flûte enchantée s’adresse aux petits comme aux grands, de quoi faire rêver dans les chaumières en ces fêtes de fin d’années !  

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

La Flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart
Opéra National du Rhin
67000 Strasboug
jusqu’au 18 décembre 2022
durée 3h00 avec entracte

Reprise
du 5 au 8 janvier 2023 au Théâtre Sinne, Mulhouse

Direction musicale d’Andreas Spering
Mise en scène de Johanny Bert
Décors d’Amandine Livet
Costumes de Pétronille Salomé
Lumières de David Debrinay
Dramaturgie de Louis Geisler
Collaboration artistique – Jean-François Kessler
avec Nicolai Elsberg, Svetlana Moskalenko en alternance avec Marie-Eve Munger, Eric Ferring en alternance avec Trystan Llŷr Griffiths, Lenneke Ruiten en alternance avec Helène Carpentier, Huw Montague Rendal en laternance avev Michael Borth, Elisabeth Boudreault, Peter Kirk, Julie Goussot, Eugénie Joneau, Liying Yang, Manuel Walser, Iannis Gaussin, Oleg Volkov, sLouisa Bouzar,  Léon Hieber,  Benjamin Ogier, Nathalie Adleiba,  Lily Ledermann,  Hélisende Nuss, Valentin Arnoux,  Chine Curchod,  Faustine Lancel
et les Chœur de l’Opéra national du Rhin, Les Petits Chanteurs de Strasbourg – Maîtrise de l’Opéra national du Rhin, Orchestre symphonique de Mulhouse

Crédit photos © Klara Beck

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