Odile et l'eau d'Anne Brochet © Pierre Alain giraud

Anne Brochet comme un poisson dans l’eau chlorée

Au Théâtre Gérard Philipe – Centre dramatique national de Saint-Denis, Anne Brochet présente son premier seul-en-scène, Odile et l'eau.

Odile et l'eau d'Anne Brochet © Pierre Alain giraud

Au Théâtre Gérard Philipe – Centre dramatique national de Saint-Denis, la comédienne et autrice plonge dans le grand bassin d’une piscine municipale au soir du premier jour d’été. Se glissant dans la peau d’une femme ordinaire, solitaire, Anne Brochet esquisse le portrait un brin mélancolique, joliment poétique, d’une « célibattante », en quête de l’homme qui fera à nouveau battre son petit cœur.

Ses enfants sont partis. Nicolas, son grand amour, aussi. Sa mère, un des piliers de son existence est morte, mais son fantôme hante les relations qu’elle entretient avec son père. Pour ne pas sombrer, elle s’est instauré un certain nombre de règles, de rituels, de petits bonheurs, facile à atteindre. Comme un poisson dans l’eau, elle nage, sourit au charmant maître-nageur, lui emprunte une cacahuète, une frite, observe les gens, s’en moque gentiment, rêve d’un bassin rien que pour elle. En somme, une vie sans vagues, sans remous, suspendue à une improbable rencontre avec indien d’Amérique…

Naviguant entre des plots de plongée argentés, des échelles en inox, une immense bouée et un grand rectangle bleu qui, posé au sol évoque la piscine, ses lignes d’eau, Anne Brochet, sylphide portant maillot de bain et queue de sirène comme personne, invite à un voyage immobile, un jeu de cache-cache délicat et tendre. Plume lunaire, perchée, l’autrice ondule en eaux douces, surfe sur quelques souvenirs et invente une vie banale en apparence, mais qui, au fil des battements de pieds, des longueurs de crawl, révèle son éclatante singularité.

Lumineuse, discrètement décalée, la comédienne habite la scène, insuffle à son personnage un peu de sa douce folie et livre une interprétation toute en légèreté contenue. Portant à bout de bras, de palmes, ce petit objet théâtral sans prétention, Anne Brochet signe un premier seul-en-scène à son image, un peu hors du temps, mais tellement, réjouissant, rafraîchissant !

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Odile et l’eau d’Anne Brochet
Salle Mehmet Ulusoy
TGP
59, boulevard Jules-Guesde
93 207 Saint-Denis Cedex
Jusqu’au 27 novembre 2022
Durée 1h15

Tournée
Du 1er au 11 février 2023 au Théâtre National de Strasbourg

collaboration artistique – Elsa Imbert 
scénographie de Zoé Pautet 
lumière de Philippe Berthomé 
vidéo et son de Pierre-Alain Giraud
musique de Noé Elmaleh
costumes d’Anne Autran
régie générale de Louisa Mercier
régie son et vidéo de Clément Bardet

le décor a été réalisé dans les ateliers du Théâtre Gérard Philipe, sous la direction de François Sallé. 

Crédit photos © Pierre Alain Giraud

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