Jacques Martial dans Cahier d'un retour au pays natal © AKO - Audrey Knafo Ohnona

Les mots de Césaire éclairent notre part d’humanité

Au théâtre de l'Epée de Bois, le comédien et metteur en scène Jacques Martial fait résonner la langue d'Aimé Césaire.

Jacques Martial dans Cahier d'un retour au pays natal © AKO - Audrey Knafo Ohnona

Depuis 2003, date de sa création, Jacques Martial, promène son magnifique spectacle, Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire, à travers la France, les DOM-TOM et l’étranger. Il se pose, pour quelques représentations, dans ce bel écrin de l’Épée de bois. À ne pas manquer.

Ne sommes-nous pas tous frères et sœurs, depuis 7 000 000 d’années, dates de l’apparition des premiers ancêtres ? Nos différences ne font-elles pas la richesse du monde ? Alors pourquoi ces combats, ces inégalités, ces propos absurdes sur la suprématie d’une race, d’une couleur, d’une religion ou d’un sexe sur les autres ? Plus que jamais, les mots du grand poète Aimé Césaire ont besoin d’être (ré)écoutés ! N’oublions pas qu’il se considérait, englobant ainsi tous les parias d’une société bien-pensante, être de la race de ceux qu’on opprime.

Il reste à l’homme à conquérir toute interdiction
Jacques Martial dans Cahier d'un retour au pays natal © AKO - Audrey Knafo Ohnona

Cahier d’un retour au pays natal est une œuvre majeure écrite en 1939. La date parle d’elle-même ! Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouches. Ma voix la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir. Aimé Césaire vient de rentrer chez lui en Martinique, après des années d’études à Paris, où avec ses amis Léopold Sedar Senghor et Léon Damas, il inventa le terme négritude, afin de rendre à la femme et à l’homme noirs leur dignité d’êtres humains. Ce long poème s’inscrit dans cette réalité, dans celle de son époque et malheureusement dans celle d’aujourd’hui, nous rappelant que la carte du printemps est toujours à refaire. L’auteur parle également de la misère, et celle-ci ne semble pas vouloir disparaître de nos sociétés.

Voix pleine, voix large, tu serais notre bien, notre pointe en avant

Jacques Martial fait résonner avec force cette langue magnifique, écrite entre fureur et lyrisme. Sortant de ses sacs, tel le SDF mis au ban de la société, il se transforme au rythme du texte, passant de l’esclave à l’homme libre ayant retrouvé son identité. Jouant sur le temps, il semble passé de la jeunesse à la vieillesse. Le jeu physique est impressionnant. Nous traversons la nuit, pour arriver à une aube naissante. La métaphore est belle. À partir du travail du peintre Jérôme Boutterin et de ses détournements par Martine Féraud, s’appuyant sur les lumières de Jean-Claude Myrtil, la scénographie de Pierre Attrait est de toute beauté. L’espace vide de la scène devient ainsi une véritable œuvre d’art, une installation qui met la poésie en action. Et c’est beau.

Marie-Céline Nivière

Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire
Cartoucherie – Théâtre de l’Épée de Bois
2 route du Champ de Manœuvre
75012 Paris.
Du 29 septembre au 16 octobre 2022.
Du jeudi au samedi à 19h, dimanche 14h30.
Durée 1h15.

Mise en scène et interprétation deJacques Martial.
ScénographiedePierre Attrait.Création lumièredeJean-Claude Myrtil.
Peinture de Jérôme Boutterin.
Accessoires de Martine Feraud.
Assistanat à la mise en scène Tim Greacen.

Crédit photos © AKO – Audrey Knafo Ohnona

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