Iphigénie de Tiago Rogrigues - Mise en scène d'Anne Théron © Christophe Raynaud de Lage

L’Iphigénie spectrale d’Anne Théron 

À l'opéra du Grand Avignon, Anne Théron et Tiago Rodrigues convoquent les spectres des Atrides espérant éviter le drame originel, la malédiction familiale. 

Iphigénie de Tiago Rogrigues - Mise en scène d'Anne Théron © Christophe Raynaud de Lage

Alors que le mistral s’engouffre violemment dans les rues d’Avignon à décrocher les affiches, à balayer les derniers fantômes des années précédentes, à l’Opéra flambant neuf du Grand Avignon, Anne Théron et Tiago Rodrigues convoquent les spectres des Atrides espérant éviter le drame originel, la malédiction familiale. 

Revisitant la tragédie grecque par excellence, le dramaturge et metteur en scène lisboète questionne les témoins du sacrifice de la jeune princesse – lumineuse Carolina Amaral – , censée apaiser les dieux et faire que les vents qui permettront aux bateaux de prendre la mer soufflent. Son objectif éviter la mort de l’innocente enfant. Mais que vaut une vie face au mari bafoué, face à une monstrueuse armée qui ne rêve que de bataille, de sang, de victoire ? Clairement rien. 

La résignation d’Agamemnon (sombre Vincent Dissez), la froide imploration de Clytemnestre ( Mireille Herbstmeyer, parfaitement hératique), les doutes d’Achille (détonnant João Cravo Cardoso), le renoncement vengeur de Ménélas (remarquable Alex Descas), la colère du chœur féminin et l’ultime cri de révolte de la jeune femme, ne changeront rien. Tenter d’en détourner le cours en remontant le fil des souvenirs, n’y changera rien. Les étoiles, les oracles ne peuvent être dédits.

Dans un décor noir, gris rappelant les ténèbres, une mer noire déchainée, les Atrides font face à leur destin. S’emparant du texte poétique et enlevé de Tiago RodriguesAnne Théron donne vie aux mots, mais faute d’un souffle noir, ténébreux, n’arrive pas encore en cette après-midi de première à lui donner toute sa densité émotionnelle, sa puissance sensible. L’œuvre reste comme à plat, n’arrive à prendre son envol sombre, quel dommage ! Tous les ingrédients sont pourtant là pour que cette Iphigénie soit une grande tragédie, en tout cas on lui souhaite !

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Avignon 

Iphigénie de Tiago Rogrigues 
Festival d’Avignon 
Opéra Grand Avignon 
Place de L’horloge
84000 Avignon 
Jusqu’au 13 juillet 2022
Durée 1h25 environ

Tournée
Du 13 au 22 octobre 2022 au Théâtre National de Strasbourg
Du 18 au 22 janvier 2023 aux Célestins, Théâtre de Lyon

Texte Tiago Rodrigues
Traduction Thomas Resendes
Mise en scène d’Anne Théron
Collaboration chorégraphique – Thierry Thieû Niang
Avec Carolina Amaral, Fanny Avram, João Cravo Cardoso, Alex Descas, Vincent Dissez, Mireille Herbstmeyer, Julie Moreau, Philippe Morier-Genoud, Richard Sammut 
Scénographie et costumes de Barbara Kraft
Dramaturgie et assistanat à la mise en scène – Thomas Resendes 
Lumière de Benoît Théron
Vidéo de Nicolas Comte
À l’image Jules Dupont, Achille Genet, Baptiste Perais, Julien Toinard, Louis Valencia
Son de Sophie Berger
Traduction en anglais pour le surtitrage – Panthéa
Audiodescription – Rémi de Fournas 

Crédit photos © Christophe Raynaud de Lage

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