Le Sacrifice de Dada Masilo © Christophe Raynaud de Lage

Le joli rituel de Dada Masilo manque de sacré

Au Festival d'Avignon, la chorégraphe sud-africaine Dada Masilo revisite, avec Le Sacrifice, le Sacre du Printemps de Stravinsky.

Le Sacrifice de Dada Masilo © Christophe Raynaud de Lage

Dans la cour du Lycée Saint-Joseph, alors que le manteau étoilé de la nuit emplit le ciel, les températures caniculaires de la journée ne sont toujours pas retombées. La salle est comble. Le léger vent, qui souffle par timides vagues, n’apporte qu’une fraîcheur toute relative. Sur scène, une femme seins nus s’avance, traverse l’espace, l’habite de ses gestes rituels, de sa danse venue du plus profond d’elle-même. Bientôt rejointe par les neuf autres danseurs de la Dance Factory de Johannsbourg, la chorégraphe, installée en Afrique du Sud, s’empare du Sacre du Printemps de par le prisme de la danse et de la culture tswana du Botswana.

Ce n’est pas la première fois que Dada Masilo adapte des œuvres classiques. Sa Carmen et son Lac des cygnes étaient empreints de son énergie débordante, rugissante. Malheureusement, ce souffle créatif, dont l’on perçoit quelques rafales, ne semble pas vouloir décoller. L’écriture de la chorégraphe a quelque chose de l’ordre du vital, on aime les déliés, les partitions d’ensemble, même si elle semble facile, faite pour séduire à tout prix, à grands coups de motifs itératifs, d’arabesques que les tissus fluides des vêtements amplifient. 

Entièrement revisitée en direct par trois musiciens et l’extraordinaire chanteuse Ann Masina, la musique de Stravinsky — méconnaissable — s’efface dans une mélopée envoûtante qui conjugue jazz et grandes envolées lyriques. L’ensemble, visuellement très réussi, magnifié par la façade de pierre qui sert de fond de scène, est beau, c’est indéniable, mais laisse sur notre faim. Le charme n’opère pas. La femme sacrifiée — Dada Masilo — à l’arrogance des hommes, meurt. Le moment est suspendu, mais très vite s’évapore dans la moiteur avignonnaise. Quel dommage ! 

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé Spécial à Avignon 

Le Sacrifice de Dada Masilo d’après le spectre du printemps
Festival d’Avignon
Cour du Lycée Saint-Joseph
62 rue des Lices 
84000 Avignon
Jusqu’au 25 juillet 2022
Durée 1h

Tournée 
Du 29 septembre au 2 octobre 2022 à Hambourg – Internationales Sommerfestival Kampnagel
Le 5 novembre 2022 à Martigues – Théâtre des Salins 
Le 8 novembre 2022 à Karlsruhe – Kulturzentrum Tempel
Du 15 au 17 novembre 2022 à Annecy – Bonlieu Scène nationale
Le 19 novembre 2022 à Vélizy-Villacoublay – L’Onde – Espace culturel de Vélizy-Villacoublay l
Du 1 au 2 décembre 2022 à Cergy-Pontoise – Points communs
Du 7 au 10 décembre 2022 à Paris – La Villette 
Le 13 décembre 2022 à Suresnes – Théâtre de Suresnes Jean Vilar 
Du 15 au 16 décembre 2022 à Saint-Quentin-en-Yvelines – Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines 
Du 12 au 13 janvier 2023 à Séville – Teatro Central
Le 16 janvier 2023 à Villars-sur-Glâne – Equilibre-NuithonieDu 20 au 22 janvier 2023Anvers – deSingel 
Du 25 au 28 janvier 2023 à Caen – Théâtre de Caen

Chorégraphie de Dada Masilo
Avec Sinazo Bokolo, Lwando Dutyulwa, Thuso Lobeko, Dada Masilo, Songezo Mcilizeli, Thandiwe Mqokeli, Refiloe Mogoje, Steven Mokone, Lebo Seodigeng, Tshepo ZasekhayaEt les musiciens Tlale Makhene, Leroy Mapholo, Ann Masina, Nathi Shongwe
Musique d’Ann Masina, Tlale Makhene, Leroy Mapholo, Nathi ShongweCostumes de David Hutt

Crédit photos © Christophe Raynaud de Lage

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