Je m'appelle Asher Lev © Alexandro Guerrero
Je m'appelle Asher Lev © Alexandro Guerrero
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La superbe leçon de vie d’Asher Lev

Le Théâtre des Béliers à Avignon accueille, pour la première fois en France, l’adaptation de la pièce à succès de l’Américain Aaron Posner. Tirée du roman culte de Chaïm Potok, Je m’appelle Asher Lev est une pièce à ne pas manquer.

Magistral, le roman de Chaïm Potok aborde le thème du génie artistique, des déchirements culturels, spirituels et intimes que cela entraîne bien souvent. Il faut en faire, des sacrifices, pour laisser exprimer son talent. Asher Lev est un grand peintre. Rien, à part son don inné pour le dessin, ne le prédestinait à devenir l’un des plus grands peintres de son époque. Quand on naît dans une famille de juifs hassidiques new-yorkais, on devient rabbin, pas artiste ! Ecoutez-bien l’histoire d’Asher, qui nous en apprend tant sur nous-même et sur nos rapports à l’art.  

Unorthodoxe
Je m'appelle Asher Lev © Alejandro Guerrero

Le travail de la jeune Hannah-Jazz Mertens est fantastique. Son adaptation retranscrit avec une belle justesse toute la sensibilité du roman. Elle est arrivée à garder le ton narratif de son auteur. Le prisme est mis sur Asher et sa relation avec ses parents. Sur les tiraillements de cet enfant puis de ce jeune homme qui ne reniera jamais son éducation. Sa recherche de la beauté ne se marie pas bien avec les principes de vie des siens. On ressent de l’empathie pour cette famille qui va se retrouver crucifiée au nom de la grandeur de l’art !

Le don d’Asher Lev

Sa mise en scène est des plus réussies. Il est beau, ce décor transformable, signé Capucine Grou-Radenez, dans lequel les personnages évoluent au fil de la narration. Au centre, une immense fenêtre, représentant celles des synagogues. Elle est aussi le symbole de l’ouverture au monde. A la fin, elle se transforme en un châssis de tableau, figurant ainsi l’aboutissement de la grande œuvre d’Asher : Brooklyn crucifixion.

L’élu

C’est fou comme Martin Karmann correspond au portrait qu’en avait dépeint Potok. Le comédien se glisse avec aisance dans les tourments et questionnements d’Asher. Et quel que soit son âge, tout est sensible dans son interprétation. Il est extraordinaire ! Dans une prestation très délicate et remarquable, Guillaume Bouchède, dont on a souvent loué le talent, incarne le père. Il est également l’oncle, le grand rabbin, le peintre Jacob Kahn, offrant à chacun de ces hommes de belles nuances. Tout comme l’extraordinaire Stéphanie Caillol à ses personnages, la galeriste exubérante et au premier modèle. Son incarnation de la mère nous a émus aux larmes.

Marie-Céline Nivière

Je m’appelle Asher Lev d’après la pièce d’Aaron Posner, adaptée du roman du Chaïm Potok.
Les Béliers Parisiens
14 bis rue Sainte Isaure
75018 Paris.
Du 12 janvier au 31 mars 2024.
Durée 1h30.

Festival Off d’AvignonThéâtre des Béliers Avignon
53, rue du Portail Magnanen
84000 Avignon.
Du 7 au 29 juillet 2023 à 11h50, relâche les lundis.
Durée 1h30.

Adaptation française et mise en scène de Hannah-Jazz Mertens.
Avec : Guillaume Bouchède, Stéphanie Caillol et Martin Karmann ou Benoît Chauvin.
Assistante mise en scène Jade Molinier.
Musique originale de Manu Mertens, assisté de Victoria Flavian.
Scénographie de Capucine Grou-Radenez.
Lumières de Bastien Gérard.
Costumes de Bérengère Roland.

Crédit photos © Alejandro Guerrero

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