Elise Noiraud © Ingrid Graziani

Elise Noiraud, marathonienne du Off

C'est une rareté dans le Festival Off d'Avignon. la comédienne revient au Théâtre Transversal, qui a vu ses débuts en 2018 dans la cité des Papes, pour présenter sa trilogie autobiographique dans son intégralité, soit plus de 4h30 de spectacle avec entracte. Une épopée théâtrale digne du In.

Elise Noiraud © Ingrid Graziani

C’est une rareté dans le Festival Off d’Avignon. la comédienne revient au Théâtre Transversal, qui a vu ses débuts en 2018 dans la cité des Papes, pour présenter sa trilogie autobiographique dans son intégralité, soit plus de 4h30 de spectacle avec entracte. Une épopée théâtrale digne du In. Cette expérience, Élise Noiraud la vit avec intensité, en communiquant au public son bonheur d’être sur scène.

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?

La fête de l’école quand j’étais enfant. Un grand moment de joie.

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?

Les coups de foudre successifs pour la scène quand j’étais petite fille puis ado. Puis la peur panique de passer à côté de ma vie, de mon désir, quand je suis devenue une jeune adulte.

Qu’est ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédienne et metteur en scène ?

Je n’ai pas tout à fait choisi puisque je suis à la fois comédienne, autrice et metteuse en scène. Ce que j’aime dans mon métier, c’est précisément la possibilité de changer de place, de fonction, d’énergie : j’ai plaisir à écrire, à jouer, à mettre en scène, à porter des projets comme à me laisser porter par ceux des autres. J’aime être seule en scène comme travailler en équipe.

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?

Je citerais deux spectacles. En tant que comédienne, je dirais que mon premier spectacle professionnel qui a compté fort, c’est Italienne Scène de Jean-François Sivadier, mis en scène par Victorien Robert en 2011. Nous avions remporté un prix au concours du Théâtre 13 – Jeunes Metteurs en Scène. C’était une équipe composée à 100% de copains. On a tellement ri. C’était hyper joyeux. En tant que porteuse de projets, mon premier spectacle qui a compté c’est La Banane Américaine, mon premier seule-en-scène, créé en 2012. Ça été le début d’un parcours de 10 ans de seule-en-scène, le début d’une trilogie, d’un chemin de vie et de travail que je n’aurais jamais pu imaginer… Et je dois dire que la première de ce spectacle a été pour moi un moment extrêmement puissant : l’impression bouleversante et grisante d’être enfin à ma place.

Votre plus grand coup de cœur scénique – une pièce, une équipe, une personne, plusieurs personnes ?

Je dirais probablement Cendrillon de Joël Pommerat. C’est un spectacle qui m’a bouleversée. Il racontait quelque chose de l’enfance qui faisait intimement écho en moi, j’ai pleuré pendant et après le spectacle, ça m’a vraiment remuée très profondément. Quand le théâtre procure ce genre d’émotions, c’est une expérience d’une puissance folle, incomparable. A vrai dire, c’est pour ce genre de moments que je vais au théâtre, et que je fais du théâtre. Avec l’espoir que « cette chose-là » advienne, me surprenne et m’emporte.

Quelles sont vos plus belles rencontres ?

Il y en a beaucoup. Notre métier est métier éminemment relationnel. Au fil de mon chemin, chaque directeur, directrice de salle qui a cru dans mon travail, qui m’a soutenue, qui m’a accompagnée, a compté. Chaque spectateur et spectactrice qui est venu.e me dire que mon spectacle l’avait ému.e, était allé toucher quelque chose d’intime en lui ou en elle, a compté. Chaque collaborateur, collaboratrice, qui œuvre ou a œuvré sur mes projets, a compté et compte. Et bien sûr mon équipe de comédiens avec qui je travaille depuis des années sur mes mises en scène, compte énormément. Je suis quelqu’un de très fidèle humainement, et j’aime les aventures au long cours.

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?

Mon métier m’aide à vivre, tout simplement. Il me permet ce « pas de côté » vital pour moi, par rapport au réel de mon existence, par rapport à son quotidien dans ce qu’il peut avoir de plus simple, et même de plus trivial. Par la possibilité qu’il m’offre de tendre un miroir à ce que je vis, à ce qui me traverse en tant que personne humaine, il me permet de respirer mieux.

Qu’est-ce qui vous inspire ?

Les rapports humains.

De quel ordre est votre rapport à la scène ?

Plein d’espoir. J’ai toujours l’espoir que la scène fasse advenir quelque chose qui m’émeuve, qui me bouleverse, qui me rende plus vivante.

A quel endroit de votre chair, de votre corps situez-vous votre désir de faire votre métier ?

Dans ma respiration. Comme lorsque je pratique la course à pied. Le jeu, pour moi, c’est avant tout la respiration.

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?

Ils sont nombreux à m’inspirer ! Trop dur d’en citer seulement quelques-uns !

A quel projet fou aimeriez-vous participer ?

Un spectacle fleuve avec beaucoup de comédiens et comédiennes.

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?

Un morceau de musique de fanfare, très joyeux, un matin ensoleillé sur un marché.

Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Elise (trilogie seule-en-scène) d’Elise Noiraud
Festival Off d’Avignon
Théâtre Transversal
Jusqu’au 26 juillet 2022 à 11h40

Texte et mise en scène Élise Noiraud
Avec Élise Noiraud
Collaboration artistique Baptiste Ribrault
Création lumière et régie François Duguest, Olivier Maignan et Antoine Campredon
Son François Duguest

Crédit photos © Ingrid Graziani

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