Après Jean-Luc Godard d'Eddy D'aranjo TNS © Willy Vainqueur

En attendant Godard

Au TNS, Eddy D’arenjo invoque au plateau pour son premier spectacle Godard et la Nouvelle Vague.

Salle Gignoux, Eddy D’arenjo, ancien élève de l’école du TNS et assistant de Julien Gosselin, invoque au plateau pour son premier spectacle Godard et la Nouvelle Vague. 

S’inspirant de l’œuvre du cinéaste, de son processus créatif et de ses prises de position, le jeune metteur en scène signe un spectacle ambitieux autant qu’audacieux qui se perd dans les méandres d’une pensée métaphysique, où la chair n’est plus, où l’écran prend le pas sur le théâtre, où le rapport au réel, à la mort, oscille entre surréalisme et radicalité. 

Comparses d’école

Après Jean-Luc Godard d'Eddy D'aranjo TNS © Willy Vainqueur

Avec la complicité d’Édith Biscaro (à la technique, à la vidéo) et de Clémence Delille (à la scénographie et aux costumes), rencontrées lors de sa formation dans les murs de l’institution dirigée par Stanislas Nordey, il esquisse le portrait d’une génération en mal de vivre, en quête d’un absolu où l’art serait subliment âpre, véritable objet réflectif et philosophique. Entremêlant fiction, documentaire et mise à nu des coulisses, il convie le spectateur à une balade en des terres fragiles, expérimentales nourries à la pensée « godardienne ». 

Singulière expérience 

Divisé en deux parties autant inégales que différentes, tant sur le traitement que la durée, le spectacle Après Jean-Luc Godard évoque dans un grand tout, rapports familiaux, fin de vie, amours homosexuelles, désirs, épuration ethnique, shoah et art cinématographique. Porté par une distribution junior totalement dominée par le non-jeu intense et la présence puissante de Volodia Piotrovitch d’Orlik – qui a aussi participé à l’écriture du projet – , la performance théâtrale imaginé par Eddy D’arenjo dérange, bouscule, secoue, agace voire ennuie au long court. Usant d’effets souvent superflus, le jeune metteur en scène ne démérite pourtant pas. Son travail intelligent, riche de belles fulgurances, se noie malheureusement dans un trop plein d’idées, dans une volonté de trop bien faire. N’arrivant pas à choisir entre coller à l’œuvre de Godard ou s’en détacher, il tente une autre voie de l’ordre de l’expérience.

Un choc visuel

Après Jean-Luc Godard d'Eddy D'aranjo TNS © Willy Vainqueur

Éprouvant la résistance du public, ce premier spectacle fort troublant, qui tient toutes les promesses du prologue jusqu’à l’intangible, attrape dans une dernière demi-heure saisissante. Sur une scène désertée, nue, le visage de Volodia Piotrovitch d’Orlik projeté en noir et blanc sur écran géant et sa voix à peine susurrée, distillant lentement chaque mot, resteront longtemps gravés dans les mémoires du public… pas si mal !

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Après Jean-Luc Godard d’Eddy D’arenjo
Re-création au TNS
Salle Gignoux
1avenue de la Marseillaise
67000 Strasbourg
Jusqu’au 2 mars 2022
Durée 2h40 environ 

Texte, conception et mise en scène d’Eddy D’aranjo *
AvecMajda Abdelmalek, Nans Merieux, Volodia Piotrovitch d’Orlik, Bertrand de Roffignac, Léa Sery et Édith Biscaro, Clémence Delille
Scénographie et costumes de Clémence Delille
Collaboration technique d’Édith Biscaro
Collaboration artistique de Volodia Piotrovitch d’Orlik
Lumière d’Anne-Sophie Mage
Son de Saoussen Tatah
Vidéo de Typhaine Steiner
Régie générale, plateau et cadre – Édith Biscaro
Accompagnement tournée lumière et vidéo – Benjamin Trottier 
Accompagnement tournée son – Enzo Patruno Oster

Crédit photos © Willy Vainqueur

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