Ivanoff de Galin Stoev. texte de Fredrik Brattberg d’après Ivanov d’Anton Tchekhov. © Marie Liebig

Ivanoff, une variation défragmentée de l’œuvre tchekhovienne

Au théâtredelaCité, Galin Stoev entre dans Ivanov d’Anton Tchekhov par une porte dérobée, celle imaginée par l’auteur norvégien Fredrik Brattberg. 

Ivanoff de Galin Stoev. texte de Fredrik Brattberg d’après Ivanov d’Anton Tchekhov. © Marie Liebig

Au théâtredelaCitéGalin Stoev, directeur du lieu, nouvellement renouvelé pour un deuxième mandat, entre dans Ivanov d’Anton Tchekhov par une porte dérobée, celle imaginée par l’auteur norvégien Fredrik Brattberg. Symptomatique de la fameuse âme slave, la tragédie du dramaturge russe esquisse le portrait d’une dépression, celle d’un homme incapable d’aller au chevet de sa femme mourante, de travailler, de gérer son domaine. Laissant tout aller à vau-l’eau, notre anti-héros s’enferre dans un état d’abattement profond qui le mène imperceptiblement vers son destin forcément funeste. 

Déconstruisant le texte, le découpant, le rapiéçant par petits bouts singuliers, Fredrik Brattberg cherche par tous les moyens à percer les secrets de cet homme qui avait tout – amour, gloire et argent – mais qu’une force invisible dépouille jusqu’à l’os. Un pari osé, pas si simple à reveler. À coups de scalpel, Il explore, à travers une écriture totale et radicale, la possibilité d’un autre Ivanov (décalé Sébastien Eveno), un double apathique, enfermé dans un espace blanc, celui de l’esprit en perdition de cet «Hamlet russe ». Au bord du précipice, n’ayant d’autre choix, que le « reset », il devient une sorte de virus, de bug, qui conduit au néant et contamine tout sur son passage. 

Dans le contexte de pandémie que nous traversons, la mise en scène singulière et hightech de Galin Stoev résonne étrangement tant elle traduit le mal être de nos sociétés, ce spleen enfoui au fond de nos âmes occidentales que la covid a malencontreusement réveillé. Véritable ovni scénique, Ivanoff questionne, dérange et divise le public. Certains seront sensibles à cette revisite du mythe tchékhovien, d’autres resteront au loin, sans jamais trouver le moyen d’appréhender cet objet performatif. Une expérience troublante qui en tout cas ne laisse pas indifférent. Du théâtre donc, dans ce qu’il a de plus expérimental, de plus réflectif.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Toulouse 

Ivanoff Un projet de Galin Stoev
Écrit par Fredrik Brattberg d’après Ivanov d’Anton Tchekhov
ThéâtredelaCité
1 Rue Pierre Baudis
31000 Toulouse
Jusqu’au 27 novembre 2021
Durée 1h45

Mise en scène de Galin Stoev assisté de Virginie Ferrere
Traduction de Finn Wilhelm Mathiesen
Avec Yoann Blanc, Idir Chender, Sébastien Eveno – comédien permanent associé au projet de direction de la Comédie – CDN de Reims, Nicolas Gonzales, Julie Julien, Millaray Lobos García
Scénographie d’Alban Ho Van
Vidéo d’Arié van Egmond
Lumières d’Elsa Revol
Son et musique de Joan Cambon
Costumes de Nathalie Trouvé
Création 3D de Simon Breeveld
Réalisation du décor dans les Ateliers de construction du ThéâtredelaCité sous la direction de Michaël Labat
Réalisation des costumes dans les Ateliers du ThéâtredelaCité sous la direction de Nathalie Trouvé
Figuration Clara Berenguieret Naïs Pistre

Crédit photos © Marie Liebig

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