Screws d’Alexander Vantournhout. Panique au Dancing © OFGDA

Panique au Dancing 2021 : événement pluvieux, public heureux

À Niort, Agnès Pelletier met toute la ville en fête avec Panique au Dancing, biennale de danse contemporaine dans l’espace public.

À Niort, toute la ville est en fête. À l’initiative d’Agnès Pelletier, enfant du pays, le festival Panique au Dancing fait carton plein. Sur le parvis du Donjon, dans les rues, dans les squares et au moulin du Roc – scène nationale, le public se presse malgré la pluie pour découvrir artistes d’ailleurs, danse d’hier et d’aujourd’hui. Ce week-end, le soleil n’était au rendez-vous que dans les cœurs et les visages d’une cité revivifiée.  

Silhouette longiligne, port de danseuse, Agnès Pelletier, fondatrice de la compagnie Vollubilis, basée à Niort, est de tous les spectacles. Elle veille au grain, à un œil partout et fait en sorte que tout se passe bien pour les artistes, bien sûr, mais aussi pour les spectateurs. Très attachée à ce que la danse soit un moment de partage et d’échange, elle tisse d’année en année un maillage solide et intense avec spectateurs, collégiens, lycéens, sur tout le territoire aquitain. Fort de ce lien particulier et singulier, elle emporte dans son sillage des publics très différents, très variés. Tous sont au rendez-vous pour cette quatrième édition de Panique au Dancing, biennale de danse contemporaine dans l’espace public.

Duo à corps

 Zig Zag la Cie Alexandra N’Possée
Chorégraphie de Abdennour Belalit. Panique au dancing © Alex Giraud

Au théâtre de Verdure, lové entre les deux bras de la Sèvre, le chorégraphe Abdennour Belalit, directeur artistique de la cie Alexandra N’Possee depuis 1994, invite à un pas de deux, une histoire humaine, où deux êtres, deux hommes en l’occurrence, tentent le vivre ensemble. L’un aide l’autre, avant de le laisser voler de ses propres ailes. Mais seul, l’existence n’a pas de sens. Sur une musique électro-pop, les deux comparses se retrouvent. Mais l’amitié, le lien humain, n’est pas chose facile. Attraction, rejet, compassion et complicité, font le sel de ce récit sans parole mâtiné de hip-hop. Un moment suspendu, sans prétention, qui séduit par la sincérité du geste, sa lucidité sur les rapports sociétaux. 

Acrobaties urbaines

Screws d’Alexander Vantournhout. Panique au Dancing © OFGDA

À Port Boinot, au cœur des anciennes usines de chamoiserie et de ganterie Boinot devenu grand parc urbain dédié à la sensibilisation à l’environnement, aux pratiques sportives et culturelles, Alexander Vantournhout propose une balade, une déambulation poétique où ses interprètes poussent à l’extrême leurs limites physiques. Regards complices, visages rayonnants, les cinq danseurs ont une confiance indéfectible les uns envers les autres. Et il en faut pour exécuter les gestes, les mouvements imaginés par le chorégraphe belge. Suspendus à un portique par les pieds, figures de groupe, danses à deux où la force centrifuge emporte les corps dans une ronde folle, tout invite à la rêverie, à une réflexion sur le monde. Malgré la pluie, rien n’empêchera le show, la présence du public. 

Parade à l’italienne

ave the last dance for me d’Alessandro Sciarroni. Panique au Dancing © Alex Giraud

Au Moulin du Roc, sur le plateau de la grande salle, un losange est matérialisé sur le plateau immaculé. Deux danseurs se font face. Ils se tiennent par la main. Une musique techno pop rompt le silence. Aussitôt, les deux hommes entrent en piste, entament une sorte de valse débridée, une Polka chinata, danse traditionnelle, masculine italienne. Entre les deux, une tension, un jeu de séduction fait jour. Gestes tendres, œillades, ils tournent, virevoltent sans jamais s’éloigner des traits dessinés sur le sol. Précision du geste, confiance absolue en l’autre, en revisitant le pas de deux quasiment disparu du paysage culturel italien, Alessandro Sciarroni convie à une performance intense et hypnotique, un moment suspendu où le genre n’a plus d’importance, où tout semble possible. Bravo ! 

Flashmob géant

Panique olympique de la Cie Volubilis. Panique au Dancing © DR

Devant le parvis du Donjon, il pleut des cordes en ce milieu d’après-midi. Rien ne semble pouvoir arrêter ce déluge, pourtant, au centre de la place, plus de cinq cents personnes ont fait tomber parapluies et impers. Un gong retentit. Tous, comme un seul homme, esquissent deux trois mouvements, puis s’arrêtent. Ce manège imaginé par Agnès Pelletier de la Cie Volubilis, se répètent à l’envie. Réinterprétant les gestes de différentes disciplines d’athlétisme, les bénévoles se donnent à 100 %. Véritable irruption chorégraphique décalée, Panique olympique est un projet participatif et régional qui s’amplifie d’année en année. L’objectif ultime est de déferler à Paris lors du lancement des jeux olympiques 2024 et créer un événement collectif où amateurs et professionnels s’entremêlent joyeusement. En tout cas, ce samedi 2 octobre, Niort était détrempée mais en fête.

Concours en folie

La Gràànde finàle de la Cie Volubilis . Panique au Dancing. © Cie Volubilis

Pour finir en beauté cette biennale de danse, Agnès Pelletier invite à un marathon, un concours avec sa folle pièce, La Gràànde finàle. Sur la scène du Moulin du Roc, une dizaine de personnes reproduisent incessamment les mêmes mouvements, les mêmes gestes.  Attention la moindre erreur, le moindre faux pas est éliminatoire. Il n’en restera qu’un ou une. La guerre est déclarée. Le plateau devient un champ de bataille. Entre humour noir et critique lucide de nos sociétés contemporaines, La chorégraphe niortaise signe une pièce sans concession où les larmes ne sont jamais loin des rires. 

Sacrée Fin de partie

Panique au Dancing s’achève. Le public était largement au rendez-vous. Concerts, manifestations, spectacles ont insufflé un vent de fête au centre-ville de Niort. Moments de complicité, d’échange, de partage, Agnès Pelletier a réussi son pari, réunir autour d’événements culturels une foule en délire. Chapeau, les artistes !

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Niort 

Panique au Dancing
biennale de danse contemporaine dans l’espace public à Niort

Zig Zag de la Cie Alexandra N’Possée
Chorégraphie de Abdennour Belalit

Screws d’Alexander Vantournhout 
Les 14 et 15 mai 2022 :à la Ferme du Buisson, Noisiel (77)
Le 10 juin 2022 au MA-Scène nationale du Pays de Montbéliard

Save the last dance for me d’Alessandro Sciarroni 
Mars 2022 : Mois de la Danse, MC2, Grenoble (38)

Panique olympique de la Cie Volubilis 
Chorégraphie d’Agnès Pelletier assisté de Christian Lanes
Bande son :d’Yann Servoz
Costumes de Cathy Sardi
Transmission – Laurent Falguieras, Lisa Guerrero, Solène Cerutti, Vincent Curdy, Christian Lanes, Agnès Pelletier

Tournée 
Le 9 octobre 2021 au FAB, Bordeaux (33)
Le 20 novembre :à la Scène nationale d’Alençon (61)

La Gràànde finàle de la Cie Volubilis 
Conception, chorégraphie d’Agnès Pelletier.
Dramaturgie de Pascal Rome.
Mise en jeu de Pascal Rome, Chantal Joblon, Agnès Pelletier.
Lumière de Guénael Grignon
Son de Raphaël Guitton .
Costumes de Cathy Sardi
Décors de Bertrand Boulanger
Graphisme/réalisation d’objets – Tezzer.
Remu-méninges :-Tomas Cepitelli.
Avec Virginie Garcia, Vincent Curdy, Raphael Dupin, Agnès Pelletier, Christian Lanes, Laurent Falguiéras, Cyril Cottron, Mathieu Sinault.
à la musique –  Freddy Boisliveau, Vincent Petit, Yann Servoz

Tournée
le 2 novembre 2021 à la Scène nationale de Flers (61)
le 7 décembre 2021 au THV, St Barthélémy d’Anjou (49)
Le 9 décembre 2021 au Théâtre de l’Avant-Scène, Cognac (16)
Le 11 décembre 2021au Théâtre Le Gallia, Saintes (17)

Crédit photos © OFGDA, © Alex Giraud, © DR

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