Tristan et Isolde de Wagner. mise en scène de Simon Stone. Direction musicale de Sir Simon Rattle. Festival d'Aix. © Jean-Louis Fernandez

Tristan et Isolde, le dernier métro de Simon Stone

À Aix, Tristan et Isolde de Wagner divise par la mise en scène de Simon Stone, enchante par la direction musicale de Simon Rattle.

Tristan et Isolde de Wagner. mise en scène de Simon Stone. Direction musicale de Sir Simon Rattle. Festival d'Aix. © Jean-Louis Fernandez

À Aix-en-Provence, les festivaliers ont mis leurs plus beaux atours pour assister à la première de Tristan et Isolde de Wagner, opéra en trois actes mis en scène par Simon Stone et dirigé musicalement par Sir Simon Rattle. Autant dire que sur le papier, tout s’annonce sous de beaux auspices. Dès que le rideau se lève, que les premières notes s’envolent de la fosse, une dichotomie fait jour. D’un côté, la qualité musicale de l’œuvre, de cette production particulièrement ciselée nous emporte vers d’autres cieux, ceux des amours contrariées de la belle Isolde et du vaillant Tristan, de l’autre, le travail très contemporain de Simon Stone a de quoi dérouter, perturber les puristes, perdre les novices. 

Un soir de Noël, dans un appartement « ultrahype » d’un gratte-ciel, avec vue sur une mégapole toujours éveillée, un couple se déchire. L’homme quitte le foyer pour rejoindre sa maîtresse. Restée seule, la femme s’endort et rêve à des amours passionnelles, celles de héros romantiques de quelques contes médiévaux. Imperceptiblement, elle se glisse dans la peau d’Isolde, héritière d’Irlande, son époux lui est Tristan, cet ennemi venu de Cornouailles. Il suffit d’une potion pour que la haine, la vengeance, se transforme en coup de foudre. 

Porté par les voix sublimes, lumineuses, vibrantes de Nina Stemme (époustouflante Isolde) et de Stuart Skleton (imposant Tristan), le récit légendaire de cet amour à la vie, à la mort, est transcendé par la virtuosité de Sir Simon Rattle, par sa connaissance exigeante et profonde de l’œuvre de Wagner, ainsi que par celle très aérienne du London Symphony Orchestra. Par un effet de contraste, voulu par Simon Stone, les envolées lyriques se fracassent à l’individualisme de notre époque, à l’accélération de l’effet « zapping », à l’impossibilité dans nos sociétés occidentales de vivre encore un amour idéal, à l’instar de ce couple mythique. 

Clairement, cette production de très belle qualité, divise. À chacun de se laisser emporter ou non par ces chants enivrés d’amour, par ces notes qui volent légères dans les airs, par cette antithèse scénique minutieusement exécutée.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Aix-En-Provence

Tristan et Isolde de Richard Wagner
Festival d’Aix-en-Provence
Grand Théâtre de Provence
380 Avenue Max Juvénal
13100 Aix-en-Provence
Jusqu’au 15 juillet 2021

Direction musicale de Sir Simon Rattle assisté de Gregor Amadeus Mayrhofer
Mise en scène de Simon Stone assisté de Robin Ormond, Ewa Rucinska
Scénographie de Ralph Myers assisté de Blanca Añón García
Costumes, concept original de Mel Page assisté d’Angèle Mignot
Costumes, créations additionnelles de Ralph Myers, Blanca Añón García
Lumière de James Farncombe
Vidéo de Luke Halls
Chorégraphie d’Arco Renz
Chefs de chant de Levi Hammer, Rupert Dussmann
Avec Stuart Skelton, Nina Stemme, Jamie Barton, Josef Wagner, Franz-Josef Selig, Dominic Sedgwick, Linard Vrielink, Ivan Thirion

Crédit photos © Jean-Louis Fernandez

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