Angels in America de Tony Kushner. Cie Philippe Saire. La Manufacture. © Philippe Weissbrodt

Angels in America, pas de deux à la vie à la mort

À la Manufacture, le chorégraphe suisse Philippe Saire revisite Angels in America à la manière d'un pas de deux entre la vie et la mort.

Angels in America. Cie Philippe Saire. La manufacture. © Philippe Weissbrodt

À la Manufacture-Patinoire, Philippe Saire revisite la célébrissime œuvre de Tony KushnerAngels in America. Il fallait de l’audace et une belle finesse pour s’attaquer une nouvelle fois à cette pièce monstre emblématique des « années sida ». Le chorégraphe suisse a clairement les deux. S’éloignant du texte, qu’il a finement coupé, il invite à un rêve dansé où les mots se muent en mouvements, les longues citations en gestes, en portés, en corps mêlés. Les puristes de l’auteur américain pourraient avoir peur, mais à sa manière très délicate, très douce, il sublime l’essence du propos, le rend limpide et profondément audible. 

L’aventure était pourtant bien mal partie. Arrivé à la manufacture, un peu avant 21h30, rien n’est indiqué, personne pour accueillir les âmes en peine qui cherchent la navette qui permet de rejoindre la salle hors les murs. Aguerri aux coutumes locales, un petit groupe entraîne les spectateurs dans leur sillage. Une caravane que je prends en route à mon habitude. Heureusement, une fois arrivé sur place, et installé, Philippe Saire déploie des trésors d’ingéniosité. Avec peu, une scénographie très épurée, il nous transporte dans le New York des Années Reagan, corrompue jusqu’à la moelle par des avocats véreux, dont Roy Cohn (épatant et cynique à souhait Roland Gervet) est un des exemples les plus emblématiques, et en proie à une épidémie qui va ravager la communauté homosexuelle. 

En conjuguant théâtre et danse, le chorégraphe suisse offre une nouvelle lecture d’Angels in America, peut-être plus légère, moins cynique, mais parfaitement aiguisée. Si l’amour est au cœur de son spectacle, il n’en oublie pas pour autant l’aspect politique et sociétal. Il l’inscrit dans l’air du temps. À découvrir au plus vite et ce malgré l’heure tardive. Vous ne serez pas déçus, vous serez charmés ! 

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Angels in America de Tony Kushner
Festival d’Avignon le OFF
La Manufacture Patinoire
2bis, rue des écoles
84000 Avignon
jusqu’au 25 juillet 2021 à 21h30
Durée 3h10 transport compris

Mise en scène et chorégraphie de Philippe Saire assisté de Chady Abu-Nijmeh
avec Adrien Barazzone, Valeria Bertolotto, Pierre-Antoine Dubey, Joelle Fontannaz, Roland Gervet, Jonathan Axel Gomis, Baptiste Morisod
Dramaturgie de Carine Corajoud
Création Lumières d’Eric Soyer
Scénographie de Claire Peverelli
Création sonore de Jérémy Conne
Costumes d’Isa Boucharlat
Maquillage de Nathalie Monod
Direction technique – Vincent Scalbert

Crédit photos © Philippe Weissbrodt

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