Hans Hartung, peintre du mouvement

Au MAM, Hans Hartung affiche sa singularité.

Pour sa réouverture après quatorze mois de travaux, le Musée d’Art moderne de Paris consacre une riche exposition au pionner de l’abstraction, Hans Hartung. Une plongée fascinante et captivante dans « la fabrique du geste ». 

Né à Liepzig en 1904 dans une famille de médecins, musiciens amateurs, Hans Hartung est un artiste minutieux, méticuleux. Il étudie Rembrandt, Goya, les expressionnistes allemands, s’empare de leurs œuvres, les revisite. Seules les grandes masses comptent, elles deviennent sous son pinceau taches de couleur. Répétant les mêmes gestes comme pour conjurer une peur, il s’inspire des orages, de la foudre, qui le terrorise à six ans, pour recouvrir de traits des pages, des cahiers entiers. Plus il dessine vite les zigzags qui zèbrent le ciel, plus il sera à l’abri du danger. Ainsi, comme il le confesse lui-même, « Les éclairs lui ont donné le sens de la vitesse du trait, l’envie de saisir, par le crayon ou le pinceau, l’instantané, ils m’ont fait connaître l’urgence de la spontanéité. »

Au fur et à mesure de ses rencontres, de ses voyages, notamment avec sa femme Anna-Eva Bergman, dont on peut voir actuellement certaines de ses œuvres au Musée des Beaux-arts de Caen dans le cadre du festival Les Boréales, il grandit, explore les styles, affirme ses gestes. Il croque sans cesse tout ce qu’il voit, portraitise ses camarades, ses amis. S’éloignant du figuratif, Ttravaillant à l’instinct, traits, taches et rythmes envahissent les feuilles blanches. Aucune silhouette, aucun visage, juste des sensations, des impressions permettent à chacun de se reconnaître. Passionné de photographie, il immortalise les instants, capte l’éphémère, lui donne une réalité.

Toujours en quête de nouvelles formes, passant de l’aquarelle, à la gouache, au dessin, de petites toiles à des formats plus grands, Hans Hartung travaille son geste, le mouvement, se nourrit de cubisme tout autant que de l’actualité. La seconde guerre mondiale met un frein à sa frénésie de création. Antinazi, il intègre la légion étrangère, perd une jambe à Belfort en 1944. Médaillé pour sa conduite au combat, il reprend le chemin de son atelier, repense sa méthode de travail, ses outils pour s’adapter à son handicap.

Pistolets de carrossier, aspirateur dont il inverse la fonction, brosse à étriller les chevaux ou râteaux, il bricole, cherche de nouveaux moyens de s’exprimer. Il griffe, fouette à coup de branches de genet, éclabousse au pulvérisateur de vigne avec une furieuse maîtrise les différents supports où il fixe son travail. Grande figure de l’abstraction lyrique, dont il fut l’un des pionniers, « père du tachisme », Hans Hartung s’essaie aussi au dripping. Ses dernières œuvres monumentales hypnotisent, fascinent. Elles respirent cette liberté de mouvement, qui est depuis ses débuts au cœur de sa création. 

A travers plus de 300 peintures, dessins et photographies, Odile Burluraux, commissaire de l’exposition, Hans Hartung, la fabrique du geste, esquisse l’histoire d’un homme, d’un artiste exceptionnel. En partenariat avec la Fondation Hartung-Bergman d’Antibes – située dans la dernière demeure du couple -, et plus de 50 ans après sa dernière rétrospective parisienne Le Musée d’art Moderne de Paris , rend magnifiquement hommage à l’un des plus prolixes peintres du XXe siècle. A découvrir sans tarder.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


Hans Hartung, la fabrique du geste
Musée d’Art moderne de Paris
11 Avenue du Président Wilson
75116 Paris
Jusqu’au 1er mars 2020
Ouvert du mardi au dimanche De 10h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 22h 

Crédit Photos © OFGDA

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