Couv_Quand_la guerre_©Philippe_Escalier_@loeildoliv

Quand la guerre sera finie, une tragédie musicale sous l’occupation

Au nouveau Ring, Quand la guerre sera finie nous entraîne au pays des passions éternelles.

Des voix vibrantes s’élèvent du plus profond de la nuit. À l’unisson, elles content une jolie bluette au cœur d’un réseau de résistants, une histoire d’amour tragique pendant la Seconde Guerre mondiale. En mettant en scéne le drame funeste de Marie-Céline Lachaud et Nicholas Skilbeck, Christophe Luthringer fait revivre avec émotion et délicatesse une époque sombre, révolue. Un moment poignant, hors du temps.

Tout est gris des murs aux costumes. Tout est sombre. Seule une lampe accrochée au cintres se balance et éclaire l’espace. Au loin, des bruits de sirènes, de bombes. On est dans une cave dans un Paris occupé, assiégé. Des hommes et des femmes, terrés dans cet espace confiné, chacun leur tour, raconte leur terrible et dramatique histoire. Cette mise en bouche, ce prologue terminé, on quitte les entrailles en feu de la capitale.
Au-dehors, la guerre fait rage. Pourtant, à quelques centaines de kilomètres, une belle enfant (charmante Marie Oppert à la voix d’or), blonde, insouciante, rêve d’ailleurs. Romantique, naïve, la jolie Lucile vit à Saint-Dizier, et s’imagine tout quitter, ses amis, son frère Fanfan (épatant Arnaud Denissel) pour monter à la capitale et rencontrer l’amour. Un nouveau poste aux transmissions de la Komandantur du coin se présente et sa vie morne, terne se réveille. Elle devient utile et entre en résistance.

Quand_la_guerre_Avignon_©Philppe_Escalier_@loeildoliv

L’aventure, la peur, l’adrénaline font vibrer son petit cœur. La montée à Paris, la rencontre avec Etienne (vibrant Matthieu Brugot), un jeune et fougueux parisien, vivant dans un cabaret, feront le reste et déchaîneront les passions. Entre Ces deux êtres, c’est le coup de foudre immédiat. En filigrane de cet amour intense, nous plongeons au cœur d’un réseau de résistants, nous découvrons la vie au temps de l’occupation. Malheureusement, rien de pourra enrayer le funeste destin de ces amants maudits. Témoins, à nos corps défendant du drame qui se joue devant nos yeux, on se laisse saisir par cette romance de deux cœurs purs perdus dans une tourmente qui les dépasse.

Loin d’une plongée larmoyante dans le pathos et le tragique que le texte noir de Marie-Céline Lachaud et Nicholas Skilbeck
 pourrait suggérer, Christophe Luthringer nous invite dans un voyage doux, délicat, poignant au cœur des émotions. Par touches délicates, ils nous entraînent au plus près des sentiments. Crescendo, il nous guide vers le drame qui nous saisit en plein cœur.

Quand_la_guerre_Avignon_2_©Philppe_Escalier_@loeildoliv

S’appuyant sur la scénographie minimaliste de Charlotte Villermet, il donne la part belle aux comédiens-chanteurs et à leurs voix envoûtantes. La gracile Marie Oppert à la voix angélique se glisse à merveille dans la peau de la jeune ingénue. Arnaud Denissel, haute stature, est parfait en frère sur-protecteur, un peu bêta, peu enclin à se mêler de politique. Cloé Horry, brune piquante, campe avec justesse la femme forte, la passionaria ensorcelante, qui riche de convictions, de principes, finit par perdre pied, confrontée à la torture. Matthieu Burgot, sensible, habité, interprète avec finesse et puissance, l’amoureux transi, l’homme enfant découvrant l’horreur de la guerre, la violence des combats, le goût amer du sang. Sophie Delmas, flamboyante, est une meneuse de revue aguichante, affriolante, une mère bouleversante. Le reste de la troupe, Julien Mior, Olivier Ruidavet, Edouard Thiébaut et au piano Karim Medjebeur, est de la même trempe.

Sans hésiter laissez vous tenter par cette comédie musicale, cette tragédie humaine qui rappelle à nos mémoires endormis ces temps sombres depuis longtemps révolus où des hommes, des femmes se battaient pour la liberté, pour plus d’humanité. Un joli moment de théâtre aux mélodies vibrantes, aux chants bouleversants !

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


AfficheQLGavignon2017_@loeildoliv

Quand la guerre sera finie de Marie-Céline Lachaud et Nicholas Skilbeck
Festival d’Avignon le OFF
Le Nouveau Ring
Impasse Trial
84000 Avignon
jusqu’au 30 juillet 2017
durée 1h30

Mise en scène de Christophe Luthringer
Scénographe-costumière de Charlotte Villermet
Avec Marie Oppert, Arnaud Denissel, Cloé Horry, Julien Mior, Sophie Delmas, Olivier Ruidavet, Edouard Thiébaut, Matthieu Brugot, Karim Medjebeur

Crédit photos © Philippe Escalier

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