Conçue par Daniela Ferretti et organisée par Fabio Benzi et Gioia Mori, l’exposition « La Divina Marchesa : Arte e vita di Luisa Casati dalla Belle Époque agli Anni folli » est l’occasion de découvrir ou redécouvrir pour certains celle qui fut la propriétaire du fameux Palazzo Venier dei Leoni et marqua ses passages dans la cité des Doges de ses excentricités bien avant Peggy Guggenheim.
Oubliée par beaucoup, connue de quelques érudits passionnés d’art et découverte pour d’autres sous la plume de Camille de Perretti, Luisa Amann, dite la Casati, est née sous les ors de la bourgeoisie milanaise. A peine âgée de 15 ans, suite à la mort consécutive de ses deux parents, elle devient, avec sa sœur, l’un des plus riches partis de l’Italie de la fin du 19e siècle. Très convoitée, elle épouse en 1900 le marquis Camillo Casati Stampa di Soncino. Mal assorti, le couple finit par se séparer quelques années après la naissance de leur fille unique. Excentrique, hors des réalités, la tête emplie de rêves démesurés, La Divina Marchesa va apposer une marque originale et particulière au début du 20e siècle.
Ses extravagances, son goût pour le théâtre, les sciences occultes, les provocations et l’art feront d’elle l’une des grandes et emblématiques figures du Gotha européen de son époque. Hôte de marque, se promenant avec des guépards en laisse ou des bracelet de serpents vivants et côtoyant lors de ses bals masqués fastueux le gratin mondain et la crème des artistes d’avant-garde, la Casati, dont l’étrange beauté fascinait ses contemporains, devint au fil des ans une légende vivante avant de disparaître dans la pauvreté et un quasi anonymat, rattrapée par les dettes qu’elles avaient contractée pour réaliser ses fantasmes les plus fous.
Elle s’est forgée sa propre notoriété en étant la mécène et la muse de nombreux artistes. Vases, tableaux, dessins, sculptures et photographies la représentant sont légions. C’est une partie de ces œuvres, plus d’une centaine, provenant de collections privées ou de musées internationaux, que le Palazzo Fortuny a réuni en son sein en l’honneur de la Divina Marchesa. Dans le décor étonnant de ce palais vénitien – immenses pièces un peu délabrées au sombre éclairage ou tendues des tissus qui ont fait la légende de son ancien propriétaire, l’espagnol Mariano Fortuny y Madrazo -, les bijoux ayant appartenu à la Casati, ses guépards qu’elle a fait empailler, les œuvres d’art la représentant sont disposés comme dans un cabinet des curiosités du 18e siècle.
Ainsi, la tête en céramique polychrome de Renato Bertelli, côtoie le nu peint par Romaine Brooks, amante un temps de la marquise, ou le célèbre portrait de Giovanni Boldini, les photographies d’Adolf de Meyer jouxtent l’hallucinante image d’une sorcière des temps modernes à quatre yeux réalisée par Man Ray ainsi que les portraits volées peu de temps avant sa mort par Cecil Beaton. A cet ensemble hétéroclite s’ajoute des œuvres plus contemporaines inspirées de la Divine Marquise, comme des robes griffées Dior imaginées par John Galiano, des photographies de Paolo Roversi où Tilda Swinton incarne une Luisa Casati plus vraie que nature, et des montages sur gel coloré de T. J. Wilcox. L’effet est bluffant… étonnant voire magique.
Si les vents vous poussent vers la Cité des Doges et que vous y posez un temps vos valises, au détour d’un dédale de rues à deux pas du Rialto, poussez les portes de ce majestueux palais et laissez vous éblouir et séduire par la folie douce de ce personnage hors du commun…
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Venise
Palazzo Fortuny
jusqu’au 8 mars 2015
Ouvert tous les jours sauf la mardi de 10h à 18h.
Arrêt de Vaporetto : Sant’ Angelo, ACTV ligne 1
Galerie de photos sur l’exposition La Divina Marchesa : Arte e vita di Luisa Casati dalla Belle Époque agli Anni folli
Tu donnes très envie d’y aller ! Merci de l’info
Merci beaucoup 😉