Yveline Rapeau, la tête chercheuse de SPRING

Le festival SPRING vient d'Ouvrir ses portes. Sa directrice Yveline Rapeau fait un tour d'horizon de cette édition 2020.

Directrice de la Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie, de La Brèche à Cherbourg et du Cirque-Théâtre d’Elbeuf, Yveline Rapeau coordonne aussi le festival des nouvelles formes de cirque qui fait les beaux jours de la Normandie. Femme de tête, curieuse, elle revient sur une programmation placée sous le signe d’ancien monde et nouveaux mondes.

En quelques mots, pourriez-vous expliquer ce qu’est SPRING ? 

Yveline Rapeau : C’est un festival dédié aux nouvelles écritures de cirque, c’est-à-dire du cirque contemporain dans toute sa diversité. Il y a tellement de spectacles de ce type aujourd’hui qu’il faut aider le public à se repérer. SPRING propose une programmation autour de thématiques. Par exemple des portraits d’artistes, un cycle Cirque des 5 Continents – l’Australie sera la première invitée – , sans compter les créations. Autre caractéristique importante, il est l’unique festival de cirque à l’échelle d’une région.

Comment faites-vous la programmation ? 

Yveline Rapeau : Avant toute chose, j’observe attentivement les projets de spectacles. Pour cela, je me déplace partout où les artistes travaillent et nous avons la chance en Normandie d’avoir La Brèche, Pôle National Cirque de Cherbourg-en-Cotentin qui est précisément un lieu de fabrique dans lequel nous accueillons toute l’année des artistes en résidence. J’accorde une importance toute particulière aux jeunes talents et SPRING se propose d’être une vitrine de la jeune création circassienne. C’est le cas par exemple de L’Âne & la carotte de Lucho Smit, de Cadavre Exquis d’Élodie Guézou.

Cette année, quelle est la thématique ? 

Yveline Rapeau : C’est Ancien Monde / Nouveaux Mondes. De nombreux spectacles illustrent les bouleversements qui secouent la planète aujourd’hui et par voie de conséquence les arts du cirque, ancrés dans leur époque. Que ce soit au niveau des propos ou des esthétiques, la notion de grand changement irrigue le champ de la création artistique. Je pense notamment à L’Âne & la carotte de Lucho Smit de Galapiat Cirque– une création SPRING – qui reprend les codes du cirque traditionnel pour parler de l’évolution du cirque contemporain, à Les Haut plateaux de Mathurin Bolze qui questionnent les ruines que nous laisserons aux générations futures, à SELVE du GdRA qui oppose les « terriens » aux « modernes » dans le contexte du pillage des terres guyanaises ou  à Static de Monki Business qui, désolé par les rapports humains de son époque, jette un œil sur ses souvenirs d’adolescence.

Quels spectacles conseillerez-vous ? 

Yveline Rapeau : Ils méritent d’être vus, autant les uns que les autres ! Néanmoins, je tenais tout particulièrement cette année à présenter les premiers pas de deux jeunes talentueux artistes que sont Inbal Ben Haim et Julian Vogel. Évidemment, il ne faut pas manquer les nouvelles créations de compagnies confirmées telles que Möbius cosignée par la compagnie XY et le chorégraphe Rachid Ouramdane, Les Hauts plateaux de Mathurin Bolze ou Deal de Jean-Baptiste André et Dimitri Jourde, par exemple.

La création est-elle un axe important de votre programmation ? 

Yveline Rapeau : Chaque année, nous en présentons un certain nombre. Cela fait partie de notre identité, de ce que je souhaite mettre en avant. Cette année, il y en a douze, dont des premières françaises et des spectacles créés récemment. Tel que Cadavre Exquis, qui fait l’ouverture du festival, est qui est aussi le tout premier spectacle d’Elodie Guézou. En prêtant ses talents d’interprète à douze artistes de renom qui la mettent en scène, elle offre autant de subjectivité sur sa personnalité, sa discipline. Citons aussi le très attendu FIQ ! du Groupe Acrobatique de Tanger mis en scène par Maroussia Diaz Verbèke qui jouera au WIP à Colombelles et à la Scène nationale d’Alençon-Flers-Mortagne au Perche.

Le festival se déroule sur plusieurs communes, est ce important de pouvoir diffuser la culture dans un bassin étendu de population ? 

Yveline Rapeau : SPRING a cette particularité de se dérouler dans un espace-temps dilaté. Il a lieu pendant un mois et dans toute la Normandie. Il est important de rayonner dans des bassins importants de population comme sur la Métropole Rouen Normandie ou sur l’agglomération caennaise ou celle de Cherbourg-en-Cotentin, pour toucher une plus grande variété de publics. Mais SPRING irrigue également des zones plus rurales où la culture se fait plus discrète et où donc il est important que nous soyons présents ! C’est le cas dans des petites villes du centre Manche où nous programmons cette année Static de Monki Business en partenariat avec le Département de La Manche. Ou encore en plein cœur de l’Orne où nous proposons avec le Château de Carrouges / Centre des monuments nationaux un parcours de trois spectacles : Screws d’Alexander VantournhoutWork de Claudio Stellato et À brûle-pourpoint de Jean-Baptiste André.

Est-ce important pour vous d’être pluridisciplinaire ? 

Yveline Rapeau : Il est amusant de constater qu’aujourd’hui, c’est le cirque qui est pluridisciplinaire ! Et SPRING s’intéresse justement à tous les croisements du cirque avec les autres disciplines comme les arts plastiques, la danse ou la vidéo, par exemple. A ce titre, il y a dans chaque édition du festival des spectacles particulièrement innovants : Le Bruit des Loups d’Étienne Saglio ou encore Aqua Alta d’Adrien Mondot et Claire Bardainne. Ce qui me tient le plus à cœur est de mettre l’accent sur la diversité des formes et des esthétiques, la création circassienne des quatre coins du monde.

Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


Festival SPRING
Jusqu’au 5 avril 2020

Crédit portraits © Thomas Guibert et Stéphane Maurice

Crédit photos des Hauts Plateaux © Brice Robert et de Yokaï Kemame, l’esprit des haricots poilus © Bozzo

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