La jungle revue et passablement corrigée par Bob Wilson

Au 13e art, Bob Wilson réinvente le Livre de la jungle.

Au 13e art, nouvelle salle investie par le Théâtre de la Ville, toujours hors les murs, Robert Wilson et les deux sœurs américaines Cocorosie s’emparent du Livre de la jungle de Rudyard Kipling et signent une comédie musicale haute en couleur, mais en manque cruel de récit épique. 

Au départ, il y a un recueil de nouvelles qui par bribes conte l’histoire du jeune Mowgli, un jeune humain livré aux lois de la jungle. Immortalisé par le dessin animé de Walt Disney, Le Livre de la Jungle a encore beaucoup de secrets. S’inspirant des chansons qui clôturent chaque texte, Robert Wilson s’éloigne du récit pour inviter les spectateurs, surtout les plus jeunes, à un rêve éveillé, celui du petit homme inventé par Rudyard Kipling, mais aussi à celui de l’enfant qu’il était. 

Abandonné, livré à lui-même, Mowgli (extraordinaire Yuming Hey) doit se battre contre l’hostilité d’un monde peuplé de bêtes dont certaines sont féroces. Heureusement, il est secondé, tout au long de son périple dans la jungle par de bienveillantes créatures. Ici, pas d’arbres, pas de lianes, mais un univers totalement stylisé, bariolé tout droit sorti de l’imagination débordante d’un Bow Wilson particulièrement psychédélique. 

Dire que ce spectacle est attendu, est un euphémisme. Depuis des mois maintenant, les murs du métro sont couverts d’affiches autant attirantes qu’intrigantes tant les visuels ne rappellent en rien une ambiance sauvage. Les beaux costumes des comédiens, leurs maquillages évoquent bien des animaux, mais très stylisés. L’interprétation du metteur en scène invite plus à une fête déguisée qu’à une relecture du livre de Kypling. Après tout, pourquoi pas, l’effet esthétisant psychédélique étant particulièrement réussi. 

Emporté par les musiques omniprésentes et jouées en direct du duo Cocorosie, tout ce bestiaire enchanté se déhanche, s’amuse oubliant parfois l’histoire, se perdant dans des digressions flashy. Et, c’est bien là où le bât blesse. Faute d’une épopée clairement identifiable, The Jungle Book version wilsonienne ne va pas au bout de ses promesses et se réduit au fil du temps à une succession de tableaux, certes très beaux, très sophistiqués, mais qui sonnent creux. 

C’est bien dommage, la magie est bien là, mais elle n’opère que par intermittence. Conçu pour plaire aux tous petits, comme aux grands, le spectacle musical de Bob Wilson a tout d’une ébauche jamais terminée. Le moment est plaisant, acidulé. Il doit énormément aux comédiens, tous remarquables, pétillants de vie. Ils font le show. C’est déjà ça ! 

Cédric Cilia & Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


The Jungle Book d’après Rudyard Kipling
Festival d’automne à Paris
Théâtre de la Ville
Théâtre Le 13e art
Centre commercial Italie 2
Place d’Italie
75013 Paris
Jusqu’au 8 novembre 2019 
Durée 1h15

Spectacle créé aux théâtres de la ville de Luxembourg


Mise en scène, décor & lumières de Robert Wilson avec la collaboration de Charles Chemin
Musique & paroles de Cocorosie
Costumes de Jacques Reynaud 
Collaboration à la scénographie d’Annick Lavallée- Benny
Collaboration aux lumières deMarcello Lumaca
Collaboration à la création des costumes de Pascale Paume 
Design sonore de Nick Sagar 
Design maquillage de Manu Halligan 
Direction musicale de Douglas Wieselman 
Avzc Aurore Déon, Naïs El Fassi, Yuming Hey, Roberto Jean, Jo Moss, Olga Mouak, Nancy Nkusi, François Pain-Douzenel, Gaël Sall & les musiciens Takuya Nakamura, Asya Sorshneva, Tez & Douglas Wieselman

Crédit Photos © Lucie Jansch

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