Paris l'été. Judith Henry - Julie Gayet. Annick Cojean. Féminisme © Gestuel.

Une soirée caniculaire à Paris l’été

Paris l'été bat son plein. Au programme installation poétique et lectures qui racontent le monde d'hier, d'aujourd'hui et de demain.

Au Lycée Jacques-Decour, Le festival Paris l’été bat son plein. Malgré la touffeur dans les rues de la capitale, le public est au rendez-vous pour suivre une programmation écourtée et adaptée à la crise sanitaire. Parmi la quinzaine de propositions allant de la danse au théâtre, en passant par des installations, deux lectures ont marqué la journée de vendredi, l’une féministe, l’autre hommage au Paris des cinéaste. Visite guidée. 

En cette dernière journée de juillet, l’air parisien est lourd, presque irrespirable. Le ciel se fait menaçant, les nuages gris s’amoncèlent sur les toits du Lycée Jacques-Decour. La météo est formelle, le pire a été évité. Il n’y aura pas de pluie ce soir. Laurence de Magalhaes esquisse un sourire derrière son masque. Elle est soulagée. Au programme aujourd’hui, deux lectures très différentes, qui chacune à sa manière raconte le monde d’hier, d’aujourd’hui mais aussi celui de demain :  Je ne serais pas arrivé là si… par le duo de choc Julie GayetJudith Henry et Nos rues de Thomas Quillardet

A Femme toute 
Paris L'été. Je ne serais pas arrivé là si…  d' Annick Cojean. Judith Henry et Julie Gayet. © Gestuel.

Dans l’une des nombreuses cours de l’immense lycée parisien, Des chaises longues rouges, estampillées Paris l’été, ont été installée face à une estrade. Une table, deux chaises servent d’unique décor. Dès que les premières notes de Du bout des lèvres de Barbara résonnent, les conversations cessent. D’une porte dérobée, l’initiatrice du projet, Judith Henry vêtue d’une robe jaune, et la comédienne, Julie Gayet en blanc, font leur entrée. Elles prennent tranquillement place et prêtent, tour à tour, leur voix à Annick Cojean et ses interviewées. Questionnant la place des femmes dans notre société, la journaliste du Monde esquisse sous forme de conversations intimes des portraits humains et bouleversants de femmes inspirantes, qui à leur façon ont su s’imposer dans un monde d’homme. 

Hommage vibrant à Gisèle Halimi

Qu’est ce qui a fait qu’une enfant belge élevée au Japon se mue en auteure à succès, qu’une adolescente isolée se transforme en réalisatrice et écrivaine engagée, qu’une jeune fille née à Tunis devienne l’une des avocates féministes, défenseuses acharnées de la cause des femmes ? Un hasard de la vie, un événement traumatique, un viol. Toutes ont découvert la révolte, la rage, l’envie d’être autre, de se battre pour un combat juste, l’égalité entre les sexes. Se saisissant des mots très personnels de femmes, toutes uniques dans leur genre, les deux comédiennes portent haut leur parole. En commençant leur lecture par le Je ne serais pas arrivée là si… consacrée à Gisèle HalimiJudith Henry et Julie Gayet rendent à celle, tout juste disparue, la plus touchante des oraisons. 

Paris ma belle 
Paris l'été. Nos Rues de Thomas Quillardet. © Gestuel.

Dans une autre cour, Thomas Quillardet invite avec Nos Rues, à une étonnante balade à travers la capitale. Empruntant leurs mots à KlapischVardaDelpy ou Truffault, le metteur en scène propose une sorte de cadavre exquis géographique et cinématographique amusant. Avec malice, il entremêle les histoires de Cléo, de Marion et de la jeune Chloé et nous entraîne dans une sorte de puzzle mental particulièrement divertissant. Chacun cherchant de quel film sont issues telles ou telles répliques. Portée par huit artistes aux multiples talents, cette lecture musicale qui célèbre joliment le Paname du 7e art touche juste. 

Une virée nocturne en terre poétique

Pour finir la soirée, après un passage au bar, Paris l’été convie grâce à deux installations immersives à deux voyages au-delà du temps et de la réalité. S’inspirant de l’un des plus grands tubes de Prince, le plasticien français Pierre Ardouvin propose, avec Purple Rain, une virée sous une pluie violette rafraichissante. Quant à l’artiste belge Dan Archer, il recrée dans le ciel de Paris une aurore boréale plus vraie que nature. Une belle invitation à la contemplation, à la méditation et aux bons songes d’une nuit d’été.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Festival Paris l’été
Lycée Jacques-Decour en extérieur
12, avenue Trudaine
75009 Paris
Gratuit sur réservation

Crédit photos © Gestuel et © OFGDA

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