Sa mémoire a gravé à tout jamais dans tout son être cet après-midi où le bonheur a fui la maison pour laisser entrer le chagrin. Il n’a pourtant que 2 ans ! Mais le cri déchirant de sa mère a été trop fort pour que le bébé de la famille efface cet instant et que par son départ brusque, ce Petit Grand Frère garde, tel un fantôme, à tout jamais, sa place au sein de la famille.
La perte d’un enfant et d’un frère ou d’une sœur est une douleur sans nom. Seul le verbe arracher peut définir la sensation ressentie. Car on ne vous enlève pas quelqu’un, ni ne vous l’ôte, on vous l’arrache et cela fait extrêmement mal à ceux qui restent. Le petit Miguel-Ange a dû se construire avec cette absence qui a enlevé la joie de vivre à ses parents. Il a tenté de combler ce qui ne peut l’être en devenant un « bon petit garçon » bien sage. Devenu adulte, craquant de toute part, il va revenir sur ce triste jour, poser les questions et trouver les réponses nécessaires pour enfin vivre sa vie. Comme il est artiste, il a trouvé son chemin de mots pour en faire un magnifique spectacle de résilience.
Dès les premières minutes, Miguel-Ange Sarmiento nous attrape par la main pour nous entraîner dans son histoire personnelle. Le comédien, habitué à des registres hauts en couleur, dévoile ici une belle sensibilité. Dans un jeu tout en nuances, évitant le pathos, il nous plonge dans un océan d’émotions. La mise en scène de Rémi Cotta de toute beauté fait corps avec ce récit poignant qui met autant les larmes aux yeux que le cœur en joie.
Marie-Céline Nivière
Mon Petit Grand Frère, de et par Miguel-Ange Sarmiento
Théâtre de la Contrescarpe
5 rue Blainville
75005 Paris
Du 7 au 28 avril 2024
Durée 1h
Mise en scène de Rémi Cotta
