L'heure des assassins - Lefebvre © Stéphane Audran

Soyez à L’heure des assassins de Julien Lefebvre

Au Lucernaire, le nouvel opus policier de Julien Lefebvre, "L'heure des assassins" fait frémir une salle comble.

L'heure des assassins - Lefebvre © Stéphane Audran

L’heure des assassins de Julien Lefebvre est le troisième volet de ce qui tend à devenir une série policière théâtrale. C’est avec un réel plaisir que l’on retrouve, toujours au Lucernaire, les personnages d’Arthur Conan Doyle, de Bram Stoker et de George Bernard Shaw menant une enquête au cœur d’un théâtre londonien.

© Stéphane Audran

Comme pour les séries, Le cercle de Wintechapel et Les voyageurs du crime possèdent leurs fans. Voici le troisième épisode tant attendu. Il est toujours signé par Julien Lefevre. Dans la longue file d’attente, avant d’accéder à la salle, on entend un « J’ai vu les deux ! », lancé fièrement. D’autres semblent presque s’excuser : « Moi je n’ai vu que le premier ! » « Et moi, que le deuxième ! » Et puis, il y a ceux qui viennent pour la première fois, entraînés par un mordu, un quidam ou un bouche-à-oreille. Ce qui est certain, c’est que dès la première représentation, les spectateurs se sont précipités au Lucernaire. La salle est pleine à craquer et l’on est prié de bien se serrer !

D’un épisode à l’autre
L'heure des assassins - Lefebvre © Stéphane Audran
© Stéphane Audran

Un petit résumé des précédents épisodes s’impose. Julien Lefebvre a imaginé une relation amicale, souvent distendue, entre le père de Sherlock Holmes, Arthur Conan Doyle, celui de Dracula, Bram Stoker et celui d’Eliza Doolittle, George Bernard Shaw. Dans le premier volet, ils menaient, en plein cœur de Londres, une enquête sur Jack L’éventreur. Dans le second, aidés d’une certaine Agatha, ils dénouaient une énigme au cours d’un voyage dans l’Express d’Orient. L’auteur est habile pour ficeler des intrigues qui tiennent en haleine… Et rien de tel que cette atmosphère so british pour donner un cachet suranné divin qui fait vite songer au Cluedo.

Minuit l’heure du…

Alors qu’arrive-t-il à nos trois héros ? Cette fois-ci, ils sont invités un 31 décembre dans un tout nouveau théâtre. On va y jouer Peter Pan. En première partie était donné un récital par la sœur du propriétaire de ce lieu tout beau et tout neuf. Ce dernier, Philip Somerset est un homme d’affaires d’origine anglaise qui a fait fortune aux États-Unis. Il vient de rentrer au pays ! Profitant de l’entracte, le businessman a réuni, dans un salon privé, des personnes triés sur le volet.

Il y a Hardtford, son bras droit, Bram Stoker, devenu administrateur, George Bernard Shaw, critique avisé, et la sœur bien-aimée. Philip est sur le balcon à lire un contrat, les autres devisent entre eux en l’attendant. Miss Lime, la jeune et belle assistante arrive, suivie de peu par Arthur Conan Doyle. L’heure de la reprise du spectacle sonne. La porte du salon se ferme. Philip est retrouvé mort sur le balcon. Personne d’autre n’est entré ! Qui est donc l’assassin ? Conan Doyle mène l’enquête et les rebondissements vont s’enchaîner. Mais chut…

Une équipe gagnante
L'heure des assassins - Lefebvre © Stéphane Audran
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Que les fans se rassurent : Ludovic Laroche (Conan Doyle), Jérôme Paquatte (Stocker) et Nicolas Saint-Georges (Shaw) sont toujours là, fidèles au poste. Leur entente cordiale est des plus réjouissantes à observer. Avec le temps, leurs personnages se sont aiguisés et ont pris de l’étoffe. Ils sont parfait.

On retrouve également Pierre-Arnaud Juin qui aime toujours autant jouer sur les ambiguïtés. Après avoir été un noble hautin, un escroc subtil, le voilà dans le personnage d’un collaborateur zélé. Il va encore vous surprendre. Stéphanie Bassibey a récolté un rôle à la mesure de sa démesure, celui de la sœur du défunt. Une sorte de Florence Foster Jenkins, mais qui chante juste ! Et puis, il y a la petite nouvelle, Ninon Lavalou. La jeune comédienne est subtile dans le rôle de l’ingénue qui ne l’est pas tant que cela. Et si certains la pensent arriviste, il n’en n’est rien. Elle est simplement la figure moderne de la femme de ce début de XXe siècle, qui sait que son talent ne réside pas dans son physique.

Un décor et une mise en scène à la mesure

Dès que les lumières s’allument sur le décor nous sommes saisi par sa beauté. La vue sur la tour de Londres, avec cette pleine lune et ses nuages, nous renvoie à l’imagerie des vieux dessins animés de Disney. On songe, bien sûr, à celle de Peter Pan mais également de Mary Poppins. Il parait qu’un crocodile passe par là, mais je l’ai pas vu ! En revanche, le balcon semble exister vraiment. Le salon, quant à lui, possède tout ce qu’il faut pour rappeler les grands décors d’antan des grandes salles parisiennes.

Elie Rapp, qui signe la scénographie, mais également la mise en scène avec Ludovic Laroche, a tout compris de l’univers qui sied aux pièces de Lefebvre. Sans jamais perdre de vue l’énergie de l’action nécessaire à ce style de théâtre, elle a pris soin que chaque intention des personnages soit nourrie de sentiments et de sincérités. Cela donne une grande tenue aux propos. Le dénouement va en surprendre plus d’un. Vous l’avez compris, on vous conseille vivement cette nouvelle aventure !

Marie-Céline Nivière

L’heure des assassins de Julien Lefebvre.
Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs
75006 Paris.
Du 25 octobre 2023 au 21 janvier 2024.
Du mardi au samedi à 21h, dimanche à 18h.
Durée 1h25.

Mise en scène d’Elie Rapp et Ludovic Laroche,
assistés de Mathilde Flament-Mouflard.
Avec Stéphanie Bassibey, Pierre-Arnaud Juin, Ludovic Laroche, Ninon Lavalou, Jérôme Paquatte et Nicolas Saint-Georges.
Scénographie d’Elie Rapp.
Lumières de Dan Imbert.
Costumes d’Axel Boursier.
Décors Les Ateliers Marigny.
Créateur sonore et musical d’Hervé Devolder.
Vidéo de Sébastien Mizermont.

© Lucernaire
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