Sacha Vilmar © Teona Goreci

Sacha Vilmar, tête artistique du festival Démostratif

À Strasbourg, sous l'impulsion de Sacha Vilmar, le festival des arts scéniques émergents, Démostratif, bat son plein.

Sacha Vilmar © Teona Goreci

À Strasbourg, au cœur du Campus universitaire de l’Esplanade, le festival des arts scéniques émergents, Démostratif, bat son plein. Sous l’impulsion de son directeur artistique, Sacha Vilmar, cette sixième édition, riche de 33 propositions gratuites, s’articule autour de la thématique « Étranges mutations ». Rencontre.

© Teona Goreci

Comment est né le Festival Démostratif ? 

Sacha Vilmar : De la volonté de rassembler les étudiants, les artistes, les chercheurs et les habitants des quartiers alentours. C’était complètement utopique : une envie naïve de se retrouver aux beaux jours pour fêter le théâtre ! Je crois que ça a marché.

Quel est son ADN ? 
Pas touche, parade en planète inconnue, de Mathilde Segonds, mis en en scène par Sacha Vilmar (création du festival) © DR
Pas touche, parade en planète inconnue de Mathilde Segonds, mis en en scène par Sacha Vilmar © DR

Sacha Vilmar : La rencontre, la rencontre, la rencontre. Je n’ai que ce mot en bouche. Ça paraît galvaudé et convenu mais j’y crois naïvement. Tous les ans, 120 artistes sont présents sur 5 jours. Il y a 40 bénévoles, 6 permanents, et cette année 50 étudiants européens venus se former pendant le festival dans le cadre de notre Summer School. C’est une communauté éphémère de 200 personnes qui se rencontre, crée et se porte. Ça me fascine toujours ! Ça engendre un réseau très puissant, une génération d’artistes qui se retrouvent comme pour se dire : « on se reconnaît ». Je pourrais aussi dire : la circulation ! Les gens circulent d’un spectacle à l’autre (tout est gratuit !), les œuvres circulent (les artistes jouent dehors, en salle, en cité universitaire, dans les écoles autour). 

Cette année, c’est la 6e édition, comment a-t-il évolué au fil du temps ? 

Sacha Vilmar : Le format est resté le même depuis la première édition : une trentaine de spectacles sur cinq jours. C’est très dense. L’évolution réside à l’endroit des financements, des soutiens et de la visibilité. Notre budget a été multiplié par 15 depuis la création du festival ! Notre voix a été entendue, c’est bon signe. On a maintenant une équipe de salariés, des bureaux, une communication plus importante. L’esprit est resté le même, c’est son enveloppe qui se bonifie !

Comment se construit la programmation ? 

Sacha Vilmar : En deux temps : un appel à projets lancé aux jeunes artistes. Gageons d’ailleurs que ce système n’est pas idéal ! On demande aux artistes de répondre à des critères, de répondre à des thèmes, à des contraintes de lieux et de temps. Ils passent un temps fou à modifier leurs dossiers pour coller à ce qu’on demande. J’ai essayé de simplifier ce système, en ne faisant aucune sélection sur dossier et en rencontrant tout le monde. Cette année, on a reçu 155 compagnies pour les rencontrer et parler de leurs projets. C’est énorme, chronophage mais qu’est-ce que c’était bon ! Se reconnaître, se rassurer, entendre et voir d’autres façons d’être et de faire. C’est formateur pour tout le monde. Et dans un deuxième temps je fais un repérage plus classique de spectacles. On me sollicite aussi pour me proposer des choses. Ça aussi c’est nouveau !

Comment se fait le choix des artistes que vous programmez ? 
Les 12 Travelos d'Hercule © DR
Les 12 Travelos d’Hercule © DR

Sacha Vilmar : Le thème préside ! J’essaie de garder un équilibre qui tient sur : la parité, la représentativité, la pluridisciplinarité et les différents degrés de l’émergence. Ce festival est assez unique en France : il embrasse le spectre très large de la jeune création. De la création étudiante à la compagnie déjà plus repérée. C’est notre force, pas d’étiquette, pas de critère de parcours. 

Comment s’inscrit le festival dans le paysage culturel strasbourgeois ? 

Sacha Vilmar : C’est difficile de se faire une place dans ce paysage bien occupé ! Au départ, les spectacles qui remplissaient, étaient ceux des compagnies locales. Maintenant, tous les spectacles sont complets, peu importe l’origine des compagnies. C’est la preuve que le festival s’est fait une place dans l’esprit des publics. C’est devenu un rendez-vous, c’est ça qui me touche le plus, tout particulièrement de revoir des têtes d’une année à l’autre. Les gens nous font confiance, ce n’est pas rien ! Et le créneau de l’émergence n’était pas vraiment pris à Strasbourg. Il y a de grandes institutions, avec des artistes très repérés. Donc peu d’espaces pour la découverte et la prise de risque. 

Que peut-on vous souhaiter ? 

Sacha Vilmar : De pérenniser cet événement. Que les pouvoirs publics stabilisent notre activité. Sinon, du soleil, et des sourires, beaucoup de sourires !

Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Festival Démostratif
du 6 au 10 juin 2023
10 Rue du Hohwald
67000 Strasbourg

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