Hedda, Aurore Fattier ©Claire Bodson

Hedda d’Aurore Fattier, perdue dans les coulisses

Dans «Hedda», Aurore Fattier ressort l'héroïne ibsénienne de derrière son rideau pour lui trouver des résonances contemporaines, mais sa forme peine à convaincre.

Hedda, Aurore Fattier ©Claire Bodson
©Claire Bodson

Qu’est-il vraiment arrivé à Hedda Gabler, l’amoureuse suicidée de la pièce d’Ibsen ? Si Aurore Fattier peut poser la question, c’est parce qu’elle a fait le choix, dans cette « variation contemporaine », d’insuffler un peu de mystère et d’air nouveau à la fatalité du texte original. Non satisfaite de la fin réservée aux héroïnes du théâtre classique, ne cherchant pas non plus à désavouer le matériau initial dont elle laisse vivre quelques passages au plateau, Fattier veut tordre Hedda Gabler. C’est donc dans le décor d’une loge de théâtre qu’elle nous convie, comme pour infiltrer en contrebande l’univers du Norvégien.

Écrite par Sébastien Monfè et Mira Goldwicht, Hedda entremêle différentes strates de récit dans une mise en abîme métathéâtrale somme toute assez classique et pleine de rebondissements. Laure Stijn, metteuse en scène, s’apprête à monter la pièce d’Ibsen. Elle et sa troupe évoluent entre la loge et le plateau, où le travail est troublé par les difficultés de chacun à remplir son rôle et les drames interpersonnels qui surviennent en coulisses. Peu à peu, les thèmes de l’œuvre finissent par déteindre sur le réel, si ce n’est l’inverse.

Le récit ficèle la mort, les relations conjugales, la tromperies, le mensonges et le trouble identitaire dans un grand maelström. Sur scène, il s’enveloppe d’une emphase quasi télévisuelle, au gré d’une utilisation extensive de la musique et de la vidéo. On plonge parfois dans le cinéma d’horreur, on frôle à d’autres moments la série B. Et s’il y a quelque chose de ludique dans sa manière très postmoderne de superposer les genres, le manque d’un caractère et d’une texture esthétique propres à cette Hedda revisitée se fait vite trop criant pour tenir la durée.

Samuel Gleyze-Esteban

Hedda, variation contemporaine d’après Hedda Gabler d’Ibsen
Odéon – Théâtre de l’Europe
Ateliers Berthier
1 Rue André Suares, 75017 Paris

Du 12 mai au 9 juin 2023
Durée 2h45

Tournée
Les 28 et 29 juin à Mons Arts de la scène
Les 16 et 17 février 2024 aux Théâtres de la Ville de Luxembourg

Texte et dramaturgie Sébastien Monfè, Mira Goldwicht
Conception, mise en scène et direction Aurore Fattier
Avec Fabrice Adde, Delphine Bibet, Yoann Blanc, Carlo Brandt, Lara Ceulemans, Valentine Gérard, Fabien Magry, Deborah Marchal, Annah Schaeffer, Alexandre Trocki, Maud Wyler
Cinématographie Vincent Pinckaers 
Scénographie Marc Lainé en collaboration avec Stephan Zimmerli, Juliette Terreaux
Costumes Prunelle Rulens en collaboration avec Odile Dubucq
Coiffure Isabel Garcia Moya
Maquillage Sophie Carlier
Habilleuse Anne-Sophie Vanhalle
Lumière Enrico Bagnoli
Composition musicale Maxence Vandevelde
Assistanat à la mise en scène Lara Ceulemans, Deborah Marchal
Direction technique Nathalie Borlée
Direction vidéo Gwen Laroche
Stagiaires Mégane Arnaud, Edouard Blaimont, Mahi Hadjammar, Berktan Yurdover

Crédit photos ©Claire Bodson

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