Vani Vaneau © Didier Olivré

Vania Vaneau, éclatante étoile sur fond noir charbon

À l'Atelier de Paris, dans le cadre de June Events, Vania Vaneau présente sa dernière création, Nebula.

Vania Vaneau © Jean Rochereau

Dans le cadre de June Events, Vania Vaneau invite à découvrir sa dernière création, Nebula. Formée à la danse au Brésil puis à P.A.R.T.S à Bruxelles, la chorégraphe a imaginé un solo toute intensité où se tisse un dialogue unique et profond entre mouvements et musique jouée en direct par le duo Nicolas Devos et Pénélope Miche. Pensée pour être présenté à l’intérieur comme extérieur, cette œuvre post-apocalyptique est une allégorie d’une renaissance. Tel un phénix, l’artiste danse sur les cendres d’un monde ancien pour mieux le rebâtir.

Nebula de Vania Vaneau © Laure Degroote – Collectif Des Flous Furieux

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Le carnaval, au Brésil. Mélange de joie et de folie. L’exaltation d’une foule déguisée, transpirée. Des couleurs, des paillettes, des corps qui se touchent, qui sautent, qui chantent, ensemble. Un groupe en catharsis et la solitude de l’observateur.

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
Le voyage. Quand je me suis rendue compte que travailler dans le spectacle voudrait dire voyager en travaillant ou travailler en voyageant, je me suis dit que ça me plairait comme mode de vie.

Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être danseuse et chorégraphe ?
Au départ, ce n’a pas été un vrai choix parce que je suis née dans une famille de théâtre…Mon père était metteur en scène et scénographe, ma mère danseuse et chorégraphe. J’ai grandi dans les studios de répétition et dormais dans les loges des théâtres… Notre appartement était rempli d’objets et de costumes, ma mère me donnait des cours de danse dans le salon quand j’étais enfant… Puis j’ai intégré des écoles de danse, qui me semblaient moins passionnantes. toutefois, j’ai embrassé le rêve de la danse et du spectacle…J’ai voulu arrêter à l’adolescence, mais ça m’est revenu comme une force du destin ou une mission à poursuivre à ma façon.

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ? 
Le tout premier, j’avais 7 ans et c’était un spectacle de mes parents. Ma mère faisait une série de danses en solo ponctuées par des moments où ma sœur et moi intervenions…Il y avait un cube en bois plein de costumes et masques et on s’habillait de différentes choses au fur et à mesure de la pièce. Le moment qui m’a le plus marqué, c’est quand je faisais un personnage d’un petit monsieur avec un masque trop grand pour moi avec un grand nez pointu. Je portais une veste à carreaux d’homme et faisais une petite danse un peu clownesque, puis on dansait avec ma sœur habillée en robe de soirée en satin bordeaux. Ça a été un moment fort d’échange avec mon père, qui nous dirigeait et ma mère, avec qui on partageait la scène. J’ai découvert dans l’espace-temps du théâtre un lieu un peu magique permettant plein de liberté malgré le fait que mes parents étaient très exigeants et que je ressentais aussi un grand défi et responsabilité.

Nebula de Vania Vaneau © Laure Degroote – Collectif Des Flous Furieux

Votre plus grand coup de cœur scénique ? 
Il y en a beaucoup ! Dans l’ordre chronologique de ce qui m’a le plus marqué : O livro de Jo de Antonio Araujo/Teatro da Vertigem (1995) par la puissance du jeu et du lieu (ça se passait dans une ancienne prison dans la banlieue de Sao Paulo), La Tristeza Complice d’Alain Platel, j’avais l’impression de voir des vraies personnes sur scène, Le cri du Caméléon de Joseph Nadj, pièce qui m’a donné envie de venir vivre en France à l’âge de 16 ans… (les deux vues à Sao Paulo entre 1995 et 1997). Tambours sur la digue (1999) au Théâtre du Soleil, par l’extrême exigence et engagement de toute l’équipe, Le petit Poucet (2005) de Societas Raffaelo Sanzio vu en Belgique, par la magie de la simplicité. Le théâtre Nô vu au Japon, le sacré codifié, le temps tenu. Les pièces de Marlène Monteiro de Freitas dernièrement par la puissance de la composition et des états…

Quelles sont vos plus belles rencontres ? 
Dans le spectacle, les personnes avec qui j’ai travaillé ou travaille et qui m’apprennent ou m’ont apris beaucoup : mes parents, Célia Gouvêa e Maurice Vaneau, Maguy Marin, Ariane Mnouchkine, Christian Rizzo, Jordi Gali…Certains professeurs aussi : Sasha Svetlov et Cilô Lacava à Sao Paulo, Chrysa Parkinson et David Zambrano à Parts, à Bruxelles…Chacun de ses noms ouvre des réseaux et des couches de rapports à l’art et au monde…

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ? 
J’ai besoin de salir, de désorganiser, d’expulser des choses en créant, pour mieux comprendre, réorganiser et composer ensuite. Ça me permet d’investiguer ce qui est la vie dans l’action, de plonger dans le chaos pour réinventer des mondes et des modes d’être au monde. C’est essentiel et vital pour moi.

Nebula de Vania Vaneau © Laure Degroote – Collectif Des Flous Furieux

Qu’est-ce qui vous inspire ? 
Le passage du temps, dans la vie ou dans les œuvres d’art : l’attention et la tension qui s’engage d’un instant à un autre, d’un état à un autre, d’un événement à un autre…

De quel ordre est votre rapport à la scène ? 
À la fois très sérieux et très enfantin, spirituel et matériel, ritualistique et concret…

À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ? 
Dans mon cœur.

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ? 
Il y a des artistes dont j’admire le travail, mais je ne sais pas si je pourrais travailler avec eux…Meg Stuart, Marlene Monteiro de Freitas, Smith, Apitchatpong Weerasethakul, Sonic Youth, Ruth Asawa… Les rencontres sont souvent surprenantes et inattendues, j’espère continuer à en faire des belles nouvelles !

Nebula de Vania Vaneau © Laure Degroote – Collectif Des Flous Furieux

À quel projet fou aimeriez-vous participer ? 
C’est contradictoire, mais j’imagine un lieu itinérant : un lieu pour chercher, pour créer, jouer, pour enseigner et apprendre, pour manger… Mais qui se déplacerait de ville en ville, de pays en pays en y restant quelque temps à chaque endroit pour accueillir des personnes et rencontrer de cultures diverses. Un peu comme les anciens cirques, mais dans une version contemporaine plus ouverte et multidisciplinaire…

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ? 

Œuvre nommée par l’artiste est ce qu’on crée nos vies, ou la vie nous crée ?

Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Nebula de Vania Vaneau
June Events
Atelier de Paris
Route du champ de manœuvre
75012 Paris
Le 7 juin à 19h30
Durée 50 min

Crédit photos © Didier Olivré, © Jean Rochereau, © Laure Degroote

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