Didier Brice @DR

Les instantanés de Didier Brice

Au Lucernaire, Didier Brice réinstalle le barda de son Homme sans souci, adapté librement de L’indigent philosophe de Marivaux. Rencontre avec un comédien tout feu tout flamme.

Après sa création au Festival Off d’Avignon en 2019, quelques représentations stoppées par la pandémie au théâtre du Ranelagh en 2020, Didier Brice réinstalle au Lucernaire le barda de son Homme sans souci, adapté librement de L’indigent philosophe de Marivaux. Rencontre avec un comédien tout feu tout flamme.

Didier Brice dans L’homme sans soucis @Fabienne Rappeneau

Quel est votre auteur de théâtre préféré ?
Shakespeare, parce qu’il associe philosophie, poésie et action.

Quel auteur aimeriez-vous jouer ?
Un jeune auteur débutant. J’ai toujours été attentif à soutenir les nouveaux talents.

Quel roman rêveriez-vous de voir adapter au théâtre ?
14 juillet
d’Eric Vuillard. J’y travaille.

Avec quel metteur en scène voudriez-vous travailler ?
Au théâtre, José Paul. Ça m’est arrivé deux fois, et c’est le plus grand connaisseur des acteurs que j’aie rencontré. Jean-Philippe Daguerre aussi. Il propose des partitions formidables à ses comédiens. Au cinéma, Stéphane Brizé. Son œuvre est précieuse.

Si vous deviez jouer dans un Boulevard, quel serait-il ?
L’affaire de la rue de Lourcine
. C’est une pièce éminemment politique, féroce et drôle. Elle répond brillamment à la mission que j’évoque dans L’Homme sans Souci : Notre rôle, à nous les artistes, est de représenter l’humain aux humains, de leur tendre un miroir fidèle à leurs égarements pour qu’ils comprennent qu’ils changeront le monde en se changeant eux-mêmes.

Si vous deviez jouer dans une tragédie, quelle serait-elle ?
Othello
. C’est un rôle pour lequel je suis taillé.

Quel artiste a été pour vous une révélation ?
Joël Pommerat, il y a longtemps, quand j’ai vu sa toute première pièce au Théâtre de la Main d’Or. Elle s’appelait Théâtre(s). C’était en 1995, je crois. Il y a un siècle ! Jean-Christian Grinevald, qui dirigeait la Main d’Or, l’avait choisi comme artiste associé. Son travail m’était tout de suite apparu comme extrêmement neuf et personnel. Depuis, il n’a jamais cessé de creuser son sillon.

Parmi les musiques que vous écoutez, laquelle vous inspire ou vous fait penser à une pièce de théâtre ?
Il y a eu évidemment Les Comédiens de Charles Aznavour qui m’a inspiré pour L’Homme sans Souci. Viens voir les comédiens, voir les musiciens, voir les magiciens, qui arrivent… Au début de mon travail d’adaptation, j’ai cherché à l’inclure dans la représentation. J’ai finalement trouvé ça redondant. Mais l’idée a mûri pour déboucher sur mon entrée et même sur le déroulé du récit.

Quel film aimeriez-vous voir adapté au théâtre ?
L’argent de la Vieille
de Luigi Commencini. J’y travaille.

Y a-t-il un romancier que vous verriez bien écrire une pièce ?
Christian Bobin. Si, si, il est aussi romancier, pas seulement philosophe. Cet auteur me fascine.

Y a-t-il un personnage de fiction que vous rêveriez d’incarner ?
Le Capitaine Lanzafame dans Les Enfants de Venise, le roman de Luca di Fulvio. Il aurait le même costume que mon Homme sans Souci.

Y-a-t-il un personnage historique que vous rêveriez d’interpréter ?
Victor Hugo. Ce qu’il a défendu est toujours d’actualité. C’était un homme politique d’une grande clairvoyance. Il a dénoncé les dérives qui nous ont menés aux fractures sociales de notre temps.

Quelle salle a votre préférence ?
Celle qui correspond à la pièce que j’y joue. Selon chaque texte, une salle est plus ou moins adaptée. Hébertot était parfaite pour A tort et à raison. J’aime beaucoup le Tristan Bernard pour la proximité avec le public. Et mon Homme sans Souci trouve toute la joie qu’il mérite au Lucernaire. Le Ranelagh qui est dirigé par une équipe exceptionnelle.

Quel serait votre partenaire idéal ?
Mon épouse.

Quel personnage de l’autre sexe aimeriez-vous incarner ?
Gloria
… J’y travaille.

Didier Brice dans L’homme sans soucis ©Elodie Colin

Y a-t-il des rôles que vous avez toujours refusé de faire ?
Non. Je ne partage pas du tout cette théorie selon laquelle il faudrait pouvoir défendre son personnage. Je peux tout à fait jouer un salaud sans essayer de le défendre. Je préfère me mettre au service d’un texte et de la vision d’un metteur en scène. Pour A tort et à Raison, Georges Werler m’a distribué dans le rôle d’un nazi. J’ai accepté la partition parce qu’elle était au service d’une pièce passionnante. Ça m’a valu un Molière.

La pièce que vous auriez aimé voir et avec qui aux commandes et sur scène ?
J’avais demandé à Patrice Chéreau de me diriger dans son adaptation des Carnets du Sous-Sol de Dostoïevski. J’aurais bien aimé. Mais il avait trop envie de la jouer lui-même. Je l’avais vu la lire à Rome. Un grand souvenir.

Propos recueillis par Marie-Céline Nivière

L’Homme sans souci de Didier Brice d’après L’Indigent Philosophe de Marivaux 
Lucernaire
53 rue Notre Dame-des-Champs 75006 Paris
Du 9 mars au 1er mai
Du mardi au samedi à 18h30, dimanche 15h
Durée 1h15

Mise en scène et scénographie de Didier Brice
Costumes d’Aurore Popineau
Lumières de Marie-Hélène Pinon
Conseil musical de Christophe Toussaint
Coach vocal – Jasmine Roy 

Crédit photos © DR © Fabienne Rappeneau © Elodie Colin

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