Jean-Paul Belmondo © Panoramic

Jean-Paul Bemondo, les adieux de l’As des as

Jean-Paul Belmondo, le Magnifique, est parti ce 6 septembre rejoindre aux firmaments des étoiles ses amis de la bande du Conservatoire.

Jean-Paul Belmondo, Le Magnifique, est parti ce 6 septembre rejoindre aux firmaments des étoiles ses amis de la bande du Conservatoire, Marielle, Rochefort, Rich, Bedos. Si là-haut, ils font la fête, ici en bas, c’est la tristesse qui a empli nos cœurs. Adieu l’artiste et merci pour tout !

Badaboum, la nouvelle est tombée, nous laissant sans voix, Belmondo n’est plus ! Lui que l’on avait fini par penser immortel, indestructible ! Il avait 88 ans, un bel âge pour partir et nous laisser tous orphelins. Car quel que soit notre génération, on a tous en nous quelque chose de Bébel, tant sa carrière cinématographique est immense. Des films de la Nouvelle vague des années 1960 aux grands succès commerciaux des années 1970-1980, passés et repassés à la télévision, l’acteur aura marqué son époque. 

Le cinéma de Bébel
L'homme de Rio - Jean-Paul Belmondo © Aquivo Nacional

Personnellement, mes films préférés demeurent Cartouche, L’homme de Rio, Les tribulations d’un chinois en Chine de Philippe de Broca, Le Cerveau de Gérard Oury et surtout le film culte d’Henri VerneuilUn singe en hiver. Le duo GabinBelmondo était si formidable ! Du grand art ! N’oublions pas Borsalino qui le mettait face à face avec l’autre grande star de l’époque, Alain Delon. Et pour terminer, L’itinéraire d’un enfant gâté de Claude Lelouch qui lui valut la récompense du César du meilleur acteur ! 

De grands rôles au théâtre 

Je me souviens des émois qu’avait susciter son retour au théâtre ! C’était en 1987. Le comédien n’avait pas remis les pieds sur scène depuis 1959. Tout le monde l’attendait avec ferveur. D’autant plus qu’il revenait avec Kean, la pièce de Jean-Paul Sartre, d’après Dumas fils, dont le héros est un monstre sacré de la scène ! C’était au Marigny, dans une mise en scène de Robert Hossein. Le public donc l’attendait et fut ravi de son retour, il lui faisait chaque soir un triomphe. Après ce succès, avec l’ami Hossein, il s’attaqua à une autre grande figure du répertoire, Cyrano de Bergerac ! C’est là que je le vis pour la première fois sur scène. Que dire de l’émotion ressentie lorsqu’il arriva sur scène. Le rôle lui allait à ravir mais c’est dans la dernière scène qu’il me cueillit tant il y était émouvant et sincère. 

Fait pour la scène 
Kean de Jean-Paul Sartre. Dumas Fils © Bertrand kindoff Petroff

Ensuite, il enchaîna avec deux Feydeau, mis en scène par Bernard Murat. En 1993, Tailleur pour dames au Théâtre de Paris et La Puce à l’oreille en 1996 au théâtre des Variétés. Il était à son aise dans le registre du vaudeville et y ravissait son public. En 1998, ce fut au Marigny sa dernière prestation, dans Frédérick Lemaître, une pièce écrite tout spécialement pour lui par Eric-Emmanuel Schmitt ! Quand on pense que l’acteur star du boulevard du crime avait inspiré Dumas Fils pour son personnage de Kean, on se dit que Belmondo bouclait la boucle ! Pourtant, on le sait, c’est ce terrible accident cérébrale qui mis un terme à sa carrière en 2001, alors qu’il rêvait encore de théâtre.

Un amour des planches

Il aimait tellement cet art, qu’il avait acheté en 1991, les Théâtres des Variétés avec son frère Alain. Jusqu’en 2005, il fut donc directeur d’un des plus grands théâtres parisiens. Son fils, Paul en était le directeur artistique. Une affaire de famille ! C’est sous sa direction que fut créer Le dîner de cons de Francis Veber en 1993 qui connut le succès que l’on sait ! Puis ce fut la reprise d’Oscar de Claude Magnier. Il est amusant de penser que cette comédie rendu célèbre grâce à Louis de Funès avait été en réalité créée en 1958 avec Pierre Mondy, Maria Pacôme et Jean-Paul Belmondo ! Les dernières pièces que sa direction connaîtra fut Le nouveau testament de Sacha Guitry, dans une mise en scène de Bernard Murat avec Marielle et Fabian, et Joyeuses Pâques de Jean Poiret avec Arditi et la jeune Barbara Schultz. Là aussi, une fin en forme de clin d’œil !

Un sacré personnage

Jean-Paul bemondo © Gamma Keystone

Mon plus grand souvenir demeure la remise de la Légion d’honneur à Robert Hirsch ! Le tout Paris théâtral était réuni. Je me rappelle que tout à coup un grand silence se fit et un murmure se fit entendre : le voilà ! Il arriva s’appuyant sur sa canne, encore tout fragilisé par son accident cérébral. De Jean-Claude Brialy à Gisèle Casadesus, en passant par Jeanne MoreauCatherine SamieAlain Delon, tous l’accueillirent avec une immense tendresse. On sentait leur amour et leur affection. Et il était là, parmi les siens ! Difficile d’oublier alors le sourire qui avait illuminé son visage lui donnant une belle humanité ! Les gens l’aimaient mais il aimait les gens !

Marie-Céline Nivière

Crédit photos © Panoramic © Aquivo Nacional © Bertrand kindoff Petroff, © Gamma Keystone

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