Les contes insensés d’Alain Béhar

Au printemps des Comédiens, Alain Béhar poétise joyeusement les cataclysmes environnementaux à venir.

Comment sera le monde en 2043 ? Pas triste, pas beau, terriblement détraqué. De sa verve particulièrement prolixe, Alain Béhar, oracle poétique des catastrophes à venir, nous entraîne au fil des mots sur les flots véloces et intarissables de son imagination. Attachez vos ceintures, c’est parti pour un voyage en Absurdie, une succession de contes d’anticipation joyeux afin d’en masquer un avenir incertain, inquiétant. 

Terre de feu, terre des hommes, notre planète ne va pas bien. Réchauffement climatique, catastrophes naturelles, ont rebattu les cartes du monde. Quand il ne pleut pas des trombes d’eau, le soleil brûle les peaux, les derniers végétaux encore vivants. Êtres humains errants, parqués pour les plus récalcitrants, les plus démunis, libres pour ceux qui entrent dans le rang, qui se laissent bercer d’illusions par un gouvernement, qui n’a de démocratique que le nom et qui ne sait plus comment enrayer les drames écologiques à venir. En gros, noir, c’est noir, il n’y a plus d’espoir. Le chaos est aux portes de l’humanité. 

Dit comme ça, la tragédie pointe, violente, angoissante. Mais nous sommes dans l’univers d’Alain Béhar. Face aux drames, il ne se laisse pas démonté, emporté dans un fatalisme crasse, il lutte à sa manière en distordant le réel, en transformant le pire en histoires drôles, foutraques, en contes déments. De sa faconde débridée, déchaînée, il invente un ailleurs. On est en 2043, le continent africain menace de disparaître, noyé par les eaux, par le lait. On n’est pas à une invention, une hallucination près. Que faire ? Construire un gigantesque bateau de papier, une arche de Noé réinventée, où en rangs serrés, sous le regard du grand n’importe quoi, maître de ce monde détraqué, peuplades, tribus, véritables ou fantasmés, embarquent vers un imaginaire, une destination fictive, un rêve. C’est beau, c’est puissant, c’est barré. 

Récits sans queue ni tête, débités avec une rapidité confondante, mots qui se chevauchent, idées qui s’entremêlent, il faut tout le talent, la présence scénique d’Alain Béhar pour donner corps, couleur à cette prose folle. Un moment suspendu où l’on fonce vers un cataclysme annoncé tous ensemble gaiement, allégrement, furieusement. La fin est proche, souriez !

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


La clairière du grand n’importe quoi d’Alain Béhar
Printemps des comédiens
Théâtre des treize vents 
 Domaine de Grammont
Avenue Albert Einstein
34965 Montpellier
Durée 1h20


Tournée 
Du 5 au 27 juillet 2019 dans le cadre du Festival d’Avignon Le OFF, à Artéphile, 7 rue du Bourg neuf 84000 Avignon 
le 5 et 6 novembre 2019 au Théâtre du Bois de l’Aune à Aix en Provence
le 8 novembre 2019 dans le cadre du festival Les rencontres à l’échelle, à la Friche de la belle de mai à Marseille
du 14 au 16 novembre 2019 à Sortie Ouest à Béziers
le 21 novembre 2019 Au périscope à Nîmes
lz 28 novembre 2019 au Théâtre + Cinéma à la Scène Nationale du grand Narbonne

Mise en scène et interprétation d’Alain Béhar
Collaboration artistique : Marie Vayssière 
Lumière de Claire Eloy
Son de Pierre-Olivier Boulan 
Dispositif scénique d’Alain Béhar & Cécile Marc
Avec les regards croisés de Montaine Chevalier, Benoist Bouvot, Isabelle Catalan, David Malan, Juliana Béjaud, Suzanne Joubert, Jesshuan Diné & Gilles Masson
Texte publié aux Editions espaces 34


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