Arise, l’élévation à la verticale

Avec Arise, créé pour Monuments en mouvement, la compagnie des Frères Ben Aïm met en scène un quatuor qui souhaite s’émanciper d’une force surnaturelle. En vain. Le public, tout près de ces danseurs, dans ce lieux exceptionnel, profite d’un moment de grâce.

Essayent-ils de toucher la voûte de la Sainte Chapelle ? Avec Arise, créé pour Monuments en mouvement, la compagnie des Frères Ben Aïm met en scène un quatuor qui souhaite s’émanciper d’une force surnaturelle. En vain. Le public, tout près de ces danseurs, dans ce lieu exceptionnel, profite d’un moment de grâce.

Le temps est suspendu à l’étage de cette Chapelle aux vitraux longs d’une quinzaine de mètres, véritable joyau de l’île de la Cité, enfermé dans les murs de l’ancien Palais de Justice. Le public, deux rangées qui se font face, lève d’abord les yeux vers la nef gothique, emmitouflé dans des plaids prévus pour l’occasion.

Pendant une heure, il assiste à une oeuvre proche du rituel, soutenue par les trois danseurs et l’auteur-compositeur-interprète Piers Faccini. Côté chorégraphie, les corps s’entrechoquent, se poussent, se bercent, se pressent, se rejètent. Côté musique, au bout de la scène, proche de l’autel, une basse produit une mélodie aux accents tantôt spirituels, tantôt rock.

Le lieu, véritable coup de cœur des artistes, inspire et invite le public à interpréter la scène. Où sommes-nous ? Dans un hôpital psychiatrique ? Assistons-nous à un adoubement entre chevaliers du Moyen-Âge ? « Nous étions dans une autre temporalité entre ces murs, il a fallu s’adapter aux conditions de la Sainte-Chapelle : à la pièce fraîche et au sol très dur », confie Christian Ben Aïm. Un espace à apprivoiser de la hauteur jusqu’au sol… car même le dessin du carrelage a servi l’élaboration de la mise en scène.

Pour Arise, les frères danseurs ont voulu travailler les notions de transparence, de redressement, de communion. Des thèmes qui, indéniablement, font aussi allusion à l’espace. Le corps du jeune danseur Louis Gillard – qui accompagne le duo – convulse et se tord. Il fait face au regard impassible des deux frères et aux mines impuissantes du public.

Un public qui ressemble de plus en plus à la cour soumise d’un roi cruel. «  La Sainte-Chapelle nous a invités à réfléchir au rapport au roi, à la noblesse, à la dignité. Nous avons voulu raconter une histoire liée à l’Histoire de ce palais de la Cité. Mais plus qu’une œuvre emprunte de spiritualité, nous avons voulu reproduire une danse proche du recueillement. »

Après trois soirées au cœur de l’île de la Cité, Arise voguera vers le Théâtre de Châtillon entre autres. « On a créé le projet en lien avec la Sainte-Chapelle mais dans l’idée de pouvoir le modeler et le transformer. Ensuite, les lieux seront différents, on va essayer de retrouver cette allée toute en longueur qui nous sert de scène. Ça demande une autre adaptation. »

Une chorégraphie envoutante qui rappelle parfois le mythe de Sisyphe.

Marie Gicquel


Arise, par la Cie Christian et François Ben Aïm, avec Christian, François Ben Aïm et Piers Faccini créé dans le cadre du festival Séquence Danse Paris et de Monuments en mouvement.

Le 7 juin 2019 au Théâtre de Châtillon (hors-les-murs), le 15 juin 2019 à la Sainte-Chapelle de Vincennes (Festival June Events) – Ateliers de Paris CDCN, le 13 et 14 Septembre à La Commanderie, Elancourt (78), le 28 avril 2020 à La Collégiale Saint-Martin, Angers (49)

Crédit Photos © Patrick Berger

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