Nicolas de Stael, la fureur de peindre D’après la correspondance de Nicolas de Stael Lucernaire. Mise en scène et jeu de Bruno Abraham-Kramer. © Pascal Gely

Bruno Abraham-Kremer peint furieusement Nicolas de Stael

Au Lucernaire, Bruno Abraham-Kremer plonge au cœur du processus créatif de Nicolas de Stael, peintre au style évolutif de l'après-guerre.

Au Lucernaire, Bruno Abraham-Kremer nous convie à un beau voyage au cœur de la création de Nicolas de Stael qui occupa une place unique dans la peinture d’après-guerre.

Bruno Abraham-Kremer s’attache depuis de longues années, maintenant à explorer dans ses spectacles l’être humain et ce qui le nourrit. Nous avons suivi son parcours dès le début avec un plaisir chaque fois renouvelé. Cet excellent comédien sait faire résonner les mots, les situations et il nous transporte à chaque fois dans un flot d’émotions. Avec son nouveau spectacle, il nous raconte comment un artiste se construit, en tant que peintre, en tant qu’homme.   

Un peintre hors norme
Nicolas de Stael, la fureur de peindre
D’après la correspondance de Nicolas de Stael
Lucernaire. Mise en scène et jeu de Bruno Abraham-Kramer.  © Pascal Gely

Nicolas de Stael est une figure marquante dans l’évolution de la peinture. Le monde de l’art, en ces années d’après-guerre, est caractérisé par une opposition entre abstraction et figuration. Le peintreva dépasser ces notions, suscitant passion mais aussi controverse. Son credo refusait les étiquettes et les courants. « Je n’oppose pas la peinture abstraire à la peinture figurative. Une peinture devrait être à la fois abstraite et figurative. Abstraite en tant que mur, figurative en tant que représentation d’un espace. » Romain Gary disait de lui : « Vous êtes le seul peintre moderne qui donne du génie au spectateur ».

Un portrait en ceux 

Bruno Abraham-Kremer a puisé dans la correspondance de l’artiste diverses lettres, allant de 1926, ses années de formation, à 1955, date de son suicide. La peinture est toute sa vie, comme une obsession. Ce n’est pas pour rien que le titre du spectacle est Nicolas de Stael, la fureur de peindre. On la sent bien cette rage créatrice dans ses lettres où il évoque sa vision artistique, ses doutes, ses emportements. Mais il est aussi un homme qui doit se débattre avec ses problèmes d’argent, de cœur, de famille, de reconnaissance. A travers le prisme de ces lettres choisies, on comprend bien la personnalité complexe et attachante de cet homme, que l’on surnommait le Prince. 

Travail sensible 
Nicolas de Stael, la fureur de peindre
D’après la correspondance de Nicolas de Stael
Lucernaire. Mise en scène et jeu de Bruno Abraham-Kramer.  © Pascal Gely

Le comédien et sa collaboratrice Corine Juresco savent théâtraliser les mots. La scénographie est remarquable, trois draps blancs, comme ceux que réclamait le peintre à ses amis pour pouvoir peindre, sont suspendus. Des toiles de l’artiste y sont projetées subtilement. Très beau travail d’Arno Veyrat, qui signe aussi les lumières. Le comédien est entouré de deux musiciens, Hubertus Biermann et Baptiste Favory, qui en plus de l’accompagner musicalement lui donne la réplique faisant entendre les réponses des proches, dont René Char. Cette idée d’incorporer la musique à ce spectacle est comme un clin d’œil aux dernières toiles de Stael qui portait justement sur ce thème. L’ensemble fonctionne très bien. Se glissant dans les mots de l’artiste, dans tout le panel de ses émotions, l’interprétation de Bruno Abraham-Kremer est parfaite. Quand on sort du spectacle, une envie nous prend, celle d’aller redécouvrir les œuvres de ce « Prince, foudroyé ».

Marie-Céline Nivière

Nicolas de Stael, la fureur de peindre
D’après la correspondance de Nicolas de Stael
Lucernaire. Mise en scène et jeu de Bruno Abraham-Kramer.  © Pascal Gely

Nicolas de Stael, la fureur de peindre
D’après la correspondance de Nicolas de Stael
Lucernaire
53, rue Notre-Dame-des-Champs
75006 Paris
Jusqu’au 15 novembre 2020
Durée 1h15

Adaptation et mise en scène de Bruno Abraham-Kremer et de Corine Juresco 
Avec Bruno Abraham-Kremer, Hubertus Biermann et Jean-Baptiste Favory
Scénographie, lumières et vidéo d’Arno Veyrat

Crédit photos © Pascal Gely

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