Antoine Heuillet, le troublant grand ado du Godot de Françon

Des nuits de Fouvrière à la Scala-Paris, en passant par le théâtre de Carouge et le TNN, le comédien, tout en grâce féline, brûle les planches. Découvert par Alain Françon lors d’un stage à l’École du Nord, dont il fut élève de 2018 à 2021, Antoine Heuillet a été choisi par le metteur en scène pour incarner le garçon dans En attendant Godot. rencontre avec un artiste à suivre.

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Mon premier souvenir d’art vivant remonte à l’âge de huit ans, quand j’ai vu une captation Au théâtre ce soir, d’une pièce qui s’intitule Le noir te va si va bien avec Maria Pacôme et Jean Le Poulain. J’étais émerveillé. Je ne voulais pas être comédien, je vous voulais être Maria Pacôme. 

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ? 
C’est en regardant les films de Louis de Funès à la télévision quand j’étais petit avec mes grands-parents. J’étais fasciné par cet homme qui osait tout.

Qu’est ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien ? 
Pour rester un enfant le plus longtemps possible.

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ? 
Ce n’est pas vieux, car je sors tout juste de l’école, mais je pourrais donc dire Henry VI de Shakespeare aux Amandiers mis en scène par Christophe Rauck.

Votre plus grand coup de cœur scénique  ? 
Une adaptation des Trois sœurs de Tchekhov mis en scène par Simon Stone au théâtre de l’Odéon.

Quelles sont vos plus belles rencontres ? 
Il y a évidemment ma rencontre avec Alain Françon, d’abord en tant que spectateur, puis ensuite en tant que professeur à l’école. Il était aussi le parrain de notre promotion. C’est un homme pour qui j’ai un profond respect et une grande, très grande admiration. Travailler avec lui aujourd’hui est un honneur.
Il y a eu aussi Cecile Garcia-Fogel et Jean-Pierre Garnier, de grands pédagogues avec qui j’ai eu la chance de travailler et puis enfin, il y a les coups de foudres amicaux, les partenaires de toujours comme ma chère Suzanne de Baecque ou encore ma sœur, Marion Brest. Et tant d’autres.

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ? 
 Il est essentiel, car il m’oblige à une rigueur et à une concentration qui ne sont pas mes qualités principales dans la vie.

Qu’est-ce qui vous inspire ? 
Mes idoles : Jacqueline Maillan, Maria Pacôme, Louis de Funès, Michel Serrault. Je vis avec ces fantômes.

De quel ordre est votre rapport à la scène ? 
Un rapport essentiel. C’est là que je me sens vivant, libre et heureux. Tenter au mieux de restituer et ressusciter la parole de ceux qui sont passés avant nous me rend particulièrement heureux.

À quel endroit de votre chair, de votre corps situez-vous votre désir de faire votre métier ? 
Dans les pieds. Parce que là première chose que je cherche quand je rencontre un rôle, ce sont ses chaussures. Je crois que l’on trouve un rôle dans les pieds

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ? 
il y en a tellement : Julie Deliquet, Sylvain Creuzevault, Jean-Francois Sivadier, Michel Fau … la liste est longue !

À quel projet fou aimeriez-vous participer ? 
J’imagine un grand spectacle, une comédie, avec un grand metteur en scène, où on serait plein sur le plateau, avec de la musique aussi ! C’est d’ailleurs ce qui va se réaliser très bientôt. Car après En Attendant Godot, je jouerai le rôle de Bobin dans Un Chapeau de Paille d’Italie mis en scène par Alain Françon avec une poignée de comédiennes et comédiens géniaux ! J’ai hâte ! Et aussi pourquoi pas un projet à la Comédie -Francaise par exemple ? 

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ? 
Je ne sais pas, mais une comédie, ça, c’est sûr ! 

propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

En attendant Godot de Samuel Beckett
création en juin 2022 aux Nuits de Fourvière – Odéon

Tournée
du 03 février au  08 avril 2023 à La Scala – Paris
du 03 au 05 avril 2023 au Théâtre national de Nice

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