Axel Dhrey © DR
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Axel Dhrey : Le théâtre comme dans un rêve

Le comédien et metteur en scène signe une très belle adaptation du film de Terry Gilliam, "The Fisher King", qui se joue au Festival Off Avignon, au théâtre des Lucioles. L’occasion de revenir sur son parcours, ses rêves et ses souvenirs.
20 juillet 2025
Vos débuts

Votre premier souvenir d’art vivant ?
C’est un moment un peu spécial. Car ce n’est pas un spectacle à proprement parler, mais un moment « théâtral » unique. J’ai 15 ans, mon cousin, assistant réalisateur sur un film de Claude Lelouch avec Jean-Paul Belmondo, m’invite sur le tournage pour une demi-journée. Comme beaucoup d’enfants nés dans les années 1980, j’ai grandi avec les films de Belmondo. La possibilité de le voir est un rêve qui se réalise. Le tournage est à Paris, dans un vieux cloître toujours en activité. Belmondo arrive dans la cour, c’est l’effervescence ! Les bonnes sœurs sont toutes regroupées sur une coursive, un étage au-dessus, et gloussent de plaisir et de curiosité en apercevant Bebel. Il s’arrête, leur sourit.

The Fisher King - Axel Drhey © Fabienne Rappeneau
Avec Stéphane Brel dans « The Fisher King » © Fabienne Rappeneau

Et devant toute l’équipe de tournage et ces spectatrices au balcon, il se lance spontanément dans une tirade de Cyrano de Bergerac. La scène est surréaliste. Les religieuses sont aux anges. L’audience reste bouche bée. Belmondo est Cyrano devant mes yeux pendant trois minutes dans un décor improbable. Et je sais que je viens d’assister à un moment de théâtre unique qui restera à jamais gravé dans ma mémoire.

Quest-ce qui vous a poussé à choisir cette voie ?
Je n’ai jamais imaginé, d’aussi loin que je me souvienne, pouvoir faire autre chose. J’ai toujours su que je voulais jouer et raconter des histoires.

Qu’est-ce qui vous a guidé vers cette spécialisation ?
J’ai commencé par le métier de comédien. L’écriture et la mise en scène sont arrivées un peu plus tard. Mais la motivation reste la même. Toujours rêver puis raconter une histoire.

Racontez-nous le tout premier spectacle auquel vous avez participé. Une anecdote marquante ?
En 2003, je termine mon cursus de 2 ans dans une école de théâtre. Le dernier jour de cours, je regarde les petites annonces de casting sur le grand tableau dans le hall de l’école. Je vois une annonce pour un spectacle médiéval pendant l’été dans la ville de Carcassonne. Ils recherchent des jeunes comédiens. L’annonce, relayée par le professeur de Commedia dell’arte, ne précise rien de plus. Juste une date, une heure et un lieu pour auditionner.

Je me présente au casting. Je rencontre le metteur en scène qui me renvoie chez moi au bout de 5 minutes, sans même m’avoir auditionné. Mais il me rappelle et me demande de revenir le lendemain.

Je suis accueilli par ce metteur en scène et une jeune comédienne. Il m’invite à auditionner devant eux. Le plateau est quasi vide. Une simple chaise. Il me dit avec son accent italien à couper au couteau : « Tu veux bouger la chaise, mais elle, elle ne veut pas bouger ! » J’improvise. Ils rigolent. Une fois terminé, il me raconte son spectacle pendant une heure. C’est un Roméo et Juliette à la sauce médiévale. La jeune comédienne sera Juliette et je comprends que je jouerai Roméo. Et me voilà embarqué par miracle, dans un énorme spectacle avec plus de 120 artistes pendant tout un été. Ma première expérience théâtrale professionnelle. Je n’ai appris que plus tard que cette annonce était au départ pour faire de la figuration. Un joli coup du destin.

Axel Drhey - Fisher King © DR
Lors des répétition de « The Fisher King » © DR
Passions et inspirations

Un spectacle, une équipe, une rencontre marquante ?
Je dirais Le songe d’une nuit d’été d’Irina Brook. Un classique adapté avec une liberté folle et un humour décapant. J’en sors et découvre alors qu’il est possible de s’emparer d’œuvres « sacrées » et d’en faire des objets modernes, drôles et originaux.

Quelles belles rencontres ont marqué votre parcours ?
Ma rencontre la plus marquante est celle avec ma famille de théâtre, les Moutons Noirs. Nous sommes tous comédiens dans une troupe. Les affinités se créent au gré du temps et du travail. L’amitié naît en même temps que l’idée de créer notre propre troupe. Quinze ans après, nous sommes inséparables.

Où puisez-vous votre énergie créative ?
Les histoires des autres. Les films, les pièces, les romans que je découvre et qui me touchent.

En quoi ce que vous faites est essentiel à votre équilibre ?
J’ai toujours été étiqueté comme un « rêveur ». À l’école, à la maison… partout. Depuis toujours je rêve. J’imagine des histoires. C’est comme si mon cerveau était formaté pour cette tâche. J’ai la sensation de ne rien pouvoir faire d’autre. Et quand je ne le fais pas, il me manque quelque chose.

Axal Drhey - Cyrano - Les moutons noirs © DR
« Cyrano de Bergerac » par les Moutons noirs © DR
L’art et le corps

Que représente la scène pour vous ?
Un terrain de jeu. L’endroit de tous les possibles. Être véritablement soi ou quelqu’un d’autre. C’est le lieu où le rêve devient réalité.

Où ressentez-vous, physiquement, votre désir de créer et de jouer ?
Dans ma tête. C’est toujours présent. Surtout en période de création. Ça travaille consciemment et inconsciemment sans interruptions.

Rêves et projets

Avec quels artistes aimeriez-vous travailler ?
Surtout des réalisateurs de cinéma : Terry Gilliam, Michel Gondry, M. Night Shyamalan, Jean-Pierre Jeunet.

Si tout était possible, à quoi rêveriez-vous de participer ?
L’adaptation de la Planète des Singes au théâtre.

Si votre parcours était une œuvre dart, laquelle serait-elle ?
La vie est belle de Roberto Begnini.


The Fisher Kingd’après le film écrit par Richard Lagravenese et réalisé par Terry Gilliam
Théâtre des Lucioles – Festival Off Avignon
Du 5 au 26 juillet 2025 à 17h10, relâche mercredi

Durée 1h35

Adaptation et mise en scène d’Axel Drhey
Avec Charlotte Bigeard, Stéphane Brel, Julie Cavanna, Christophe Charrier, Axel Drhey, Alexandre Texier, Jo Zeugma
Assistante mise en scène et chorégraphie d’Iris Mirnezami
Scénographie d’Agnès de Palmaert
Création musicale et sonore de Jo Zeugma
Lumière de Thomas Rouxel
Vidéo de Edouard Granero
Costumes de Clothilde Fortin

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