Devant l’Agora, une foule se masse. Par grappes, elle pénètre au cœur même du bâtiment, dans l’ancienne cour minérale du couvent des Ursulines. Au rythme de sonorités persanes revisitées version électro, le public s’installe en cercle. Le plateau, invisible, est délimité par cinq ou six bancs de bois et quelques chaises en plastique. La scène faite de terre et de gravillons est nue, vidée, baignée de lumière naturelle, sans autre artifice que le ciel et les sons pulsatifs signés ehsan & HEiCH. La musique et l’attente agissent comme un sas, une préparation sensorielle à la performance qui va suivre.
Soudain, Katherina Jitlatda Horup Solvang fend l’espace, corps tendu dans un body blanc, agrémenté d’un short en gaze noire, cheveux tirés à quatre épingles. Elle s’installe au cœur de l’arène. Pas besoin de plus, elle irradie. Geste après geste, elle dessine des angles nets, des lignes brisées, des ruptures. La précision est extrême, presque vertigineuse. Elle enchaîne pas moins de six cents séquences pensées au millimètre près, comme pour défier un taylorisme chorégraphique où son humanité sous-jacente résisterait à une cadence mécanique. Chaque mouvement semble jaillir du plus profond de son être, comme dicté par le cœur, comme un sursaut organique.
Une danse venue du cœur
Flamenca futuriste, matador sans taureau, fière et solaire, elle habite l’arène et hypnotise les regards. Le visage fermé, le torse vibrant, elle épouse les pulsations sonores à l’unisson, entre les battements de sa poitrine et la musique qui résonne dans ce cocon de pierres de Castries. Ses omoplates dialoguent en silence, les mains posées sur son torse telles des engrenages robotiques ; la jambe se tend pour mieux se plier dans un mouvement où l’automate devient chair.
Avec ce solo ciselé, Armin Hokmi prolonge la ligne sensible esquissée l’an passé par Shiraz. Il compose ici une étude du surgissement. Une forme d’abandon tendu, de résonance intérieure. Quelque chose qui ne s’impose pas, mais s’offre. En silence. Captivant !
Of the heart – An Etude d’Armin Hokmi
Cour de l’Agora – Montpellier Danse
Du 23 au 25 juin 2025
durée 25 min
Tournée
11 mai 2026 au Musée de l’Orangerie, Paris
Concept et chorégraphie d’Armin Hokmi
Conçu avec et interprété par Katherina Jitlatda Horup Solvang
Créé avec Aleksandra Petrushevska, Emmi Venna, Daniel Sarr, Charlotte Utzig, Johanna Ryynänen
Costumes de Moriah Askenaizer et Cecilio Orozco
Création musicale d’ehsan & HEiCH
Espace – Felipe Osorio Guzman
