Maïa et Alicia ont treize ans. Meilleures amies depuis l’année précédente, les voilà séparées à la rentrée en quatrième. Alors, chaque jour, elles se retrouvent après les cours, échangent les petits récits du quotidien : les nouveaux visages, les profs, les maladresses, les vexations minuscules, mais cuisantes. Alicia, bravache, se donne des airs désinvoltes de garçon manqué, façon « wesh wesh ». Maïa, plus introvertie, tente de masquer ses angoisses derrière une distance parfois hautaine, presque méprisante.
Peu à peu, les fissures apparaissent. Les premiers troubles anxieux de Maïa émergent, d’abord diffus, puis de plus en plus envahissants, jusqu’au point de rupture où le corps, à son tour, cède sous le poids du mal-être. Apathique, elle se laisse choir, prend le temps de remonter la pente avant de trouver refuge dans un dictaphone. En enregistrant ses pensées, en les confiant à ce journal intime 2.0, elle tente de mettre des mots sur ses maux. Les dire à voix haute, même à un appareil muet, devient un premier pas pour les apprivoiser.
Avec quelques chaises, sans fard ni artifice, Cédric Orain, à l’instar de David Lescot — devenu maître du genre — capte avec une grande justesse cet âge où l’on apprend à composer avec ses fragilités. Pas d’effets appuyés, mais une écoute sensible, à hauteur d’adolescente. Louise Bénichou et Marion Brest portent ce tête-à-tête avec une énergie vibrante, oscillant entre éclats de rires, petites bravades et silences lourds. Le Journal de Maïa touche juste, tout le monde, quel que soit l’âge, dans cette zone où les mots manquent, où l’on cherche encore comment dire ses failles sans perdre la face.
Le Journal de Maïa de Cédric Orain
Théâtre du Train Bleu – Festival Off Avignon
du 5 au 24 juillet 2025 – relâches les 11 et 18 juillet 2025
durée 650 min
Mise en scène de Cédric Orain
avec Louise Bénichou et Marion Brest
Création lumières – Boris Pijetlovic