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Esther Welger-Barboza © Christophe Lucien
Esther Welger-Barboza © Christophe Lucien

Esther Welger-Barboza :  » donner de la visibilité à la création suisse contemporaine « 

Depuis 2022, elle dirige la Sélection suisse en Avignon, un dispositif lancé par Pro Helvetia et la Corodis pour faire émerger, dans la foule du Off, des voix venues d’outre-Jura. Entre exigence artistique et stratégie de diffusion, elle œuvre à faire rayonner la scène suisse contemporaine à Avignon.

Esther Welger-Barboza : C’est avant tout un dispositif de promotion de la création suisse contemporaine, pensé pour offrir un tremplin à des œuvres de théâtre, de danse ou de performance, dans le contexte si particulier d’Avignon. On ne parle pas d’un simple label ou d’un pavillon, mais bien d’un projet stratégique. Il s’agit de donner de la visibilité à des artistes suisses et de favoriser leur diffusion après le festival. L’ambition, c’est qu’une présence à Avignon ouvre des tournées, des rencontres, des portes.

L'Événement de Joëlle Fontannaz  © Deblue
L’Événement de Joëlle Fontannaz © Deblue

Esther Welger-Barboza : Je m’inscris dans la continuité du travail engagé par Laurence Perez, qui a porté le projet depuis sa création. J’essaie de rester fidèle à l’ADN de la sélection, tout en affirmant une ligne qui me ressemble avec des œuvres dont j’ai la conviction qu’elles peuvent émerger dans le tumulte du Off. Parce qu’à Avignon, on n’est pas seuls, c’est 1 700 spectacles, une effervescence parfois écrasante. Alors, je cherche ce qui, par sa forme, son propos, sa tonalité, pourra capter l’attention, marquer les esprits.

Esther Welger-Barboza : Il y a bien sûr une part de subjectivité assumée. Je dois pouvoir défendre chaque projet avec enthousiasme, sur scène comme auprès des programmateurs présents à Avignon. Mais j’ai aussi en tête une série de critères comme la singularité du geste artistique, l’équilibre entre les disciplines (danse, théâtre, jeune public, performance), la diversité des formats, pour toucher différents types de lieux et de programmateurs. Et puis, il y a les contraintes très concrètes d’Avignon qui sont les lieux, les plateaux, les horaires, les équipes techniques… C’est un vrai casse-tête, mais un casse-tête stimulant.

Tous les sexes tombent du ciel de Léa Katharina Meier © Emmanuelle Bayart
Tous les sexes tombent du ciel de Léa Katharina Meier © Emmanuelle Bayart

Esther Welger-Barboza : Je ne prétends pas représenter toute la scène suisse — elle est bien trop riche et variée pour ça. Mais je remarque que les spectacles que je choisis ont souvent un ton à part, une forme de décalage, de liberté, parfois d’humour grinçant. Beaucoup sont portés par des femmes artistes, là encore sans que ce soit un choix militant, mais c’est une réalité. Il y a aussi le désir de montrer une Suisse plurielle, traversée par des histoires d’exil, de double culture, de décentrage.

Esther Welger-Barboza : Il y a Turn On, de Soraya Leïla Emery, aux Hivernales. Un trio de femmes ayant une double culture (suisse marocaine, suisse algérienne et suisse tunisienne) qui explore, depuis ce prisme, le plaisir féminin et le regard porté sur les corps, dans une forme généreuse et participative, avec une partie du public invitée à s’installer sur des coussins au plateau. C’est à la fois intime, politique et drôle aussi.

À la Chartreuse, Léa Katharina Meier propose un solo, Tous les sexes tombent du ciel, aussi extravagant qu’envoûtant. Elle vient des arts visuels, puis s’est formée au clown, en tant que pratique performative. Sa recherche se concentre sur les notions de ridicule, d’abjection et de jubilation. Elle incarne ici un personnage enfantin, petit être pathétique et tendre qui passe par des états extrêmes, entre innocence feinte et débordement grotesque. Le décor, créé à partir de ses dessins, représente la maison et le monde de ce personnage, son intimité, où notre regard voyeur s’invite. On rit, on est mal à l’aise, on est cueillis.

Les petites variations / #1 mouvement pour cartes postales et #2 mouvement pour petite voiture du Théâtre de l'Articule © Carole Parodi
Les petites variations / #1 mouvement pour cartes postales et #2 mouvement pour petite voiture du Théâtre de l’Articule © Carole Parodi

Dans un autre genre, à la Manufacture, Joëlle Fontannaz poursuit avec L’Événement, son exploration des utopies communautaires et des dynamiques collectives. Inspirée d’un fait réel – l’incendie d’un four à pain au sein d’une communauté genevoise installée à Corfou – la pièce interroge, avec humour et distance, les tensions et les échecs qui traversent les projets de vie en commun. Sur scène, deux comédiennes et un comédien, dont Joëlle elle-même, rejouent cet épisode comme un chœur polyphonique, à partir d’une matière documentaire faite de témoignages. Entre récit partagé et improvisation, ils donnent forme à un canevas mouvant, où chaque représentation se transforme légèrement, comme pour mieux restituer la fragilité du collectif.

Côté performance, Cindy Van Acker investit la Collection Lambert avec une série dimpromptus quotidiens. Chaque jour, à partir d’une œuvre de la collection, ses trois interprètes créent une performance éphémère, partagée avec le public. C’est une façon magnifique d’interroger notre regard collectif, notre manière d’être ensemble, l’espace d’un moment suspendu.

Esther Welger-Barboza : Oui, et j’y tiens beaucoup. Les Petites Variations (#1 Mouvement pour cartes postales et #2 Mouvement pour une petite voiture) du Théâtre de l’Articule est une forme très légère de théâtre d’objets, poétique, simple, conçue pour les enfants à partir de quatre ans. Elle parle de transmission intergénérationnelle, entre grands-parents et petits-enfants. Et elle est pensée pour tourner facilement, même dans des lieux non équipés. La diffusion est déjà là, dans la conception.

Introducing Living Smile Vidya de Living Smile Vidya © Ronja Burkard

Esther Welger-Barboza : Oui, un autre coup de cœur. Artiste indienne, transgenre, exilée en Suisse depuis 2018, elle signe Introducing Living Smile Vidya, un one-woman-show entre stand-up et confession. C’est brut, drôle, jamais larmoyant, toujours généreux. Elle termine en lançant au public : « Si vous êtes metteur en scène, engagez-moi ! » Le spectacle est en tamoul et en anglais, surtitré en français. À découvrir !

Esther Welger-Barboza : Toujours. On signale tous les spectacles suisses jouant dans le In ou le Off, même s’ils ne font pas partie de la sélection. Il y a un esprit d’entraide, de visibilité partagée. Avignon est une scène, mais aussi un réseau — on y cultive l’idée de famille élargie.

Esther Welger-Barboza : Ce seront les dix ans de la Sélection suisse. Alors, on rêve d’un événement festif à la hauteur : peut-être un karaoké géant (rire), quelque chose de joyeux et rassembleur. Reste à trouver les financements… Ce n’est pas simple, car on agit hors territoire suisse, ce qui limite certaines aides. Mais on est tenaces. Parce que ce dispositif, je le crois profondément, reste un formidable outil de rayonnement, une plateforme nécessaire.


Sélection suisse en Avignon
Festival Off Avignon
du 7 au 20 juillet 2025

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