Crédits : Zeizig

La Trouée, un road-trip rural plein de bonnes « trouailles » 

Au Théâtre 13, à l'occasion du festival Impatience, Cécile Morelle présentait son premier spectacle autour de la place et la parole des femmes dans la ruralité.

Armée d’un micro accroché au bout d’une perche, Cécile Morelle s’aventure dans les plaines rurales de son enfance. Seul en scène poétique, documentaire incarné d’une petite-fille d’agricultrice, La Trouée fourmille d’inventivités pour porter sur scène un texte à trous dans lequel la campagne du nord de la France se dessine par petites touches.

© Zeizig

 « Et toi, c’est quoi le son de ton enfance ? ». En se frayant un chemin dans les rangées, ajustant sa perche selon sa cible, Cécile Morelle tente de recueillir ici et là quelques fragments des campagnes. Dans le public, on parle d’un clocher qu’on distingue depuis la fenêtre, du chant des cigales, d’odeurs de bétails. Très vite, après avoir brisé le quatrième mur, l’imaginaire s’invite et le jeu du question-réponse prend un autre tournant. C’est par le prétexte d’un son que Cécile Morelle nous transporte de la salle à une salle de traite. 

Comme pour reconstituer son reportage auprès d’une quarantaine d’agriculteurs, la comédienne convoque les personnages, leurs doutes, leurs paysages. À chaque séquence son dispositif, à chaque univers ses questionnements. Les femmes sont-elles « chez elles » dans leurs fermes ? Sont-elles chez leur mari ? Chez leur père ? Pourquoi tant de ruraux disent qu’il n’y a « rien » chez eux ? Pourquoi tant d’agriculteurs se suicident ?

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En réalité, nombre de ces questionnements restent en l’air. Cécile Morelle nous promène et chaque tableau tend à effacer le précédent, tant et si bien qu’il est parfois difficile de savoir si les promesses de la pièce sont tenues. Loin du cul-de-sac qu’elle nous restitue au début, elle esquisse au contraire une série d’embranchements dans lesquels elle ne s’aventure qu’à peine, au détour d’une question, d’une anecdote. 

Même si l’on souhaiterait que le spectacle creuse davantage ses thématiques et qu’il offre plus d’enjeux à ses personnages, force est de constater que les sujets balayés résonnent et que le public se montre particulièrement réceptif. En redoublant d’inventivité dans les dispositifs qu’elle porte au plateau, Cécile Morelle offre un seul en scène unique qui mérite le détour.


La Trouée de Cécile Morelle
présenté le 10 et 11 décembre au Festival Impatience
Théâtre 13 / Glacière
103A boulevard Auguste-Blanqui
75013 Paris
Durée 1H25

jeu et mise en scène – Cécile Morelle
Collaboration dramaturgie et technique de collectage – Anne Marcel & Fred Billy dans le cadre de la bourse « La Petite Chartreuse » du Nombril du Monde
Regard dramaturgique – Marie Vayssière et Chloé Duong lors de la résidence à la Chartreuse, CNES de Villeneuve les Avignon
Regard à la mise en rue – Christophe Chatelain
Collaboration artistique – Regard à la mise en scène – Chloé Duong, Edouard Peurichard
Collaboration artistique – regard chorégraphique – Edouard Peurichard, Valérie Oberleithner dans le cadre de la plateforme Happynest #5 du Collectif Superamas & Marie-Pierre Pirson
Création vidéo animée – Edouard Peurichard
Création photographique – Lucile Corbeille
Illustration – Philippine Brenac
Conception scénographique – Albert Morelle
Composition musicale – Arthur de Bary
Création Lumière – Leslie Sozansky
Regards et conseils – Paola Rizza (stage dramaturgie d’un solo avec Superstrat) & Alexandre Del Perugia (Stage Projet à l’Hostellerie de Pontempeyrat ), Annabelle Sergent, Olivier Tirmarche du Collectif Superamas

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