L’hôtel Kergolay Langsdorff reçoit habituellement les remises de médailles. Depuis le mois de décembre, il a retrouvé ses beaux atours du passé. Le public patiente devant son austère porte avant de pénétrer dans un hall d’entrée transformer pour l’occasion en vestiaire où il laisse manteau, sac et téléphone portable. Puis, devant le grand escalier, il attend les consignes qui lui permettront de grimper au premier étage.

Règlement de comptes

Au début, on ne sait pas très bien où se mettre. Nous sommes comme des fantômes du présent se faufilant dans le passé. Alors, on entre dans une pièce, puis dans une autre. Interdiction d’ouvrir une porte close ! On observe les meubles, les objets, les personnages déjà sur place. Nous nous imprégnions de l’ambiance. Je vous rassure, dès que l’action se met en branle, on se prend très vite au jeu. Je vous préviens, il va vous falloir être rapide, curieux et sportif ! Car vous allez courir d’une pièce, d’un étage à l’autre et construire votre propre parcours. Faites attention, une porte peut s’ouvrir et se refermer sur vous ! Il va falloir faire des choix, suivre tel ou tel personnage, abandonner un lieu pour un autre. Résultat, vous risquez d’avoir envie d’y revenir afin de découvrir ce que vous avez manqué !

Le crime était presque parfait

L’histoire n’est pas simple. Normal, c’est une intrigue policière. Elle se passe dans les années 1950. Henri Courtois est un jeune homme ambitieux et impulsif. Sa vie a été ponctuée de drames ! Aujourd’hui, alors qu’il s’apprête à ouvrir sa maison de couture dans ce bel hôtel particulier légué par son père, son destin va basculer. C’est la trame ! Je n’irais pas plus loin pour laisser le suspense vous cueillir ! C’est un véritable jeu de Cluedo® avec huit personnages et de nombreuses pièces. Mais ce n’est pas à nous de résoudre l’affaire, les secrets finiront par être dévoilés quand tous les spectateurs-témoins se retrouvent en fin de partie dans le grand escalier !

Falbalas

Sous la direction artistique de Nathalie Remy, l’ouvrage est absolument remarquable. Le ton donné s’inscrit dans la pure tradition des grands films noirs américains et français. Le texte, signé Jean-Patrick Gauthier et Frédéric Texier, est du cousu main. La scénographie, œuvre collective, est remarquable. Elle nous plonge dans cette ambiance d’après-guerre où le passé s’accroche et la modernité se pointe. Ne manquez pas d’observer les petits détails parsemés dans le décor. Ils ont leur importance. Les costumes soignés de Marie Credou donnent une belle allure aux personnages.

L’invraisemblable vérité

Le metteur en scène Jean-Patrick Gauthier est un orfèvre qui a du savoir-faire ! Toutes les scènes sont réglées au millimètre près. Rien n’est laissé au hasard dans ce puzzle, dont les morceaux sont éparpillés dans la maison. Benoît Hamon (Henri Courtois), Stephanette Martelet (la terrible et fragile Béatrice), Charlie Petit (l’espiègle Lise), Boris Ravaine (le gangster déchu), Nathalie Remy (la modéliste sévère), Julien Roullé-Neuville (le flic véreux), Marion Jadot (l’amoureuse trahie), Éric Wolfer (truand au cœur brisé) sont formidables. Ils se donnent à fond, chacun campant avec précision, son personnage. Devant le succès rencontré, le spectacle est prolongé. Pour finir, n’oubliez pas de réserver, car la jauge est limitée à soixante personnes.

Marie-Céline Nivière

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Haute couture de Jean-Patrick Gauthier et Frédéric Texier.
Hôtel Kergolay Langsdorff
9 rue de l’amiral d’Estaing
75016 Paris.
Du 6 au 29 janvier 2023.
Les vendredis, samedis et dimanches, horaires et réservation indispensable sur le site 5^e acte.
Durée 1h30.

Mise en scène de Jean-Patrick Gauthier.
Avec Benoît Hamon, Marion Jadot, Stephanette Martelet, Charlie Petit, Boris Ravaine, Julien Roullé-Neuville, Nathalie Remy, Éric Wolfer.
Scénographie de Marie Credou, Jean-Patrick Gauthier, Nathalie Remy, Frédéric Texier.
Costumes de Marie Credou.
Direction artistique de Nathalie Remy.

Crédit photos © Fabienne Rappeneau.