Les évanescentes complaintes de la Reine Garçon

Interrogeant la notion d’identité et de genre à travers neuf morceaux « folkement » mélancoliques, la Reine Garçon, duo né de l’envie de Fabien Guidollet et de Delphine Passant d’aller vers d’autres rivages, invite à un voyage en terre poétique, à une dérobade en contrées imaginaires. Une délicate et irréelle caresse musicale. 

Fabien Guidollet aime les défis, les changements de cap, les expériences multiples, les projets connexes ou annexes. De Facteurs Chevaux, groupe qu’il formait avec le guitariste Sammy Decoster à Vérone, où, déjà avec sa compagne Delphine Passant, durant une dizaine d’années, il a produit trois albums, le musicien ne cesse de se construire un monde, d’aller vers des univers étranges loin des standards, à l’orée de terres ancestrales, médiévales, mystiques. Continuant à creuser sa part féminine, déplaçant encore un peu plus loin la notion de genre, il initie avec La Reine Garçon – groupe et titre éponyme de l’album – un nouveau cycle tout aussi éthéré et tendrement évaporé. 

Entre légèreté et profondeur

Tout commence par une tendre mélopée d’un peu moins d’une minute. Les notes, les sonorités rappellent les chants des troubadours d’antan. Avec Tu es la fille que je voulais êtreFabien Guidollet donne le ton. Il nous invite dans une autre dimension, un monde où il, elle se mélangent, se confondent et se conjuguent. Passant des embruns de la mer à des paysages enneigés, l’artiste étonnant, détonnant, et sa compagne Delphine Passant, qui prête sa voix à la jeune fille, naviguent dans un espace imaginaire, onirique. On pense à Polnareff, aux comptines de l’enfance, aux complaintes d’un autre siècle. Habillés par les musiques évanescentes, signées par Jean-Baptiste Brunhes, les airs de notre duo s’envolent comme une plume. Derrière cette légèreté apparente, les mots touchent l’âme pour mieux nous ouvrir les yeux sur une évolution, un changement. La norme n’a plus sa place, elle est rendue désuète, transcendée par la différence, par la singularité de chacun. 

Un nouvel envol

Sans renier le passé, bien au contraire, La Reine Garçon est une nouvelle proposition de notre duo détonant, une manière de dépasser les frontières, les cases, les carcans. Au-delà de toute attente, ce nouvel album est une flânerie apaisante et sensible à écouter sans modération.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

La Reine Garçon – La Reine Garçon 
La Grange aux Belles/ Modulor

Crédit photos © Guendalina Flamini

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