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Un tango en bord de mer de Philippe Besson … Danse ardente et bestiale de la passion amoureuse

Deux fauves en cage. Deux hommes face à leur vérité, leur réalité. Deux amants, depuis longtemps séparés, retrouvant avec violence le désir de l’autre. Deux mondes, deux univers, celui de la bourgeoisie parisienne et celui de la classe moyenne banlieusarde. Deux personnalités fortes, en manque de tendresse et d’affection. Deux destins, unis le temps d’un pas de deux ardent et enfiévré, d’un tango fougueux et violent que l’écriture élégante et ciselée de Philippe Besson sublime. Deux comédiens intenses et flamboyants pour conter les hauts et les bas d’un couple passionnel. C’est l’essence profonde de cette pièce captivante qui aborde, avec

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Pour ce Tango en bord de mer, deux comédiens s’affrontent sur la scène du Théâtre du Petit-Montparnasse

Deux fauves en cage. Deux hommes face à leur vérité, leur réalité. Deux amants, depuis longtemps séparés, retrouvant avec violence le désir de l’autre. Deux mondes, deux univers, celui de la bourgeoisie parisienne et celui de la classe moyenne banlieusarde. Deux personnalités fortes, en manque de tendresse et d’affection. Deux destins, unis le temps d’un pas de deux ardent et enfiévré, d’un tango fougueux et violent que l’écriture élégante et ciselée de Philippe Besson sublime. Deux comédiens intenses et flamboyants pour conter les hauts et les bas d’un couple passionnel. C’est l’essence profonde de cette pièce captivante qui aborde, avec infiniment de délicatesse et de justesse, l’amour dans son universalité et dans sa particularité… Un petit bijou théâtral, en somme.

L’argument : un bar d’hôtel, en bord de mer, la nuit. Deux hommes esquissent les pas d’une danse compliquée, celle des retrouvailles. Ils se sont aimés jusqu’à se perdre. Après des mois de distance, ils se retrouvent. Par hasard ?

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Face à face violent, passionnel et alcoolisé, entre Stéphane (Jean-Pierre Bouvier) et vincent (Frédéric Nyssen) © Véronique Vercheval

La critique : Un bar d’hôtel chic, des lumières tamisées, de grandes baies vitrées pour apprécier la vue sur mer, deux fauteuil en cuir noir et une table en verre au design contemporain, épuré, servent de point de référence et d’ancrage dans cette arène des sentiments où le spectateur est plongé. C’est la nuit. Il est tard. L’endroit semble vide, déserté. Deux hommes entrent. L’un, Stéphane (époustouflant Jean-Pierre Bouvier), en costume gris, la cinquantaine rayonnante, est client de l’hôtel. L’autre, Vincent (convaincant Frédéric Nyssen), en jean et tee-shirt moulant son buste athlétique, la trentaine insolente, l’invité. L’un est un auteur à succès, en pleine tournée promotionnelle de son dernier roman, l’autre un rebelle anti-système, en quête d’une vie fantasmée et normée. Entre les deux, la tension est palpable.

Loin d’être des inconnus, les deux hommes ont vécu ensemble une histoire d’amour passionnelle qui les a laissés exsangues. La violence de leurs sentiments, la différence d’âge, la disparité sociale et financière, la dissonance de leurs émotions et de leurs sensations ont progressivement eu raison de leur couple. Les fêlures sont devenues blessures, les fissures, des abîmes. Les mots violents se sont transformés en gestes, en coups, les bleus, des plaies, des côtes cassées. Avant l’inévitable, Vincent a disparu sans un mot.
Blessés, mutilés, accidentés, chacun, petit à petit, a tenté de se reconstruire, à réapprendre à vivre jusqu’à cette soirée, deux ans plus tard, où, par un hasard plus ou moins forcé, ils se sont retrouvés.

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Les retrouvailles entre les deux amants sont teintées de tendresse, d’incompréhension et de reproche © Véronique Vercheval

Après quelques minutes d’euphorie face à ce moment souvent imaginé, espéré, toujours redouté, griefs accumulés et ressentiments retenus refont surface. La vodka aidant, leurs langues vont se délier. Les maux douloureux, tels des flots ininterrompus, vont devenir des paroles violentes puis salvatrices. L’un après l’autre, l’un avec l’autre, l’un contre l’autre, ils vont enfin se parler sans fard, sans dissimulation, sans faux-semblant. Chacun va raconter sa vie, sa solitude, ses incompréhensions.

Après le calme des retrouvailles, c’est une véritable tempête qui se lève dans ce bar d’hôtel, en bord de mer. Les deux hommes ont la rancœur et la rage au ventre. Tels deux fauves en cage, à la langue acérée, ils vont éructer leurs reproches, rugir leurs cassures, sortir les griffes. Ils ne seront repus que quand l’autre sera à terre. Pourtant, derrière ce jeu cruel et bestial, l’amour est toujours là, tapi dans l’ombre, prêt à bondir dans l’arène et brouiller, une nouvelle fois, les certitudes et les acquis. La braise n’est pas encore éteinte, le feu incandescent de la passion va ressurgir avec violence, ravageant tout sur son passage, ne laissant que deux hommes nus, l’un face à l’autre.

Bien que le point de départ de ce Tango en bord de mer soit l’homosexualité et les amours masculines, Philippe Besson dépasse les clichés, les fausses croyances et les dogmes poussiéreux, pour écrire une histoire universelle, afin que chacun s’y retrouve, se reconnaisse. Sa plume sobre, tonique et juste, signe un texte élégant, plein de subtilité et de délicatesse. Le verbe, délié, incisif et rythmé, ronronne, telle une douce musique à nos oreilles. La mise en scène dynamique de Patrick Kerbrat en souligne les subtilités et les tendresses.

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Durant une nuit, nos deux protagonistes font le bilan de leur rencontre © Véronique Vercheval

Emporté par les mots et leur tonalité, on est définitivement séduit par la félinité des deux comédiens. Contre toute attente, le duo formé par Jean-Pierre Bouvier et Frédéric Nyssen est une évidence. Leur jeu, leurs gestes et leurs mouvements s’accordent à merveille, nous entraînant dans cette danse improvisée et effrénée de la passion amoureuse… Aucun faux-pas ne vient dérailler cette machine huilée avec finesse et intelligence… Magistral !

Un Tango en bord de mer de Philippe Besson
Théâtre du Petit Montparnasse
31, rue de la Gaîté
75014 Paris
A partir du 9 septembre 2015
Du mardi au samedi 19h et le Dimanche à 15h30
Durée 1h20

Mise en scène de Patrice Kerbrat
avec Jean-Pierre Bouvier, Frédéric Nyssen
Décor et costumes
Edouard Laug
Lumières de Laurent Beal

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