Diastème © Richard Schroeder

Diastème, du bonheur à pleines dents

Diastème, dont la nouvelle pièce, Geli est à à l’affiche de la Manufacture, fait un tour dans son parcours.

Diastème © Richard Schroeder

Derrière un humour irrésistiblement fin et une grande sensibilité, l’auteur, metteur en scène et réalisateur possède un style puissant qu’il distille dans chacune de ses œuvres. Alors que sa dernière pièce, Geli, est à l’affiche de la Manufacture des Abbesses, Diastème raconte son parcours et son amour du théâtre.

© Richard Schroeder

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Des concerts de musique classique, des opéras. Petit, j’ai fait partie du chœur d’enfants de l’Opéra de Paris, d’une chorale aussi. De dix à seize ans j’étais sur scène, un peu partout dans le monde. Parfois au milieu d’un chœur, à chanter le Requiem de Mozart ou le Te Deum de Berlioz, parfois déguisé en petite fille sur la scène de l’Opéra Garnier, où je jouais une des petites sœurs de Charlotte dans Werther, sous la direction de Barenboïm. Cette partie de mon enfance a été assez drôle.

Geli © Mathieu Morelle
Aliénor de la Gorce et Frédéric Andrau dans Geli © Mathieu Morelle

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
L’écriture, étrangement. Même si j’ai enchaîné avec un groupe de rock. J’étais auteur-compositeur, chanteur et guitariste, je donnais des concerts, j’étais devant. C’est de là que vient mon nom d’artiste, d’ailleurs, Diastème, c’était celui de mon groupe de rock. Mais l’écriture avait déjà pris le pas — je n’étais pas si heureux que ça, devant. Même si j’ai toujours adoré chanter, et que la musique continue d’être très importante dans ma vie. Mais le véritable déclencheur, je pense, c’est la lecture des Justes à seize ans. Je n’avais jamais pensé mettre en scène du théâtre, mais en lisant ce texte, si jeune, je me suis promis de le faire un jour. Et je l’ai fait, vingt ans plus tard.

Qu’est ce qui a fait que vous avez choisi d’écrire pour le théâtre ?
J’ai commencé par écrire des chansons, puis des nouvelles, puis des articles, puis des chroniques, puis des romans. C’est devenu à vingt ans mon métier, écrire me faisait vivre, alors j’ai posé ma guitare et je me suis mis à écrire. Vraiment. C’est devenu ma vie. Comme je n’aime pas m’ennuyer et que je suis curieux, je crois avoir touché à tous les genres littéraires ! Le théâtre est venu assez tard, vers trente ans, avec ma première pièce, La Nuit du thermomètre, mais cela a été un tel choc, une telle révélation, que je n’ai plus arrêté depuis.

Diastème - La nuit du thermomètre © DR
Frédéric Andrau et Emma de Caunes, « La nuit du thermomètre » © DR

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
La Nuit du thermomètre, ma première pièce, avec Emma de Caunes et Frédéric Andrau. J’en garde un souvenir magnifique, incroyable. Nous l’avons créée dans un CDN, à Nice, puis reprise au Théâtre Marigny, puis longuement en tournée. Nous avons été nommés aux Molière… Pour une première fois, c’était fou ! Je ne sais pas si cela serait encore possible aujourd’hui… Et puis, surtout, c’était ma première mise en scène. Dès que j’ai mis les pieds sur ce plateau, à Nice, j’ai su que je ferai ça toute ma vie. J’ai su que c’était là ma place. Écrire et mettre en scène.

Votre plus grand coup de cœur scénique ?
C’est difficile à dire. J’ai quand même eu quelques chocs dans ma vie. Le Phèdre de Chéreau, Tom Waits en concert, Zero Degrees, avec Sidi Larbi Cherkaoui et Akram Kahn — pour parler de différentes disciplines. Et, aujourd’hui, bien sûr, tous les spectacles de mon ami Christophe Honoré.

Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Dans le théâtre mes comédiens : Frédéric Andrau, Jeanne Rosa, Emma de Caunes, bien sûr, avec qui nous avons fait tant de choses, que j’aime tant. Cette espèce de troupe élargie qui s’est créée au fil des ans, et des projets. Sûrement mon ancien assistant, aussi, Mathieu Morelle, qui a fait tous les postes avec moi, et qui est aujourd’hui producteur de Geli — ou mon éclairagiste, et mon ami, Stéphane Baquet, avec qui j’ai fait toutes mes pièces. Ils sont ma famille. Et Aliénor de la Gorce, à qui je dois Geli, évidemment.

Diastème © Pascal Chantier
Diasteme et Frédéric Andrau, « Le bruit de s gens autour » © Pascal Chantier

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Je suis auteur et metteur en scène de théâtre, scénariste et réalisateur de films ; et il m’arrive d’écrire des livres. C’est ma vie. Je suis ça. Et je ne pourrais être rien d’autre.

Qu’est-ce qui vous inspire ?
Tout peut être inspirant. J’ai la chance, en plus, de naviguer dans plusieurs styles – avec quelques sujets récurrents néanmoins. Donc je ne m’ennuie jamais. J’ai des dizaines d’idées de pièces, de films ou de romans, dans mes tiroirs. Autant de drames que de comédies.

De quel ordre est votre rapport à la scène ?
J’ai alterné, ces quinze dernières années, théâtre et cinéma. Mais quand je m’éloigne trop longtemps du théâtre — ça prend du temps de faire un film —, un manque immense s’installe. Et j’y retourne très vite.

À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Où je ne sais pas exactement mais c’est très clair qu’il est physique. J’aime ressentir. J’aime entendre les rires d’une salle, ou ses silences, ou ses sourires. Une salle entière qui sourit, ça fait un bruit phénoménal, unique. Mon premier long-métrage, d’ailleurs, qui se passe pendant le festival d’Avignon, s’appelle Le Bruit des gens autour !

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?

Diastème © DR
Mathieu Morelle , Fredéric Andrau et Diastème © DR

Plein ! J’ai eu la chance de faire un film, Le Monde d’hier, avec deux de mes comédiens préférés au monde : Léa Drucker et Denis Podalydès. J’adorerais évidemment monter une pièce avec eux. Comme avec mon amie Pascale Arbillot, ou avec Valérie Lemercier que j’adore. Et tant d’autres…

À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
Celui de monter mes projets est assez fou et me suffit. J’ai trois pièces en chantier : Falbalas, avec Jeanne Rosa, sur laquelle nous travaillons depuis quelques mois ; Fanfare, une fantaisie burlesque avec et pour les frères Baquet ; et une dernière, plus lourde en termes de production, qui s’appelle Hammam. Mais je dois d’abord réaliser un film en janvier, une comédie musicale, intitulée Joli Joli, écrite avec Alex Beaupain, qui me ravit et me prend tout mon temps.

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Aucune idée… Un Acte d’amour ?… C’est un peu pompeux, non  Mais le film existe, je vous assure… Même s’il n’est pas très très connu.

Pour lire l’article sur Geli, cliquez ici.


Geli, texte et mise en scène de Diastème.
Manufacture des Abbesses
7 rue Veyron
75018 Paris.
Jusqu’au 16 janvier 2024.
Durée 1h10.

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