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Paprika, un boulevard déjanté à l’originalité toute relative

Au théâtre de la Madeleine, Jeoffrey Bourdenet pimente Paprika avec la piquante Victoria Abril.

L’incandescente Victoria Abril, tout en gouaille et décolleté ravageur, réchauffe les cœurs parisiens. Le verbe haut, l’accent chantant, elle nous entraîne dans la folle histoire maternelle d’une croqueuse d’hommes, qu’a concocté pour elle Pierre Palmade. Si l’auteur use de facilités boulevardiennes, on se laisse charmer par une sympathique distribution où irradie Prisca Demarez.

Au cœur de Paris, dans un bel appartement aux couleurs chaudes, Eva, une étrange créature, un brin saoule, déambule en tenue de Tyrolienne sexy – si si …..c’est possible quand c’est porté par la plus française des actrices espagnoles, l’éblouissante Victoria Abril. La nuit semble avoir été quelque peu agitée pour la belle quinquagénaire. Histoire de se rassurer et de raccrocher quelque peu les wagons entre les bribes de ses souvenirs, elle appelle sa meilleure amie, strip-teaseuse de son état, la sublime Clémentine (lumineuse et hilarante Prisca Demarez). La mémoire revenant, l’alcool s’évaporant, l’image d’un beau pompier (amusant Jules Dousset), un peu trop jeune, refait lentement surface. Avec l’âge, la mangeuse d’hommes, la meneuse de revue de danseuses en tenue très légère, se sent un brin fatiguée par ses frasques.

PAPRIKA_Madeleine_Palmad_Abril_ 2 HD-©Fabienne Rappeneau_@loeildoliv

C’est à ce moment que sonne à sa porte, une grande bringue de 28 ans, un jeune homme propret, le charmant Luc (charismatique Jean-Baptise Maunier). Derrière les sourires gênés, les formules de politesse, ce dernier avoue qu’il est son fils qu’elle a abandonné à la naissance. Incapable d’assumer cette maternité omise, oubliée, la belle espagnole s’invente un personnage de femme de ménage pétulante répondant au surprenant nom de Paprika. Très vite, quiproquos et malentendus se mêlent, s’entremêlent, aprioris et préjugés se confrontent et volent en éclats pour arriver à un twist final touchant et heureux, après tout, on est dans une comédie de boulevard.

C’est en pensant à la piquante Espagnole que l’humoriste a imaginé cette histoire abracadabrantesque et farfelue. Pour lui qui a écrit pour Maillan, il fallait une personnalité, une comédienne n’ayant pas froid aux yeux pour assumer tenue affriolante, verbe cru et situations cocasses. Pierre Palmade a trouvé en Victoria Abril, qui n’était pas montée sur les planches depuis plus de 30 ans, une perle rare, une comique délurée qui a cette capacité rare de sentir le public, d’aller le chercher quand elle sent une baisse de régime. Si l’on peut regretter un texte téléphoné, un abus de répliques entendues, un scénario éculé, il faut souligner le beau travail de mise en scène de Jeoffrey Bourdenet qui a su avec malice et finesse donner du lustre à cette farce gentillette, qui interroge en filigrane sur la filiation.

Pour se faire, le jeune comédien a su s’entourer d’une fort agréable distribution. Aux côtés de l’inénarrable Victoria Abril, le nonchalant et dégingandé Jean-baptiste Maunier incarne joliment ce fils abandonné rêvant sa génitrice en prof de Latin-Grec à la Sorbone, le beau et musclé Jules Dousset se glisse avec une autodérision désopilante dans la peau du pompier benêt et homme objet, le décalé et lunaire Julien Cafaro, s’amuse en concierge enamouré de la belle Eva. Enfin, et c’est la révélation comique de la pièce, Prisca Demarez enchante en éthérée sulfureuse, en bonne amie qui met savoureusement les pieds dans le plat.

En soit Paprika ne révolutionne pas le genre, mais c’est bon moment qui se déguste l’air de rien avec un plaisir certain.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


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Paprika de Pierre Palmade
Théâtre de la Madeleine
19, rue de Surène
75008 Paris
A partir du 17 janvier 2018
Du mardi au samedi à 21h et en matinée le samedi à 16h30.
Durée 1h45 environ

Mise en scène de Jeoffrey Bourdenet
Avec Victoria Abril, Jean-Baptiste Maunier, Julien Cafaro, Prisca Demarez et Jules Dousset

Crédit photos © Fabienne Rappeneau

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