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My Rock, le ballet électrique et survolté de Gallotta

Jean-Claude Gallotta fait flotter un air de rock sur la scène du théâtre du Rond-Point.

Invitation au voyage dans la mémoire musicale du chorégraphe, My Rock décline les mélodies et les pas de danse façon Jukebox. Passant du blues au grunge, du folk au punk, Jean-Claude Gallotta raconte son amour du rock et son étroite imbrication dans son processus créatif. Chaque mouvement, chaque geste, imprégné du style de l’artiste, évoque son univers énergique, charnel et vivant. Hymne à la vie, à l’amour, la balade « gallottienne » perd de son sel, faute d’une scénographie fouillée et d’un texte trop présent, un brin bavard. Ici donc, point de révolution, mais des rythmiques qui retiennent l’attention et des corps en toute liberté, qui envoûtent… Une bien jolie et chaleureuse rêverie, en somme !…

Les cris des guitares électriques, les râles des guitares basses et les rugissements des batteries, ont bouleversé la jeunesse grenobloise de Jean-Claude Gallotta. L’homme à la silhouette longiligne n’imaginait pas qu’une musique si révolutionnaire dans les années 1960, lui donnerait le goût de la danse, de la mouvance des corps. Electrisé par ces mélodies nouvelles, il se passionne pour ce genre musical, pour ces tonalités singulières et pour ces voix étonnantes, puissantes ou feutrées. D’Elvis Prestley à Bob Dylan, des Beatles aux Rolling Stones, de Kurt Cobain à Léonard Cohen, tous vont insuffler au chorégraphe des gestes, des mouvements, des impulsions.

MY-ROCK_Gallotta_Rond_Point__©Giovanni_Cittadini_Cesi_047_@loeildoliv

Cet amour inconditionnel pour le rock, pour tous les courants du rock, Jean-Claude Gallotta a voulu le transmettre, le partager. Ainsi, il y a 10 ans, il a créé, avec sa troupe, My Rock, une surprenante flânerie musicale et dansée. Loin des clichés et des tubes, il a cherché dans le répertoire de ces icônes rebelles et révoltées, des morceaux intimes, plus rares, des balades qui ont un écho dans la vie de l’artiste. Durant un peu plus d’une heure, le chorégraphe nous guide dans les méandres de sa mémoire, dans ses souvenirs. Présent sur la scène, vêtu de noir, un chapeau sur la tête et un micro dans les mains, il dessine un monde à son image, rempli d’anecdotes et de fantômes de son passé. Bien que cette plongée dans la personnalité de l’artiste ne soit pas dénuée d’intérêt, un brin trop bavard, le texte casse la belle rythmique et pèse sur la fluidité des 13 chorégraphies. Le vide de la scène, hormis l’écran géant qui projette des images datées des pochettes d’album de nos différents rockers, et l’absence d’une scénographie imposant un quelconque point de vue, renforce cet effet « patchwork », cette juxtaposition de séquences harmonieusement inégales.

C’est pourtant de la danse que vient principalement la magie de My Rock. Le style « gallottien », sensuel, charnel, déstructuré et étonnamment vivant, se retrouve dans tous les gestes, les sauts et les mouvements. Qu’il soit seul sur scène, en duo ou en groupe, les douze danseurs dégagent une énergie peu commune qui emporte l’adhésion du public. Certains sifflotent les airs, d’autres fredonnent les paroles, quelques-uns se trémoussent sur leur siège. Tous vibrent au rythme rock de River Man de Nick Drake, de Sunday Morning du Velvet Underground ou de Gloria de l’envoûtante Patti Smith.

En mêlant savamment valse, danse contemporaine et rock acrobatique, Jean-Claude Gallotta signe un ballet éclatant de vie, électrique et étrangement viscéral. Si, parfois, et cela est perturbant, la danse semble en dysharmonie avec la musique, c’est implicitement lié à la manière particulière de travailler de l’artiste – un silence absolu, loin des rythmiques et des mélodies, lui est nécessaire pour trouver l’inspiration chorégraphique. Le plus souvent, l’effet est bluffant.

MY-ROCK_Gallotta_Rond_Point__©Guy_Delahaye_004_@loeildoliv

L’énergie brute et organique de la musique est transcendée par cette troupe hétéroclite de danseurs qui exprime le désir de vie, d’amour, de passion et de liberté. Le duo alliant la trapue Ximena Figueroa et l’élancé Thierry Verger est d’une rare intensité. A chaque communion de leurs êtres, la tension charnelle et sexuelle est palpable. Le filiforme et félin Gaetano Vaccaro se meut avec grâce et aisance, impulsant une force vivifiante. Délurée, rockeuse jusqu’au bout des ongles, Georgia Ives transmet énergie et profondeur à ses mouvements. Elle bondit, virevolte entraînant ses partenaires dans un tourbillon fou…

Au final, le moment passé, ne reste que la musique – Jean-Claude Gallotta est un érudit en la matière – , quelques tableaux d’une surprenante beauté, une envie indéfectible de vivre et de liberté, mais avec l’impression étrange que le spectacle manque d’une vraie proposition, d’une vraie force de conviction pour séduire tout à fait !…

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


Aff_MyRock_Gallotta_Rond_Point_©Stephane_trapier_@loeildoliv

My rock de Jean-claude Gallotta
Théâtre du Rond-Point – Salle Jean Vilar
2 bis, Avenue Franklin Delano Roosevelt
75008 Paris
Jusqu’au 6 décembre 2015
du mardi au samedi 18h30 et le dimanche 15 h
Durée 1h05

chorégraphie de Jean-Claude Gallotta assisté de Mathilde Altaraz
textes de Claude-Henri Buffard et de Jean-Claude Gallotta
avec Alexane Albert, Ximena Figueroa, Jean-Claude Gallotta, Paul Guëllo, Ibrahim Guétissi, Georgia Ives, Fuxi Li, Bernardita Moya Alcalde, Fatoumata Niang, Jérémy Silvetti, Gaetano Vaccaro, Thierry Verger, Béatrice Warrand.
costumes de Marion Mercier et Jacques Schiotto assisté d’Anne Jonathan
montage vidéo de Benjamin Houal

Crédit photos © Guy Delahaye & Giovanni Cittadini Cesi / crédit illustration © Stéphane Trapier

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