Les révoltées

Avec l'aimable autorisation de Pierre Maillet, de Charles Bosson et Sugar Deli, L'Œil d'Olivier publie aujourd'hui le 12ème chapitre de l'autobiographie d'Holly Woodlawn.

Chapitre 12 de l’autobiographie d’ Holly Woodlawn.

Andy était captivé par Hollywood. Il aimait le glamour et le statut social alliés au monde du cinéma, mais il était attristé par l’effondrement des studios. Plus de nababs comme Louis B. Mayer ou Jack Warner pour fabriquer des stars. Fini les acteurs sous contrat, Hollywood était assailli par les indépendants. 

Andy rêvait d’en faire partie mais je crois que les gens ne le prenaient pas complètement au sérieux. Rien à voir avec la chose blanche posée sur sa tête mais plutôt les idées progressistes qui poussaient à l’intérieur. Entrepreneur dans l’âme il décida donc de créer son propre système de studio. À partir de 1963 il commença à recruter ceux qui allaient faire partie de son écurie de stars. Warhol nous trouvait bien plus glamour, fabuleux et sensationnels que tout ce que Hollywood avait à offrir. Il avait tellement relevé notre piédestal que le mot « star » ne suffisait plus à le décrire. Il fit de nous des Superstars. 
Parmi les premières créations d’Andy figurent Ingrid Superstar, Viva, Ondine, Ultra Violet, Taylor Mead et la tristement célèbre Edie Sedgewick. Edie était tombée dans la drogue et l’alcool et mourut prématurément à 28 ans. C’était pour Andy sa Judy Garland de l’underground, une star vouée à la dévastation et l’autodestruction. Mais il était excité par le parallèle avec le vieil Hollywood qui broyait et ravageait ses stars. Il pensait aussi que les « starlettes » comme moi étions « une incarnation vivante de la manière dont les femmes du passé se comportaient. Une archive ambulante de l’idéal classique hollywoodien ». Ces archives sur pattes avaient pour noms Candy DarlingJackie Curtis et Holly Woodlawn.

Trash avait été acclamé par la critique comme le film de Paul et Andy le plus ambitieux en terme de narration et de direction d’acteurs, à l’inverse des précédents qui se complaisaient dans un manque d’imagination et de structure. Il y avait de tout dans Trash : du drame, du sexe, de la comédie, de la tragédie… et même un numéro musical ! George Cukor a dit que c’était la comédie dramatique de la décennie. Pour ma part je le voyais comme une parodie des vieux films hollywoodiens. Dans les premières années du cinéma les stars ne juraient pas, ne baisaient pas, elles n’allaient même jamais pisser. Une vraie bande de saintes-nitouches ! Paul a brisé toutes ces conventions et emmené ces films dans la direction opposée, se délectant de la décadence de ses personnages. Mais même au plus bas de leur chute vous continuiez à souffrir avec eux.
Il avait le talent de la narration et de la direction, Andy celui de transformer le talent de ses poulains en flouze. Vu le succès critique et financier du film je les imaginais bien tous les deux à la Factory en train d’imaginer le film suivant comme Louis B. Mayer préparant Femmes
 « Il faut refaire un film avec Holly. Un truc à la hauteur de son talent mais qui soit dans l’air du temps » dit Paul en se grattant la tête et en arpentant le sol de la Factory. Andy gratte sa perruque et Paul s’écrie : « On va faire un truc sur la libération des femmes ! C’est FAIT pour elle ! »
– « Ah ouais ? » répond Warhol de sa voix monotone et entrouvrant les yeux.
– « Mais oui ! Et on appellera ça P.I.G.S. »
– « Pigs ? » demande Andy d’une voix encore plus monotone. « T’es sûr ? »
– « Pour « Girls investies en politique ! » mais le truc c’est que toutes les meufs seront jouées par des travelos. On prendra aussi Jackie et Candy ! »
– « Wow ! »
Ce qui intéressait Paul c’était un art qui imitait la vie, et l’idée d’un film sur le mouvement de libération des femmes tombait à pic alors qu’on brûlait quotidiennement des soutien-gorge. Paul m’a appelé chez Asha où j’étais depuis un mois pour me demander si le projet m’intéressait.
 « Bien sûr que je veux le faire ! » hurlai-je dans le combiné avec le cœur qui battait à cent à l’heure. 
 « Et que penses-tu de jouer avec Candy et Jackie ? »
– « Oh je trouve ça fabuleux ! » Et je le pensais vraiment, pas seulement pour le succès du film mais pour le plaisir de pouvoir à nouveau travailler toutes les trois. On aurait peut-être enfin la chance de se retrouver comme avant, quand nous ne nous prenions pas encore pour des stars.

Le tournage de Femmes Révoltées (Women in Revolt) commença au printemps 1971 dans un appartement branchouille de l’Upper East Side. Dans ma première scène je jouais avec Martin Kove qui était devenu célèbre pour son rôle dans la série Cagney et Lacey. Il était superbe ! Grand, mystérieux, et gaulé à faire fondre la plus frigide des connasses. Il avait un beau sourire immense et la personnalité d’un authentique séducteur. 
Au début de la scène je disais à mon mec (Martin) que j’en avais marre d’être une femme dépendante, que j’en avais soupé de la domination masculine. Bien sûr je n’avais pas la moindre idée de ce que je disais, j’étais portée par les quelques verres que je m’étais tapé avant dans le but de détendre mes nerfs. Et c’était mission impossible, j’étais tellement tendue que je me suis lancée dans une tirade sur la révolution des femmes à vous foutre les poils. Je me suis retapé un verre pour essayer de noyer les papillons qui se baladaient dans mon ventre mais comme ça ne marchait pas j’en ai repris un autre. C’est là que j’ai eu l’idée de trinquer en l’honneur de Barbra Streisand, puis à une autre… Je peux vous dire qu’à la fin de la bouteille je ne valais plus grand chose.
J’étais torchée mais j’étais aussi très mal informée : je pensais vraiment que c’était un film sur des lesbiennes ! Je ne savais pas que c’était un film « brûlez vos soutien-gorge » ! Tout ce que j’avais compris c’est que mon personnage avait rencontré celui de Jackie dans une assemblée féministe et que j’avais flashé sur elle. La libération des femmes c’était une notion très abstraite pour moi. Du coup comme je disais à Martin dans ma première scène que je détestais les hommes et que j’aimais la chatte ça ne faisait pas un pli que ce film parlait de lesbiennes.
 « Je hais les hommes et j’aime la chatte » ça c’était du slogan ! « Je bouffe des chattes » hurlais-je proclamant ma nouvelle sexualité. Mon chéri si c’était ça la libération des femmes, ça allait se faire sans moi. Enfin, à part si ça pouvait servir ma carrière. Martin criait qu’il m’aimait et avant que je comprenne ce qui se passait il était monté sur moi et m’arrachait mes vêtements. Je ne voulais pas de lui et je devais trouver la force en moi de crier et de hurler pour le repousser. Pas si facile !

J’ai appris plus tard que Martin ne me connaissait pas du tout et ne savait rien de moi. Il essayait de percer comme acteur et son oncle l’avait présenté à Paul. Il n’était pas familier de la bande à Warhol et ne savait pas que je n’étais pas vraiment une femme. Et personne n’a cru bon de le lui dire, alors que pendant toute la scène il se démenait pour remonter ma jupe. 
À la fin du tournage on est restés un peu tous les deux à discuter. Il était vraiment adorable mais je ne l’ai jamais revu depuis. Il est parti de son côté et je suis retournée chez Asha. On a tous fêté ça le soir chez Max et j’ai rencontré la star des mannequins Verushka, qui était là avec ses trois sœurs. J’ai été étonnée d’apprendre qu’elles étaient toutes de sang royal et Baronne ceci ou Comtesse cela.
Verushka était LA super modèle des années 60. Grande, longs cheveux blonds avec un visage carré ponctué par de hautes pommettes et des yeux immenses et lumineux. Ses grandes jambes et ses grands bras d’araignée lui donnaient une allure unique. Elle était aussi le seul mannequin que je connaisse à avoir son photographe attitré.

Le lendemain matin on se préparait à tourner ma deuxième scène dans laquelle jouaient aussi Jackie Curtis et mon ami Sydney dans un appartement à Chelsea sur la 19ème. On était tous bourrés. Jackie et Sam, le mec qui jouait son boy-friend,étaient au speed et refusaient de partager. On s’est donc repliés sur les cocktails avec Sydney.
C’est dans cette scène qu’on présentait le personnage de Jackie. Elle jouait une prof du New Jersey qui humilie Sam en lui jetant des allumettes dessus, en lui donnant des ordres et en le faisant danser pour elle. Au début il porte des sous-vêtements et lui peint les ongles pendant qu’elle sirote une bière en fumant. J’arrive avec Sydney en apportant une plante et il veut me baiser mais je ne supporte plus l’idée de me laisser faire par un homme alors on le fout dehors avec Jackie. Puis je lui dis à elle à quel point je l’aime. Jackie commence à me parler du mouvement des femmes et moi je lui parle de lesbiennes, car je crois encore que ce film parle de lesbiennes !
Femmes révoltées
a été filmé en plusieurs mois. Ce n’était pas un tournage facile pour moi car j’étais très intimidée par Candy et Jackie. C’est la première fois que j’improvisais avec elles et elles menaient clairement la danse. J’étais terrifié à l’idée qu’elles m’éclipsent alors, dès que j’entendais « action ! » je me repliais en moi-même car je ne voulais pas entrer dans leur jeu et me battre pour un temps de présence à l’écran.

Je buvais aussi énormément. Je ne me considérais pas comme une alcolo mais j’en tenais une sacrée couche ! Ça me rendait la vie plus facile et ça me libérait de ma timidité. Si je me réveillais déprimée il me suffisait d’un cocktail et le monde s’améliorait à vue d’œil. Ciao les doutes, les défauts et les soucis.
Ce film qui aurait dû être le mien devenait plutôt celui de Jackie et Candy. Le sort en avait décidé ainsi. Mon grand premier rôle avait été déclassé en rôle secondaire. Mais Jackie était tellement envahissante, je me demandais tout le temps pourquoi son personnage ne me rendait pas l’amour que je lui portais mais cela s’expliquait par son comportement dans la vie. Elle ne pensait qu’à elle.
Candy était plus blonde que jamais ! Elle était distante et arrogante et ne se pointait jamais sur le plateau sans sa manageuse. Miss Darling nous avait chopé une Norma Desmondite carabinée. Elle pensait vraiment appartenir à une race supérieure et nous regardait tous de haut comme de vulgaires paysans. Ça me rendait malade. Mais ironie du sort, son rôle était celui d’une salope bourrée de fric qui veut devenir une star.

La première fois qu’on nous réunit toutes les trois, c’est dans l’appartement rococo de Kenneth Lane pour une scène de grand meeting féministe. Tout le monde était de la partie : Baby BettyPenny ArcadeRita ReddSusan Chicklet (l’ancienne actrice de porno) et même Patrick Higgins (qui jouait la grand-mère de Candy).
Le personnage de Candy avait du mal à décider si elle voulait participer au mouvement de libération des femmes et quelqu’un cria : « Descends un peu de ton trapèze et viens voir un peu ce qui se passe ici ! » On n’aurait pas pu viser plus juste. Le piédestal de Candy était si haut qu’elle était perchée dans les nuages 24h sur 24. 
Miss Darling était tellement préoccupée par sa stature qu’elle en était devenue insupportable. Et un jour c’est vraiment devenu incontrôlable. Elle me prenait de haut et comme je m’étais envoyé un Zinfandel de trop je n’étais pas d’humeur pour ses conneries de prima donna. Elle me dit que mon comportement la dérangeait et je lui ai retourné le compliment. Et ça se serait arrêté là si sa manageuse ne s’était pas pointée pour souffler sur les braises. 
 « Qu’est-ce qui se passe ici ? » demanda-t-elle indignée.
 « Putain t’es qui toi ? » répondis-je.
 « Je suis la manageuse de Candy Darling, voilà qui je suis, et vous êtes en train de harceler ma cliente. »

Personne ne harcelait personne jusqu’à ce que cette pute vienne se mêler de notre histoire et, à cause d’elle, ce qui avait commencé comme une petite querelle a pris des proportions incroyables. Il me semblait que la seule solution pour en finir était de leur distribuer des claques. Et c’est ce que j’ai fait. Ça s’est tout de suite transformé en une scène d’attrapage de cheveux agrémenté de coups de poings dans les tripes et de « j’vais te tuer sale pute ! »
Rita Redd et Jackie nous ont séparées et Candy sortit de la pièce dans une fureur royale accompagnée de sa manageuse. Je me consumais de colère et il fallut une bonne dose de vin pour calmer l’incendie. Mais ça ne m’empêchait pas de continuer. Supporter Miss Candy Darlingc’était une chose, mais se taper une ménagère rincée du Queens qui se prenait pour Swifty Lazarc’en était une autre !
Et ce n’était pas tout pour la journée. En arrivant chez Max après le tournage j’envoyais des baisers dans l’air et je me contentais d’être fabuleusement moi-même quand une espèce de grand singe trapu s’est approché et m’a dit : « C’est vous Holly Woodlawn ? » Et au moment où je mettais ma main dans mon sac pour trouver un stylo il m’attrape par le cou, me plaque contre le mur, et commence à m’étrangler ! J’étais en train de me faire assassiner avec mes yeux qui sortaient de leurs orbites, mes bras qui s’agitaient, mes bijoux qui s’entrechoquaient et ma voix qui ne sortait plus. Quelle horreur ! Et je n’avais même pas eu le temps de finir ma carafe ! Le culot de cet énergumène ! Je sais bien que les gens étaient déçus qu’on me prive des Oscars, mais là il poussait trop loin, il foutait en l’air mon entrée en scène !

Au moment où mes yeux se figent et que ma face vire au bleu, Philip le manager arracha le singe de mon corps presque sans vie (mais sapé comme jamais). L’autre me dit d’une voix grave et rauque : « Tu touches encore une fois à ma femme et je te tue ! » J’étais sur le cul. La brute n’était même pas un fan, mais le mari de cette pute sans cœur et sans talent. J’ai eu tellement peur que j’ai immédiatement trouvé refuge dans ma carafe. À la fin de la soirée j’avais tellement bu que j’aurais pu me transformer en grappe de raisin.
Le tournage de Femmes Révoltées se transforma en une comédie frénétique d’alcool et de drogue. Imaginez Jackie, Candy, Rita, Estelle, Baby Betty et moi entassées dans une salle de bain à s’enfiler des verres de blancs en nous maquillant, nous coiffant et tapant du speed. Impossible de faire plus drôle mais quand l’heure arrivait de jouait nos scènes on était tellement parties qu’on ne répondait plus de rien. Ça a viré au fiasco et à l’absurde, en particulier quand je me suis retrouvée à l’envers sur un fauteuil roulant à me faire prendre par un homme que je ne connaissais pas. Là je me suis dit que ça partait sérieusement en couilles. 
Mon animosité envers Candy mûrissait et je ne ratais plus une occasion de lui crier dessus pendant les scènes. C’était une manière pour moi de laisser sortir mon agressivité et très vite on m’accorda une petite pause.

J’en profitais pour aller en Caroline du Nord avec Sydney pour passer un moment sur une île privée appartenant à ses amis friqués et je suis revenue à New York juste pour reprendre le tournage. On devait faire une grande scène de bar downtown près de chez Paul dans l’East Village avec les filles. Andy est venu y assister, c’était la première fois que je le voyais sur un tournage. 
Dans le bar on devait simuler une bagarre. On était tellement allumées que les petites culottes volaient en l’air et il fallait nous voir en train de crier et de nous frapper. Pourtant six mois après le début du tournage je pensais encore qu’on faisait un truc sur des lesbiennes. Ils criaient tous qu’ils voulaient l’égalité des droits et moi que je voulais plus de chatte. 
À la fin du film Jackie a un bébé et se tire dans le New Jersey avec Mister America, Candy part faire carrière à Hollywood et myself on me laissait sombrer dans l’alcool et les bas-fonds. Piquée, la diva. Dans mon dernier plan j’erre sous la pluie et je m’arrête pour pisser au pied d’un immeuble. Cette fois l’art de Paul imitait un peu trop la vie. Il aurait pu me faire mourir, je serais montée au ciel et j’y aurait fait un grand numéro musical putain de merde !
Peu de temps après la fin du tournage j’ai repris la promo de Trash, et c’était un vrai tsunami ! J’étais invitée à parler du film dans les lycées et les universités et même à la première à Atlanta. Juste avant de prendre l’avion pour m’envoler au pays du coton et de Scarlett O’Hara, Ismaël Merchant m’appela pour me proposer un rôle payé 3000 dollars dans son film Femmes vulvaires(retitré plus tard Les Sauvages) aux côtés de Martin KoveUltra-Violet et Asha. Le projet me plaisait mais pendant mon séjour à Atlanta je reçus un télégramme d’un autre producteur me proposant le rôle principal dans son film Un Épouvantail dans un jardin de concombres. C’était payé 6500 dollars et j’ai sauté sur l’opportunité.

J’ai beaucoup aimé Atlanta et après m’être enregistrée au Hyatt j’ai retrouvé Johnny, mon bel amour perdu. Dans mon souvenir, son corps était doux comme une pêche de Géorgie et j’avais très envie d’y regoûter. Il finissait son lycée. Il était heureux de m’entendre et m’invita chez ses parents pour le diner. 
Ses parents avaient vraiment réalisé le rêve américain. C’était des gens charmants qui habitaient une maison charmante dans un quartier bourgeois. Et voilà que j’entrais dans leur vie, non sans un certain vacarme. Ils étaient gentils mais ils n’avaient pas la moindre idée de ce que j’étais, et encore moins que j’avais pu initier leur fils à la face cachée de la lune. 
Pas la peine de dire qu’entre Johnny et moi l’étincelle était toujours là, et très vite elle se transforma en bûcher pour nos deux corps qui n’en firent plus qu’un seul. On était incorrigibles, on s’attrapait dans tous les coins. Quand l’heure du départ sonna, je mis tous mes jupons dans ma valise avant de lancer un « salut la compagnie ! » général, laissant le pauvre garçon tout seul dans ses champs de cotons. Si j’avais appris une chose de mes romances, c’est qu’il faut toujours les affamer !

Traduction française de Charles Bosson, Sugar Deli et Pierre Maillet

Chapitre 12 d’ A Low Life In High Heels
The Holly Woodlawn Story

Autobiographie inédite en France de Holly Woodlawn
 (écrite en collaboration avec Jeffrey Copeland)

Avec l’aimable autorisation de Pierre Maillet, Charles Bosson et Sugar Deli – Ce texte a servi de base au spectacle One Night With Holly Woodlawn ? de Pierre MailletHoward Hughes, Billy Jet Pilot, Luca Fiorello et Thomas Nicolle. En tournée la saison prochaine.

Crédit photo © DR et © Edwin Halter

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