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Le cœur cousu, Un conte sombre et onirique, une histoire de femmes

Sous les voutes de la salle ronde de la condition des soies, Laure Guillem fait vivre les héroïnes du Cœur cousu.

Des mots résonnent dans le silence. Ils frappent, cognent. Ils donnent vie à deux femmes, une fille et sa mère. Deux âmes perdues, brûlées, par le soleil de l’aride Espagne, se livrent nues, belles, sombres. Elles cherchent à exister, à vibrer. Blessées par désamour, qu’il soit marital ou maternel, elles errent à la recherche d’une once de bonheur. Passionnée par ce duo féminin que les hommes ont abîmé, Laure Guillem s’empare avec délicatesse de cette fresque familiale, de ce conte sombre, noir et signe une magnifique et émouvante adaptation du poétique et riche texte de Carole Martinez… Un voyage onirique à découvrir sans tarder !

Sous les sublimes voûtes de la salle ronde de la Condition des soies, une femme attend, assise face au public. Elle se lève, fait quelques pas. Tee-shirt blanc, pantalon noir, cheveux blonds comme les blés, coupés au carré, elle semble perdue dans ses pensées. La salle plonge dans le noir, une musique s’élève douce, sombre. Puis, les premiers mots sortent de la bouche de Soledad (lumineuse Stéphanie Vicat). Durs, tristes, ils résonnent contre les murs. Ils nous emportent loin d’Avignon, au cœur d’une Espagne archaïque, aride, terriblement sèche. Jeune femme que le destin à marquer dès sa naissance, elle se livre dans une longue litanie, elle raconte son histoire et celle de sa mère.

Coeur_Cousu_3_Avignon_©DR_@loeildoliv

Pas désirée, rejetée, elle se lance dans une quête vaine d’un amour à jamais perdu. Pas celui des hommes, mais celui de sa mère, la belle Frasquita. Femme douce, qui a reçu en héritage le don de la couture. Mère de plusieurs enfants, elle est jouée puis perdue par son mari dans un combat de coqs. Violée, abandonnée, elle erre enceinte avec sa marmaille dans Andalousie désertique, ravagée par les guerres.

Amoureuse d’un homme qui va prendre une balle perdue, elle va devoir se reconstruire et prendre son destin à bras le corps. Femme forte, Frasquita va se libérer de la domination des hommes, de leur violence, de leur emprise, en confectionnant des robes d’une rare beauté. Magicienne, elle assemble les tissus comme personne. Guérisseuse, elle apaise les âmes et recoud les corps. Seule sa dernière fille, celle qu’elle est incapable d’aimer, celle qu’elle a baptisé Soledad, rester en dehors de sa bienveillance. Belle, elle attire les regards, mais refuse les égards des hommes. Elle finit par accepter sans broncher sa destinée, son identité. Sa vie sera solitude. Pourtant entre les deux, la transmission se fera, sombre. L’art sera leur rédemption, leur échappatoire.

Coeur_Cousu_2_Avignon_©DR_@loeildoliv

Avec une fougue retenue, une passion brûlante, Véronique Vicat se glisse dans la peau de ces deux femmes, de ces deux conteuses. Elle vibre au diapason de leur corps et de leur âme. En s’appuyant sur le récit poétique et épique de Carole Martinez, Laure Guillem livre une vision transcendée de ces êtres blessés dans la chair par amour, de cette mère et de cette fille laissées sur le bord du chemin, qui sans jamais se résigner vont se battre pour vivre, survivre.

Bouleversante, La comédienne passe d’un personnage à l’autre. Tantôt Frasquita, tantôt Soledad, elle incarne ces deux femmes lumières avec justesse et authenticité. Elle nous embarque dans cette fable familiale sombre où le lyrisme des mots côtoie la force des émotions… Un moment ou le temps est suspendu à vivre sans retenue !…

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial d’Avignon


AFF_Coeur_Cousu_Avignon_@loeildoliv

Le cœur cousu de Carole Martinez
Festival OFF d’Avignon
Condition des soies
13, rue de la croix
84000 Avignon
Du 7 au 30 juillet 2016 à 13h30 – relâche le 18 juillet
Durée 1h30

Mise en scène et adaptation Laure Guillem
Avec Stéphanie Vicat

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