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La Vase ou l’étrange et déroutante mécanique des fluides

Au théâtre des Abbesses, Marguerite Bordat et Pierre Meunier mettent La Vase en ébullition

Dans un étonnant laboratoire, cinq comédiens-scientifiques s’interrogent sur les lois, les axiomes qui régissent le monde en manipulant la vase, une matière sale et putride. Questionnant la nature et la matière, Pierre Meunier et Marguerite Bordat se perdent dans une pièce informe et un marasme d’idées qui s’égare un brin dans une pantomime burlesque, une performance plastique qui laisse perplexe.

Quelle étrange et singulière expérience nous est proposée au Théâtre de la Ville ? Une plongée singulière dans un fluide kaki, une matière informe. Dans un espace clos par des plastiques, deux femmes et trois hommes se croisent, chuchotent et s’affairent. L’objet de toute leurs conversations, de toute leur attention est le liquide épais que contient l’immense cuve qui trône au centre de la pièce. Sorte de scientifiques fous, nos cinq comédiens s’amusent à manier cette vase qui colle à la peau, aux vêtements, mais qui n’adhère à aucune surface plane.

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Tentant de comprendre différentes théories philosophiques, nos chercheurs d’un soir imaginent mille et une expériences permettant de contraindre cette matière, de confronter leur avis, leur a priori, de tester leurs hypothèses. Rigolant d’un rien, pataugeant, s’immergeant dans cette vase gluante, collante, ils tentent tant bien que mal d’en tirer une dramaturgie, une pensée, une poésie. Malheureusement, tout cela semble n’aller nulle part, tourner court. Les mots et les gestes s’enlisent dans ce liquide épais, argileux.

S’intéressant aux éléments physiques, à leurs propriétés intrinsèques, après la roche et le métal, Marguerite Bordat et Pierre Meunier plongent avec une certaine gourmandise dans la vase cherchant à en démonter l’essence poétique, fantasmagorique. Si leur univers singulier frôlant le burlesque, l’absurde, déclenche des salves de rires chez une partie des spectateurs, elle laisse froid le reste de la salle. À vouloir absolument démontrer la nature propre de cette matière grise bouillonnante, les deux auteurs, metteurs en scène, ne font qu’esquiver un propos qui se perd dans ce corps malléable et informe.

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Faute d’un texte fort, d’une réflexion profonde, d’une rythmique soutenue, cette pièce à l’ambiance sonore inquiétante s’embourbe dans l’alluvion grisâtre qui lui sert de fil conducteur et a bien du mal à convaincre au long cours, et ce malgré l’engagement sans faille de la troupe de comédiens. Dommage !


La Vase de Marguerite Bordat et de Pierre Meunier
Théâtre de la Ville – Théâtre des Abbesses
31, rue des Abbesses
75018 Paris
Jusqu’au 18 janvier 2018
Du lundi au samedi à 20h30
Durée 1h30

conception & mise en scène de Marguerite Bordat & Pierre Meunier
son de Géraldine Foucault, Thierry Madiot & Hans Kunze
lumières de Bruno Goubert
chef vidangeur : Florian Méneret
avec Frédéric Kunze, Thomas Mardell, Pierre Meunier, Jeanne Mordoj, Muriel Valat

Crédit photos © Jean-Pierre Estournet

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