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La main de Leila, touchante bluette dans l’Algérie du FLN

Au théâtre des Béliers Avignon, laissez vous tenter et découvrir qui obtiendra La main de Leïla.

Dans une société sclérosée où les libertés sont asphyxiées, la fille d’un colonel et un doux rêveur, passionné de cinéma, vont s’aimer contre vents et marées. De leur écriture à quatre mains, vivante, vibrante, Aïda Asgharzadeh et Kamel Isker nous amènent à la découverte d’un pays meurtri au cœur d’une passion dévorante broyée par un système moribond. Du théâtre de tréteaux à la Michalik fort réussi !

À peine entré dans la salle le spectacle commence. Le fringant Samir (touchant Kamel Isker) se tient devant les portes du théâtre et nous invite pour un dinar à pénétrer dans le Haram cinéma, lieu clandestin, réservé aux hommes, où les films ne sont pas censurés par le FLN. Toutes les semaines, dans le plus grand secret, quelques habitants esseulés de Sidi Fares, un petit village situé non loin d’Alger, se retrouvent dans un garage pour écouter le jeune homme faire revivre les plus beaux baisers du 7ème art.

Un soir, une silhouette inconnue se glisse parmi les habitués. C’est la curieuse et rêveuse Leïla (lumineuse Aïda Asgharzadeh), la fille du colonel qui règne un maître sur la région, qui s’est grimée en garçon pour assister à une de ces séances cinématographiques magiques et envoûtantes. Démasquée par Samir, elle est séduite par son impétuosité, sa manière si singulière, si vibrante d’incarner les héros de films mythiques. Subjugué par le charme de la jeune femme, ce dernier en est aussitôt amoureux. Entre ces deux êtres rêvant de liberté dans un pays qui la bafoue, c’est le coup de foudre. C’est Humphrey Bogart et Ingrid Bergman dans Casablanca.

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Tout comme les séances de cinéma, leur amour grandit dans l’ombre, caché du monde. Il s’épanouit chaque nuit dans le plus grand secret. Rien ne semble pouvoir séparer les deux tourtereaux, ni le grondement du peuple qui ne supporte plus les privations que lui imposent le gouvernement, ni la peur d’être découverts par le père autoritaire de la jeune femme. Ils rêvent d’une vie meilleure, ailleurs, ils se laissent emporter dans le tourbillon des passions comme si leur vie était à l’instar de celle mythique, romantique des films que Samir conte, comme si rien d’autres n’exister autour d’eux. Mais la réalité du monde qui les entoure finit par les rattraper, les happer. À leur corps défendant, ils deviendront un symbole dans un pays déchiré par des guerres intestines.

De leur plume fraîche, contemporaine, Aïda Asgharzadeh et Kamel Isker signe une pièce virevoltante sur l’amour passion, sur une Algérie au bord de l’explosion. De leurs quatre mains, ils esquissent le portrait d’un pays à feu et à sang, d’une société oppressée, révoltée. La mise en scène tournoyante de Régis Vallée, qui n’est pas sans rappeler celle de son ami et complice Alexis Michalik, souligne cette urgence, ce besoin de vivre le moment présent, dans l’urgence, sans penser au lendemain.

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Véritable spectacle de tréteaux, où le décor, fait de bric et de broc, se monte et se démonte à vue, cette Main de Leïla séduit par sa vivacité, son humanité, par le jeu intense et vibrant des trois comédiens. Kamel Isker campe avec ferveur ce jeune homme rêveur, fougueux, amoureux. Aïda Asgharzadeh donne à son personnage une lumière, une intensité singulière qui charme, ensorcelle. Enfin, Azize Kabouche se glisse avec virtuosité dans tous les personnages qu’il interprète. Espiègle en grand-mère, légèrement gâteuse mais terriblement lucide, Ténébreux en père absent se rêvant acteur hollywoodien, il fait peur quand, enfin, il se glisse dans la peau du père despotique, cruel de la belle.

Un seul conseil, laissez vous tenter par ce Roméo et Juliette version algérienne, vous serez conquis, c’est garanti !

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


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La main de Leïla d’Aïda Asgharzadeh et de Kamel Isker
Festival d’Avignon le OFF
Théâtre des Béliers
53, rue du Portail Magnanen
84000 Avignon
jusq’au 30 juillet 2017
tous les jours à 17h45, relâches les 13, 20, 27 juillet 2017 et séances supplémentaires à 10h3 0
les 14, 21 & 28 juillet 2017
durée 1h20

Festival d’Avignon le OFF
Théâtre des Béliers
53, rue du Portail Magnanen
84000 Avignon
jusq’au 30 juillet 2017
tous les jours à 17h45, relâches les 13, 20, 27 juillet 2017 et séances supplémentaires à 10h3 0les 14, 21 & 28 juillet 2017
durée 1h20

mise en scène de Régis Vallée
Scénographie de Philippe Jasko
avec Aïda Asgharzadeh, Kamel Isker, Azize Kabouche
costumes de Marion Rebmann
musique de Manuel Peskine
lumières d’Aleth Depeyre

Crédit Photo © Lisa Lesourd

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