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Vincent Lacoste, jeune interne dans Hippocrate © 31 juin films

Hippocrate ou l’envers du décor

Entre docu-fiction et comédie douce-amère, Hippocrate vous plonge dans une vision hyper-réaliste du monde hospitalier Synopsis : Benjamin va devenir un grand médecin, il en est certain. Mais pour son premier stage d’interne dans le service de son père, rien ne se passe comme prévu. La pratique se révèle plus rude que la théorie : la responsabilité est écrasante, son père est aux abonnés absents et son co-interne, Abdel, est un médecin étranger plus expérimenté que lui. Benjamin va se trouver brutalement confronté à ses limites, à ses peurs, à celles de ses patients, aux familles, aux autres médecins, et

hippocrate-le-film_@loeildolivEntre docu-fiction et comédie douce-amère, Hippocrate vous plonge dans une vision hyper-réaliste du monde hospitalier

Synopsis : Benjamin va devenir un grand médecin, il en est certain. Mais pour son premier stage d’interne dans le service de son père, rien ne se passe comme prévu. La pratique se révèle plus rude que la théorie : la responsabilité est écrasante, son père est aux abonnés absents et son co-interne, Abdel, est un médecin étranger plus expérimenté que lui. Benjamin va se trouver brutalement confronté à ses limites, à ses peurs, à celles de ses patients, aux familles, aux autres médecins, et au personnel. Son initiation commence.

La critique : Après les Yeux bandés en 2008, un polar à la Française de belle facture, Thomas Litli revient dans les salles obscures avec un film sur ses premières amours : la médecine. Dans Hippocrate, il passe de l’autre côté du décor et montre un hôpital public à bout de souffle et en très mauvais état. Dès les premières images de ce docu-fiction, le ton est donné. Loin de l’univers aseptisé et glamour des séries télé, telles Urgences ou Dr House, on retrouve Benjamin, 23 ans, fils d’un mandarin réputé, lui-même interne en première année, errant dans les dédales délabrés et vétustes des sous- sols de l’hôpital, à la recherche de la laverie. Chouchou du service où il décide de faire ses premières armes et pour cause, le grand patron n’est autre que son père, notre médecin en goguette va être confronté à une réalité crue et violente. Débute alors un parcours initiatique qui va ébranler ses convictions les plus profondes et mettre à mal sa foi en lui-même. Très vite, le doute va faire place à l’ambition. La peur de décevoir son père et de ne pas être à la hauteur vont devenir plus prégnants. L’héritier présomptif « sûr de lui » va laisser place à un nouvel homme plus mature, plus humain, et plus ouvert sur les autres et sur le monde qui l’entoure.

Grâce à une mise en scène sobre et des acteurs au diapason, le réalisateur livre une vision ultra-réaliste d’un hôpital en faillite où les restrictions budgétaires ont pris le pas sur la santé des patients. Le manque de place, de communication et de personnel, mais aussi le matériel vieillot et défectueux, finissent par être les véritables décisionnaires des choix thérapeutiques. C’est à cet univers désenchanté où se débattent tant bien que mal des médecins et des infirmiers(ères) ayant encore la foi en leur métier, que notre jeune interne est confronté. Comme le dit si bien son binôme et mentor, Abdel, le personnage interprété si justement par Reda Kateb « Médecin, ce n’est pas un métier, c’est une malédiction. »

Parfois cocasse (l’aide-soignant préférant regarder une série à la télé plutôt qu’aider l’infirmière), parfois triste (la mort d’un patient), et parfois douloureuse (une patiente âgée qui n’attend plus rien de la vie et qu’on réanime à tort), les situations s’enchaînent, restant parfaitement crédibles et réalistes. C’est d’ailleurs dans cette succession de saynètes, manquant de liant, que le long métrage de Thomas Lilti perd de son éclat, faisant plus songer à un téléfilm de très bonne facture qu’à une fiction de cinéma. Le tout est heureusement relevé par un casting de haut vol : Jacques Gamblin, parfait en mandarin humain mais totalement déconnecté de la réalité, Reda Kateb, agaçant, puis touchant dans ce rôle de médecin étranger qui n’a d’autre choix que réussir et être irréprochable s’il veut exercer en France, et Vincent Lacoste, campant un personnage aux multiples facettes qui lui permettent de dévoiler son talent. Ces 3 artistes sont épaulés par de très bons seconds rôles.

N’attendez pas d’ordonnance pour comprendre de quoi souffre l’hôpital public : une consultation dans les salles obscures s’impose.

Réalisé par Thomas Lilti
Avec Vincent Lacoste, Reda Kateb et Jacques Gamblin
Comédie Dramatique

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