Couv_Darius_Celarie_©Lisa Lesourd_@loeildoliv

Clémentine Célarié, mère combattante dans Darius

Clémentine Célarié joue actuellement dans Darius à la comédie des Champs-Elysées.

De retour sur les planches parisiennes, Clémentine Célarié reprend son rôle de mère, prête à tous les sacrifices pour offrir, à son fils Darius malade, de magnifiques et derniers souvenirs olfactifs. En compagnie de Dominique Pinon, elle fait vibrer le très sensible texte de Jean-Benoît Patricot à la Comédie des Champs-Élysées. Rencontre avec une actrice impulsive et engagée.

Crinière rousse au vent, visage avenant, souriant, la comédienne nous a donné rendez-vous à Neuilly-sur-Seine, non loin du siège d’un grand groupe de radio, où elle vient de donner une interview. Joviale et généreuse, elle se pose un temps, puis fait connaissance avant d’aborder le sujet qui nous réunit sous ce soleil de plomb, Darius, qu’elle reprend cet été pour une trentaine de représentations exceptionnelles à Paris.

Qu’est-ce qui vous a plu dans la pièce de Jean-Benoît Patricot ?

Clémentine Célarié : Avant tout, c’est le rôle de cette femme qui se bat pour quelque chose d’impossible. C’est très beau de partir juste de cette idée-là. C’est une vraie aventure, c’est dingue et tellement original. Je n’ai jamais eu de rôle aussi fort, aussi exigeant. C’est véritable hors du commun et singulier. Je me souviens quand j’ai lu le texte, j’ai tout de suite été captivée, transportée. Je trouve l’écriture de Jean-Benoît (Patricot), très belle, émouvante et simple à la fois. Elle a cette profondeur poétique et cette force élégante de nous toucher, sans jamais tomber dans le pathos ou le larmoyant. Il rend beau ce qui, au vu, du système, de la société, ne l’est pas forcément. Par ailleurs, à chaque mot, chaque évocation d’une odeur, on a l’impression de la sentir, de capturer une émanation, une idée qui n’est pas palpable. Au-delà de cela, la démarche de cette mère d’écrire à un parfumeur pour permettre à son fils malade d’être juste heureux, c’est tellement improbable et fascinant. Je ne pouvais pas passer à côté. C’était impossible. À chaque représentation, chaque répétition, je me glisse dans la peau de cette maman, un peu folle, éperdument courageuse, je m’approprie son histoire.

Comment avez-vous appréhendé ce rôle ?

Aux côtés de Dominique Pinon, Clémentine Célarié reprend son rôle de mère courage dans la très belle pièce de Patricot © Lisa Lesourd

Clémentine Célarié : J’ai rencontré une femme dont l’enfant est atteint du syndrome de Charge, comme c’est le cas de Darius dans la pièce. C’était passionnant, d’autant qu’après avoir vu une représentation, elle est venue me féliciter d’avoir trouvé le ton juste. L’important était de ne surtout pas s’apitoyer sur ce que vit mon personnage, cela n’aurait pas été respectueux pour ces gens qui combattent ou aider à combattre une maladie au quotidien. Évidemment que c’est dur pour eux, mais ils font tout pour le cacher, ce n’est donc pas à nous de les maintenir la tête sous l’eau. Nous sommes là, je crois, au contraire pour les soutenir. Comme toute mère, celle de Darius est heureuse quand lui-même est heureux. Au fond, et c’est toute la force de ce spectacle, c’est une ode à la vie. J’ai aussi rencontré un parfumeur Blaise Mautin, grâce à Jérôme Foucher, mon producteur. C’est un homme passionné, qui conçoit des fragrances hallucinantes. Il a d’ailleurs après une représentation créé un parfum Darius, que l’on diffusait tous les soirs dans la salle au théâtre des Mathurins.

Est-ce que le changement d’acteur a modifié la mise en scène ?

Clémentine Célarié : C’est exactement la même chose. Nous avons gardé la même trame. Bien sûr que Dominique (Pinon) est différent de Pierre (Cassignard). Il apporte autre chose, une couleur particulière au personnage du parfumeur. Mais l’intensité de jeu est identique. C’était primordial que l’interprétation reste concernée, affectée. Je crois qu’on ne peut pas jouer dans une pièce de cette puissance émotionnelle sans s’y jeter à corps perdu. Il faut être à fond.

Vos derniers rôles sont des femmes entières qui vont jusqu’au bout de leurs combats, de leurs désirs sans se soucier des conséquences, est-ce une volonté de votre part ?

Darius_Celarie_Pinon_3_©Lisa Lesourd_@loeildoliv

Clémentine Célarié : Clairement, je suis attirée par ces personnages qui se vouent à une cause perdue, impossible. Dans Darius, ce qui semble absolument irréalisable le devient presque grâce au parfumeur, qui va changer la vie de cette mère et de son enfant. Dans Sur la route de Madison, pareil, l’amour chimérique entre deux êtres qui ne sont pas censés avoir de relation se concrétise. C’est au-delà du terrestre. Les quatre jours où ils sont ensemble, c’est pour l’un comme pour l’autre toute une vie. C’est dingue et géant. Ce sont deux grands rôles qui me touchent. J’ai envie de cette densité, de jouer ces personnages fragiles et forts à la fois. Le fond est devenu plus important pour moi que la forme. Je veux faire des choses belles, pas forcément parce que cela va « cartonner ».

Quels sont vos projets à la rentrée ?

Clémentine Célarié : On reprend, en tournée de septembre à fin janvier, Sur la route de Madison. Après le très bel Avignon que nous avions fait l’année dernière avec cette histoire d’amour hors-norme et le retour très positif et touchant du public, c’est un plaisir de me glisser dans le rôle de Francesca. C’est Aurélien Recoing qui me rejoint dans cette aventure, remaniée quelque peu par Dominique Guillo. En février 2019, je remonterai sur les planches de la Comédie des Champs-Élysées pour interpréter Madame de Merteuil dans Les Liaisons dangereuses, mises en scène par Arnaud Denis. En parallèle, sur les écrans de cinéma, sortira le 3 octobre En mille morceaux, un long-métrage de Valérie Mériadec. C’est un film fort, un huis clos dingue, noir où je joue le rôle d’une mère qui rencontre vingt-cinq ans plus tard le meurtrier de son fils, campé par Serge Rabioukine.

Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


Darius_Celarie_Pinon_2_©Lisa Lesourd_@loeildoliv

Darius de Jean-Benoît Patricot
Comédie des Champs-Elysées
15 Avenue Montaigne
75008 Paris
à partir du 23 juin 2018
Du mardi au samedi à 20Hh30 et le dimanche à 16h.
durée : 1h20

Mise en scène Anne Bouvier
Avec Clémentine Célarié et Dominique Pinon
Scénographe-plasticienne Emmanuelle Roy
Musique Raphaël Sanchez
Lumières Denis Koransky

Crédit photos © Lisa Lesourd

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