Allegria, le poème hip-hop et joyeux de Kader Attou

A Chaillot, les huit danseurs de Kader Attou mettent le feu.

A Chaillot, le directeur du centre chorégraphique national de la Rochelle fait danser le monde, raconte ses fêlures, ses tensions dans un conte chorégraphique plein de grâce où se mêle, mouvement hip-hop, musique classique et onirisme enchanté. Portée par huit danseurs magnétiques, Allegria est une ode à la vie, une bulle d’énergie débordante. 

Un immense voile noir cache l’arrière de la scène. A l’avant, un voyageur s’avance avec une valise de métal. Objet de toutes les convoitises, de tous les fantasmes, elle attire le regard. Tout le monde rêve de s’en emparer, de récupérer ce précieux bien. Commence alors un ballet où l’écriture chorégraphique emprunte au combat ses principaux gestes. Jouant des ralentis, accentuant la légèreté des mouvements, la lutte devient ballet.

Le prologue touche à sa fin, le voilage s’envole laissant place à un espace blanc, vide, un lieu de tous les possibles. Reprenant les thèmes chers à son cœur, Kader Attou esquisse une autre histoire du monde. Sans pour autant laisser de côté la gravité, les horreurs d’une humanité à la dérive, il dépasse le côté sombre de l’exil, des migrations, de l’individualisme, du désastre écologiques pour en extirper une matière lumineuse née de l’entraide, de l’union entre les êtres. 

Sur scène, les huit danseurs s’en donnent à cœur joie. Il n’y a qu’à voir leur sourire éclairé leur visage pour voir le plaisir indicible de danser, de donner vie à l’écriture ciselée de Kader Attou. S’appuyant sur des arias d’opéra, des morceaux de musiques classiques, ils virevoltent, envahissent la scène. Passant du burlesque – on rit beaucoup – au tragique, des tableaux d’une rare intensité à des scènes plus enlevées, des éclairages rouges, bleus ou blancs crus, le chorégraphe décline toute la palette de la danse Hip-Hop, lui offre un écrin puissant pour qu’elle s’exprime impétueuse, lyrique en toute liberté. 

Sculptant les gestes de sa plume précise, Kader Attou entraîne ses huit danseurs – Gaetan Alin,Khalil Chabouni, Jackson Ntcham, Mehdi Ouachek, Artem Orlov, Sulian Rios, Hugo De Vathaire &Maxime Vicente – dans une danse folle, furieuse, fougueuse. Enchaînant les pirouettes, les saltos, les courses, bouillonnant d’énergie, ils hypnotisent le public, l’ensorcèlent. La technique est parfaite, mais c’est surtout l’interprétation qui fascine, bouleverse. Tous animés par la même force, ils rivalisent de virtuosité. Tous différents, tous épatants, ils impriment à leurs gestes, leur singularité. 

Allegria est, certes, loin de la beauté animale, de la force saisissante de the Roots, mais il se dégage de cette dernière création de Kader Attou, une joie de vivre, une liesse jubilatoire qui met du baume au cœur. 

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


Allegria de Kader Attou
Théâtre national de danse de Chaillot
1 place du Trocadéro
75016 Paris 
Jusqu’au 5 décembre 2019 
Durée 1h10

Tournée 
le 17 décembre 2019 à La Garance – Scène nationale de Cavaillon
les 12 et 13 février 2020 au Corum de Montpellier
le 29 février 2020 au théâtre de Saint-Maur
le 10 Avril 2020 au Toboggan à Décines

direction artistique, dramaturgie et chorégraphie de Kader Attou assisté de Mehdi Ouachek
scénographie de Camille Duchemin en collaboration avec Kader Attou  
musique de Régis Baillet – Diaphane  
lumières de Fabrice Crouzet
avec Gaetan Alin, Khalil Chabouni, Jackson Ntcham, Mehdi Ouachek, Artem Orlov, Sulian Rios, Hugo De Vathaire, Maxime Vicente

Crédit photos © Justine Jugnet, © Pierre Meunié, © Mirabel White

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