Joséphine B. de Xavier Durringer. Clarisse Caplan et Thomas Armand. La scène parisienne. © Pascal Gely

Joséphine Baker sous le regard passionné de Xavier Durringer

A la Scène Parisienne, Xavier Durringer revient au théâtre avec une pièce musicale consacrée à Joséphine Baker.

A la Scène Parisienne, Xavier Durringer revient au théâtre avec une pièce musicale consacrée à Joséphine Baker. Figure marquante du XXe siècle, elle bouleversa, par son talent et ses origines, les codes de notre société et contribua à l’émancipation des noirs et des femmes. Un très bel hommage, qui en cette folle période, met du baume au cœur.

Sa frimousse, bouille de clown qui laissa place à une beauté envoûtante, sa manière de se déhancher au son du jazz, sont célèbres dans le monde entier. Xavier Durringer nous raconte le parcours étonnant de cette petite fille pauvre de Saint-Louis devenue une star mondiale. 

La sacrée histoire d’un petit bout de bonne femme
Joséphine B. de Xavier Durringer. Clarisse Caplan et Thomas Armand. La scène parisienne. © Pascal Gely

A travers son histoire, c’est celle du XXe siècle, celle des États-Unis de la ségrégation, l’histoire de la France, les années folles, la Seconde Guerre Mondiale, la lutte contre le racisme, que l’on traverse. C’est aussi l’histoire d’une femme, qui a été mise au service de bourgeois alors qu’elle n’était qu’une enfant, qui pour fuir la pauvreté fut mariée à 13 ans, puis s’est remariée à 15 ans pour fuir de nouveau la misère et devenir ce qu’elle avait toujours rêvé d’être, artiste. Une gamine qui arriva à Paris en 1920 avec la revue nègre et devint une déesse noire qui fit danser le tout-Paris. Une femme qui s’empara de la mode, souvent en avance sur son temps, pour briller de mille feux. Une femme libérée qui aima autant les hommes que les femmes. Une citoyenne engagée, qui se lança dans la résistance, qui refusant le racisme adopta une tribu d’enfants arc-en-ciel et se trouva au côté de Martin Luther King le jour de la fameuse marche. Une femme libre, une icône inoubliable.

Un portrait kaléidoscopique 

En 10 tableaux chorégraphiés et quelques chansons, Xavier Durringer fouille dans la chronologie pour mieux faire entendre ce qui a contribué à la construction de Joséphine Baker, une des premières grandes vedettes noires. Echappant au récit linéaire, il nous promène à coups de retour en arrière dans son enfance, sa carrière, ses prises de position. Cela fonctionne très bien, on ne se perd jamais. Dans un style rythmé qui sied bien à ceux qui ont bercé les débuts de la carrière de Joséphine, son écriture est des plus efficaces. Sa mise en scène l’est tout autant. Là aussi tout file comme un pas de danse entre les changements d’époques, de lieux, d’atmosphères. La scénographie est formidable, comme les costumes, montrant qu’avec peu d’éléments on peut montrer beaucoup de choses et nous faire voyager.

Thomas Armand, l’homme-orchestre

Sur scène ils ne sont que deux et pourtant, si nombreux ! Thomas Armand y est pour beaucoup, car, à lui tout seul, il incarne tout l’entourage de Joséphine. Cet artiste, qui possède un beau charisme, est une révélation, il joue, chante et danse avec un immense talent. Et quand on pense que ce sont ses premiers pas sur scène, on se dit qu’il est appelé à une belle carrière. Son interprétation du fameux J’ai deux amours ! est sublime. 

Clarisse Caplan double de Joséphine B. 

Clarisse Caplan est l’incarnation même de Joséphine. D’ailleurs, c’est en remarquant cette ressemblance, que Durringer a écrit ce spectacle expressément pour elle. Jouant de ses similitudes physiques et de son tempérament, Clarisse Caplan passe de l’enfance à la vieillesse, de la pauvreté à la gloire, du rire à l’émotion avec une belle virtuosité. Cette comédienne de toute beauté s’est jetée corps et âme dans ce personnage haut en couleur qui n’avait pas sa langue dans la poche, un cœur en or et rêves par milliers. Telle une princesse Tam-Tam, elle se meut avec la souplesse d’un guépard sur les rythmes endiablés du Charleston. Quant au morceau final, je vous jure, il vous donne la banane ! 

Marie-Céline Nivière

Joséphine B. de Xavier Durringer. Clarisse Caplan et Thomas Armand. La scène parisienne. © Pascal Gely

Joséphine B. de Xavier Durringer
La scène parisienne
34, rue Richer
75009 Paris
Jusqu’au 3 janvier 2020
du jeudi au samedi à 19h, dimanche à 16h
Durée 1h10

Mise en scène Xavier Durringer assisté d’Emma Bazin et Constanc Ponti
Avec Clarisse Caplan et Thomas Armand
Chorégraphie de Florence Lavie
Scénographie et lumières d’Orazio Trotta
Costumes de Jürgen Doering

Crédit photos © Pascal Gély

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