Un marivaudage diantrement bien ficelé par Catherine Hiegel

Au Porte-Saint-Martin, Catherine Hiegel signe un Marivaux plaisant où brillent sans partage les étoiles de Laure Calamy et Vincent Dedienne.

Ça badine pas mal à Paris. Dans un jeu de chassé-croisé amoureux des plus délectables, damoiselles et damoiseaux s’amusent, se charment et se séduisent. S’emparant de la plus célèbre pièce de Marivaux, Catherine Hiegel nous entraîne dans un pas de deux plaisant sans pour autant révolutionner le genre et signe un divertissement délectable où brillent sans partage les étoiles de Laure Calamy et Vincent Dedienne.

Que faire quand son noble et adorable père (malicieux Alain Pralon) décide de donner sa main à un parfait inconnu ? Tout simplement imaginer un diabolique stratagème, se faire passer pour son effrontée suivante (lumineuse Laure Calamy), le temps d’observer son promis. C’est l’idée farfelue, un brin perverse, qui germe dans le tourmenté et romantique esprit de la belle Sylvia (charmante Clotilde Hesme). À ce jeu des faux-semblants, il se pourrait bien que l’adorable marquise soit prise à son propre piège. 

En effet, tout aussi inquiet quant au caractère, aux vertus de sa future épousée, le trop fiévreux Dorante (emprunté Nicolas Maury) décide de se glisser dans la peau de son grand-guignolesque valet (époustouflant Vincent Dedienne), qui devra quant à lui jouer les maîtres. À un rythme effréné, les quiproquos, les malentendus s’enchaînent prenant nos protagonistes aux ruses de la passion. Au-delà des apparences et de la raison, l’amour triomphe et les cœurs s’unissent parfaitement.

Le verbe est haut, drôle. La plume ciselée, vive. S’amusant des comportements sociaux de son temps, Marivaux signe une farce savoureuse, ingénue qui brocarde gentiment le mariage grand siècle qui tient plus du marchandage que de l’amour, et donne la part belle à un sage libertinage. Dans un sublime décor signé Goury rappelant quelques châteaux baroques d’antan, Catherine Hiegel s’empare joliment de la langue du XVIIIe siècle et signe une mise en scène classique très efficace. Si l’on peut regretter le manque d’audace de l’ensemble, ce Jeu de l’amour et du hasard remplit parfaitement son rôle de divertissement léger et désopilant et permet de faire entendre dans son jus cette comédie sucrée et pétillante. 

Bien que le couple Clotilde Hesme et Nicolas Maury peine à convaincre malgré un jeu de belle facture, on est totalement sous le charme des facéties du duo virtuoseLaure Calamy et Vincent Dedienne. En zone de confort, les deux comédiens s’en donnent à cœur joie. Chacun par ses gestes, ses répliques déclenche l’hilarité de la salle. Comment ne pas succomber au rire tonitruant de l’une, au sourire ravageur de l’autre ? Alain Pralon et Cyrille Thouvenin ne sont pas en reste. Tout deux parfaits dans leur rôle d’observateurs amusés. 

Laissez vous donc emporter sur cette carte du Tendre un brin brouillée et venez rire à gorge déployée au théâtre de la Porte-Saint-Martin. Amusement garanti ! 

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Attitude Luxe

Le jeu de l’amour et du hasard de Marivaux
Théâtre de la Porte Saint-Martin
18, Boulevard Saint-Martin
75010 Paris
jusqu’au 31 mars 2018
du mardi au vendredi à 20h, samedi à 17h et 20h30 et dimanche à 16h
Durée 1h45

Mise en scène Catherine Hiegel assistée de Marie-Edith Roussillon
Avec Laure Calamy, Vincent Dedienne, Clotilde Hesme, Nicolas Maury, Alain Pralon, Cyrille Thouvenin.
Décors de Goury.
Costumes de Renato Blanchi
Lumières de Dominique Borrini
Chorégraphie de Cécile Bon

Crédit photo © Pascal Victor

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